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theatre - Page 8

  • Voulez vous jouer avec Dora?

    Dora dérange. Idiote et sexuée. En cela libre, confiante. Confiante en les mots, en tous les mots qu'elle croit, trop crus quand elle les repête, ne sachant comment les digérer. Ces mots, Dora les renvoie tels quels aux autres autour d'elle, s'y engageant entière corps et gestes. Ébranlant les hypocrisies de tous. Nature contre culture (second round)? Dora montre ce qu'il est convenable de cacher. Sans le savoir ainsi se conduit comme quand aux spectateurs l'on montre du théatre...

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    Dora est simple. Le "monsieur délicat" en abuse. De cet abus même, Dora jouit, se construit. D'où nait la pire des violences? De cet acte, ou dans la prison de bonnes intentions qu'autour de Dora ses protecteurs construisent? Sur le chemin de la mise en scène qui mène des personnages aux spectateurs, de cette violence l'insupportable nous est atténué. En clin d'oeils et sourires entendus, par un jeu à la fois chaud et léger, remarquable de subtilité. Cette violence est abritée par un humour froid, détourné sur des mannequins, qui prennent les coups en corps muets, mais sa portée n'est éludée en rien. Sans tapage ni facilité, sans tomber dans le piège de la dramatisation, malgré tout ce qui pourrait s'y préter: viol, avortement, médicalisation... L'approche est paradoxale,mais d'une troublante efficacité, jusqu'à susciter un rire blanc. Dora en ange passe, une case en moins. Autour d'elle, les trois acteurs s'échangent les rôles et les costumes, comme si le monde entier à ses yeux était flou. Tous les hommes- père, patron,médecin,amant..- interchangeables et objets égaux de son désir incorrect. Mais tous se defient de ces élans, tous d'une gentillesse presque jamais prise en défaut, d'une implacable tolérance. Laissant à Dora le choix, mais dans les apparences. La condammant à décider ce qu'elle ne peut comprendre. Et ne font pas de Dora une simple victime, ce qui serait trop caricatural. Dans ce jeu de société les bornes sont invisibles, le contrôle mou. Qu'y vaut la liberté, la différence? Encore par éclats, avant d'être castrée, Dora baise et danse, exulte déglinguée. Mais incertaine. La douleur cachée en dedans, qui déborde par instants. Les mannequins autour d'elle évoquent alors des corps morts, et les boites des cercueils. C'est fort, posé, acide, émouvant.

     

    C'était Les Névroses sexuelles de nos Parents  de Lukas Barfuss, mis en scène par Hauke Lanz, avec Frédéric Leidgens, Pierre Maillet, Murielle Martinelli, Laure Wolf. Au Théatre Paris Villette.

    Jusqu'au 14 mars.

    Guy

    Tous les jeudis, à 21H, les internautes interagissent avec le metteur en scène et les comédiens, pour un jeu dramaturgique sur scène et en ligne, sur http://www.lesnevrosessexuellesdenosparents-etvous.fr/ 

    Photos par Fred Khin, avec l'aimable autorisation du théatre Paris Villette

  • Les mots au pinceau de Mark Crick

    Elle est debout. Elle regarde. Elle regarde l'évier, le robinet. Il s'avance vers elle. Elle le regarde venir. Elle regarde le robinet(...) Homme,femme,robinet. L'homme s'avance. Il ouvre le robinet. (...) Alors il lui montre le joint, devasté, le ravage du temps, l'effet du calcaire, la pression crée par le robinet toujours serré, se battant pour retenir le flot, le courant. l'accumulation brutale de la force. Alors elle comprend. Et elle se retient de pleurer.(1)

    Est-ce du Duras, ou le récit d'un robinet qui fuit ? Les deux à la fois, réunis en un irréstible détournement par Mark Crick. Rencontre bienvenue: on est heureux que la littérature pour un soir oublie un peu de se prendre au sérieux. Et d'entendre l'esprit de Ramond Queneau  souffler à nouveau, avec ces exercices de style. Qui sont contraints sous la forme d'histoires de bricolage, certaines à hurler de rirer. Voire, cette seule heure lue vaut bien des leçons de critique littéraire: on croit tout comprendre de l'existentialisme de Sartre confronté à la matière accumulée dans le siphon de l'évier, des moites émois d'Ainais Nin carressant les poils humides du pinceaux, de l'humble humanisme d'Hemingway décrivant le labeur du vieux poseur de papier peint. Et avec Beckett, plutôt que de vraiment bricoler, on attend....

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    Le rapprochement fait sens, à la réflexion. Il y a entre écriture et bricolage plus d'un point commun: à l'oeuvre beaucoup de pragmatisme, énormement de persevérance, d'essais et d'erreurs, au service d'un peu de génie. Un travail toujours en cours, comme celui ce soir des comédiens en arrière plan, affairés à peindre, fixer et poser.... Devant, les lectures donnent voix et vies aux textes, avec mesure et drôlerie. Ce travail est tout en justesse, évite un jeu trop ostensible, pour permettre avec les auteurs pastichés des rencontres complices. Commes autant d'hommages.

    C'était la lecture d'extraits de "La Baignoire de Goethe" de Mark Crick, mis en scène par Brice Cauvin, avec Laurence Roy, Marie-Christine Barrault, Anne Malraux, Arnaud Denis, Laurent Malraux, Joaquim Latzko, et Jean Marie Wilson au saxophone. Au théatre La Pépinière.

    "La Baignoire de Goethe" de Mark Crick est paru aux éditions Baker Street.
    (1) Les extraits du texte cité ici ont été traduits de l'anglais par Eliette Abécassis.
    Dédicace et lecture: le jeudi 19 février 2009 à 18 heures, à la librairie Les Cahiers de Colette, 23/25 rue Rambuteau 75004 PARIS – 01 42 72 95 06  Métro(s) RAMBUTEAU-HOTEL DE VILLE Annonce jeudi 19 fevrier
  • A Court de Forme: no limits

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    Cette semaine, on s'aventure aux limites. Et c'est peu dire. Pour les abattre à coup de mots, à coups de pieds. Acmé en un discours rageur et politique qui ne s'embarrasse plus de fiction. Révolte, lumières, micros, c'est tout. Tabula rasa, sans regret. Après deux semaines d'attentats furieux le théâtre est à bas. Akun n'avait servi que de répétition. Coup de grâce, tout se précipite au crépuscule, pour ouvrir sur des lendemains audacieux et incertains.. Mais il faut avant en passer-en quatre parties et un peu plus- par la mort du théâtre. Voire la mort tout court, en toile de fond, en obsession. Même les complaintes du Moony band sonnent soudain plus lugubres. Une actrice se prête au jeu d'une interview faussement convenue, mais se désagrège en mouvements et répétitions circulaires, jusqu'à la décomposition de son insignifiance. Terrible lucidité: tout se joue en vain, tête de mort à la main. Avec des paroles affolées se déconstruit un langage hagard. Qui ne peut plus rien, distrait un moment par un slow hypnotique, puis perdu jusqu'aux mimiques, réduit aux gesticulations du désir. A voir la mort en face, tout touche au vif. Karelle Prugnaud et Eugène Durif ne font plus de théâtre, mais une "ciné performance". Qui déborde baroque et impudique dans le hall du théâtre. Puis se dédouble sur scène et sur l'écran, Diane erre mais ailes au dos en une danse déglinguée. Actéon doit être dévoré, Le spectateur-voyeur lui survit, mais sérieusement secoué. Jusqu'au final de la soirée, une profession de foi de stoïcisme qui remet la possibilité-même du spectacle en question: "Jouir c'est renoncer à la représentation, être sans visage c'est renoncer à la reconnaissance..."

    Aprés ?

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    C'était Ce qui peut coûter la tête à quelqu'un, de Stéphane Auvray-Nauroy avec Aurélia Arto et Jumien Kosellek, Memento Mori (Vanité 1) de Guillaume Clayssen avec Aurélia Arto, Frederik Hufnagel, Mélanie Menu, Paroles Affolées de Sophie Mourousi avec Mathilde Lecarpentier et Julien Varin, La Brûlure du Regard , texte d' Eugène Durif mise en scène de Karelle Prugnaud avec Elisa Benslimane, Cécile Chatignoux, Anna Gorensztejn, Mélanie Menu, Karelle Prugnaud. A L'étoile du Nord, avec A court de Forme. Jusqu'à samedi, aprés c'est fini!

    Guy

    photos de Nicolas Grandi, avec l'aimable autorisation de L'étoile du Nord

  • Blanche Neige: Le cas Barker

    Est elle jumelle de la reine Gertrude, cette (méchante?) reine de Blanche Neige?

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    Un même goût pour les belles chaussures, une même quarantaine prête à s'exhiber, les mêmes manifestations d'un appétit sexuel, que ni roi ni bûcheron ni princes étrangers- père et fils- ne semblent pouvoir rassasier, la même fertilité inopinée... Mais cette reine de Grimm règne d'une séduction très glacée. Le pouvoir de la frigidité? Habillée robe bleu turquoise, démarche sophistiquée-qui évoque celle l'extra terrestre choucroutée du film de Tim Burton. On la verrait plutôt comme une obsédée du contrôle absolu, contrôle d'elle-même en objet figé et parfait, contrôle par cris supposés feints des mâles alentour. Où est-elle elle-même dépassée, victime? On ne sait, mais le résultat pétrifie: la fixité de son regard est l'aimant autour duquel se polarise la pièce. Les miroirs s'en brisent d'effroi.

    Soumise son attraction, ténanisée jusqu'au rire nerveux: Blanche Neige. En robe rouge primaire, avec autant de mal à exister qu'Hamlet. Et bien du mal à rivaliser en féminité, s'offre nue mais en vain au bûcheron. Une seule option: la fugue. Faire les 400 coups avec sept étrangers dans la forêt. La surenchère mimétique a ses limites: le jeune ventre se refuse à s'arrondir. Quant aux hommes, ils paraissent dérisoires confrontés aux forces et rivalités féminines. Le roi aussi éperdu comme Claudius ne sait réagir que par pleurs et supplices. Les apparences du pouvoir sont à ce prix. Tous succombaient autour de Gertrude, ici pour que Blanche Neige puisse grandir, il faut que la reine accepte de mourir. Plus ou moins métaphoriquement...vieillir tout au moins? Ou danser chaussures chauffées à blanc aux pieds, punie par où elle a péchée? Il faut souffrir pour être belle...

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    Les personnages de Barker, débarqués des mythes, s'efforcent à haute voix de se définir, étonnés d'y parvenir par bribes. Tout le reste, tout ce qu'on vient ou ce que l'on pourrait écrire n'est que suppositions. Le théâtre de Barker ne se soucie ni de morale ni d'explicite. Il pose sans supposer, nous laisse juste ressentir que le monde est aussi cruel et bouleversé de luttes souterraines que tel il le dessine. Il faut toute l'élégance de la mise en scène de Maragnani pour garder un peu à distance cette cruauté, par lignes claires et contrastes colorés, avec un jeu acidulé, aussi grinçant que le crissement des talons sur le gravier. Un peu froid, pince-sans-rire et admirablement contrôlé.

    C'était Le Cas Blanche Neige (comment le savoir vient aux filles) d'Howard Barker, mis en scène par Frédéric Maragnani au Théatre de l'Odéon-salle Berthier.

    Guy 

    photos par Frédéric Démesure avec l'aimable autorisation du théatre de l'Odéon

    A voir aussi: les photos d'Agathe Poupeney

  • Gertrude (Le cri): Maman et la Putain.

    Densité et confusion... Ce théâtre roboratif et ambigu laisse ouvertes pistes et interrogations.

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    Howard Baker organise l'inintelligibilité avec délectation, parasite l'Hamlet de Shakespeare. Il fait ainsi l'économie de la présentation des personnages...quitte à en faire surgir de nouveaux: Albert l'amant de Gertrude, le serviteur Cascan... Sitôt le sujet posé, le détourne, le pervertit, l'obscurcit: "Ce qui est intéressant dans les pièces classiques, ce sont les absences"(1). La perspective de la pièce se renverse, organisée autour de Gertrude. Gertrude dans l'oeil du cyclone, autour d'elle le chaos s'amplifie, emporte une à une ses victimes. L'intrigue progresse pas à pas, mais souterraine. Giorgi Barberio Corsetti renonce à simplifier quoi que ce soit par la mise en scène, sature le plateau d'effets et de signes, dont l’accumulation peut indisposer. Autant de résonances visuelles et sonores de l'étrangeté. Les arbres se replient dans la terre ou descendent du plafond, les linges s'envolent sur les cordes, les éléments de décor coulissent sur aiguillages jusqu’au vertige, ou se renversent de l'horizontal au vertical. Toujours à contre-pied, le langage se dérobe, heurté, coulé... Pour peindre passion et folie, d'un point de vue ni cynique, ni compassionnel mais.... comment dire? Judicieusement, l'interprétation reste à l'écart de toute hystérie, drôle et subtile. Juste Anne Alvaro (Gertrude) par moments noie le texte. Ce théâtre se mérite, se fait plus admirer qu'il n'emporte. C'est un extraordinaire objet d'étude, pour en premier lieu l’étude de Gertrude

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    Gertrude donc au centre de l'attention, et au centre d'elle l'orgasme, la jouissance. Enfin: le cri. Entrée: Claudius copule avec Gertrude sur le cadavre du roi- à peine refroidi. Gertrude nue, le cri surgit. Cladius dés lors n'a de cesse que de le saisir, à nouveau le susciter. L'obsession est lâchée, le cri toujours guetté, même si en prés de trois heures de durée, il n'est pas question que de cela. Cette recherche est fatale, existentielle, désespérée: ce cri est cosmique, "le cri est plus que la femme, même s'il sort de la femme". La féminité reste mystérieuse à Claudius, inaccessible, telle le corps de Gertrude un moment au balcon, il bondit alors pour l'atteindre, sans succès. Gertrude théorise moins, constate pourtant "Pour toi, c'est Dieu, ma nudité". Mais surtout vit et jouit, inextiguible, aimante et souveraine, égoiste, enfante une fille, plutôt qu'à celle-ci offre le lait de son sein à l’amant, accumule robes et chaussures comme autant d’attributs, jusqu’à porter un « manteau de prostituée », se donne au jeune Albert. Hamlet en est pétrifié, petit garçon à jamais devant sa mère sur-sexualisée, moraliste impuissant, ne parvient à toucher sa fiancée qu'avec des mots. Cascan, le serviteur de Gertrude, se languit d'amour dévoué et boit la coupe entière de sa loyauté, porte des paroles d'une clairvoyance inutile. Isola, mère de Cladius, elle aussi jouisseuse mais refroidie par les ans, voit la catastrophe arriver, et tente d'éloigner Gertrude de Cladius pour le sauver, essaie de la jeter dans les bras d'Albert. Las, Gertrude et Claudius éperdus et passionnés baisent encore et toujours comme des lapins tragiques- disons "baiser" pour se mettre au diapason de la judicieuse obscénité du texte. Albert, de retour et tout autant fasciné, est plus déterminé et pragmatique : « Je ne suis plus un jeune homme, j’ai des armées massées à la frontière : montrez moi votre cul ! ». Le cri grince à nouveau à l'unisson du violon: cri de plaisir et douleur lors de l'enfantement, cri de désespoir à la mort d'Hamlet, cri arraché au prix des naissances et des vies. Donc tout finit dans le sang. Sex kills!

    C'était Gertrude (Le Cri), d'Howard Barker, mis en scène par Giorgi Barberio Corsetti Au théatre de l'Odéon, et c'est fini.

    Guy

    Tous en parlent le Spectateur Turbulent, Neigeàtokyo, Les trois coups, theatredu blog.

    Lire ici: Le Cas Blanche Neige

    Photos d'Alain Fonteray, avec l'aimable autorisation du théatre de l'Odéon

    (1) Howard Baker dans "Transfuge" de janvier

  • A Court de Forme: le mage a bu

    (Suite..)

    Après cette mise en tension, il ne faut rien de moins qu'un vaudeville effréné pour se relâcher. Les Octavio s'y collent sur un mode outré, très Monthy Python. En 5/10 minutes, les stéréotypes théâtreux sont exagérés jusqu'à l'absurde, le triangle amoureux tourne à pleine vitesse, plantée nulle part la porte claque sans discontinuer, "Ciel mon mari" s'exclame l'épouse, tout y est.

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    On revient ensuite de plus belle sur les chemins de l'identité: Le mage aux fiats 500 est annoncé, avec toute la grandiloquence et le pathétique qui sied au cabaret. Maquillage et turban. Le personnage surnaturel doit, de son pouvoir divinatoire, mettre à nu le spectateur victime, décider impitoyablement qui doit rire et qui doit être moqué. Mais rien ne va plus, le mage a bu, le mage est usé: autant pour l'illusion. Ne cherche plus à faire croire en sa magie, ni à cacher ses trucs. In vino veritas, le désenchantement, cependant, ouvre par surprise  la voie à la poésie. Le magicien détraqué explore ses souvenirs en dedans. Tout surgit dans le désordre, les images cachées se précipitent par coq à l'âne, à la résurgence d'une interprétation de Bad to the Bone de Georges Thorogood, à l'évocation d'un amour perdu. Au gré de ses visions, le mage ne parvient qu'à se dévoiler lui -même, blessé, dessine ainsi un bel imaginaire retrouvé. C'est surprenant et prenant, bien que la proposition semble encore en devenir, avec des articulations qui flottent et cela gêne un peu: à suivre.

    Il est d'autant plus savoureux après écouter le chant des gueuses, les stéréotypes surgies de la mythologie de la rue, par la voix du Moony band...

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    Enfin l'amour fou, Ovide en gros plan. Histoires de corps qui se veulent mais disent: pas d'amour d'heureux. On va droit à l'essentiel, avec une économie d'effets qui à cette proposition fait frôler la témérité: on craint un petit moment assister à une lecture en slip. Mais le facial s'assume- expressions en sursis, le texte est concentré, la mélodie au piano entête, le chant émeut, les rires sont tristes, les mots se suspendent, chauffés à blanc les mouvements tendent vers la danse, jusqu'à se fondre en une mélancolique orgie: bien osé!

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    Le tout finit encore en chanson: Mélanie Menu et le moony band revisitent Sam Cooke, c'est une bonne nouvelle.

    C'était Le mage aux fiats 500 de Christian Siméon mise en scène Jean Macqueron / avec Christophe Garcia, Thomas Matalou, Un presque rien création à partir de textes d’Ovide, mise en scène Elise Lahouassa / avec Vincent Brunol, Coraline Chambet, SophieMourousi et Serge Ryschenkow.  A L'étoile du Nord, avec A court de Forme.

    Guy

    photos par Nicolas Grandi (droits réservés) avec l'aimable autorisation du Théatre de L'étoile du Nord

  • A court de Forme: Y'a Bon Banania

    Les propositions de la première semaine d'A Court de Forme se laissaient considérer une à une, des essais en fragments. Cette semaine, malgré la variété des formes et sujets, un souffle semble porter ensemble les parties d'un tout. Est ce les chansons qui lient, celles du Moony Band et toutes les autres, trés présentes dans les différentes propositions? Les interventions surprises des Octavio ? Aussi peut-être, toujours en arrière fond, le thême de l'identité.

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    L'identité noire, douloureusement effacée dans la nuit de l'esclavage- "100 ans de coups de fouets". Une identité qui lutte pour se reconstituer à travers le manifeste d'Aimé Césaire. Qui est elle, de quelle couleur, celle qui creuse ces mots? Métisse au teint clair, qui se grime le visage de cirage à s'en faire peur dans le miroir, condamnée à régresser dans sa mémoire jusqu'à l'archétype du négre, figure débonnaire et dangereuse à la fois. Y'a bon banania, pas d'autre choix. L'image saisit, provoque, évoque celles des américains blancs maquillés en noirs grotesques, tel le chanteur de jazz du premier film parlant. Revit un instant la figure de Joséphine Baker, lançant des étoiles, mais prostituant sa danse, poitrine dehors, pour nourrir l'imaginaire de l'érotique exotique. La voix est étonnante aussi, basse de colère, qui enfle en blues. En ombres, d'étranges fruits se balancent aux arbres. La colère ne se laisse jamais apaiser. La position du spectateur, celle de l'homme blanc tout particulièrement, est ici aussi inconfortable- et privilégiée!- qu'à l'écoute de la poésie heurtée de Césaire. Ce théatre est politique, mais il éveille sans besoin de démontrer.

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      A suivre....

    C'était Cannibalisme tenace sur des textes d' Aimé Césaire, The Coasters, Henri Varna ..mise en scène Sandrine Lanno / avec Mélanie Menu / collaboration artistique Isabelle Mateu et Nathalie Savary / lumière Xavier Hollebecq. A L'étoile du Nord, avec A court de Forme.

    Guy

    photos de Nicolas Grandi (droits réservés), avec l'aimable autorisation du théatre de L'étoile du Nord.

     

  • A court de forme 1.4: le prince psycho.

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    Donc 20 minutes, c'est court, c'est trés court. Surtout pour jouer Hamlet. Mais la proposition dure assez de temps pour rendre fou à lier le rôle titre. A moins qu'il ne s'agisse d'Hamlet déliré par un fou. En tous cas, c'est franchement orientée burlesque et à troix voix: Hamlet hyper-actif, Ophélie en apnée et le dernier comedien pour tous les personnages qui restent. Contre tout attente, l'intrigue survit à ce traitement accéléré, et de même-plus suprenant encore, quelques éclats de gravité. Dans le royaume du Danemark- ce soir en graf au mur- il reste toujours quelque chose de pourri. Surtout on rit.

    Et rendez vous mardi, pour la seconde semaine.

    C'était HAMLET (fragments), librement inspiré de la tragédie de Shakespeare, mise en scène et adaptation Vincent Brunol / avec Nicolas Fustier, Elise Lahouassa et Mathias Robinet / lumière Elise Lahouassa.  A L'étoile du Nord, avec A court de Forme.

    Guy

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  • A court de forme 1.3: A quoi bon?

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    Puis, en troisièmement, on s'engage dans le théâtre politique. Enfin on essaie de s'engager. Qui aime le théâtre politique? Et pour quoi y trouver? Est ce jamais pour se remette en question, ou n'est ce que pour se conforter dans ses convictions? On peut se sentir embarrassé par l'exercice, non pas car on serait opposé à ses intentions. Mais justement parce qu'on souscrirait avec trop de facilité à ses présupposés. Ce théâtre peut lasser en ce qu'il a de trop consensuel, de démonstratif, de sous-titré. Qui peut ne pas détester ce personnage détestable? Une brute raciste, nationaliste, sexiste... On a juste le choix entre l'aversion et la pitié: c'est déjà ça. Mais dans quel contexte ce texte est-il né? Pour autant c'est l'interprétation qui l'emporte, subtile dans l‘épaisseur, sourde et butée, un jeu contenu et furieux. Encrassé dans e quotidien. Avec une mise en scène d'une parfaite sobriété et progression. Rien à dire.

    La bêtise en marche fait réagir la salle par rires sporadiques. On peut s'en étonner. Des rires nerveux? 

    C'était A(II)Rh+,de Nicoleta Esinencu, traduction Mirella Patureau, mise en scène Michèle Harfaut / avec Miglen Mirtchev / scénographie Loraine Djidi / lumière Julien Kosellek. A l'Etoile du Nord, avec A court de Forme.

    Guy

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  • A court de forme 1-2: Lavage en court

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    De temps à autre, il faut renverser le théâtre, le mettre à bas, le mettre à mort, irrespectueusement. Cela lui fait beaucoup de bien. A nous aussi. Tant que l'agonie est courte, les coups portés là où il faut. A l'assaut, ils montent, une bonne douzaine, en commando, sur la scène: acteurs, aides, spectateurs, on ne sait plus très bien. Les uns pour massacrer des foules d'artefacts bourrés de celluloïd, les autres pour vociférer textes antiques, corn flakes en bouche, hybris en accéléré, gestes tragiques et outrés. L'outrage est vite expédié, mais le meilleur reste à venir quand il faut faire disparaître du plateau les traces du saccage qui y a été perpétré. Le nettoyage de la scène prend valeur d'un spectacle en soit: grandiose, inexorable et muet. On dirait du Romeo Castelluci, mannequins compris. En infiniment plus drôle, évidemment.

    C'était AKUN,regroupement de textes autour de la mort dans le théâtre antique, création de Quentin Delorme et Amélie Gouzon / avec Julie Audrain, Gorka Berden, Luc Martin, Elise Pradinas, Laure Espinat, Florent Dorin, Philippe Renault, Étienne Rousseau. A l'Etoile du Nord, avec A court de Forme.

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    Guy

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