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theatre - Page 12

  • Cannibales: à boire et à manger

    523409649.jpgDans le désordre: une déclaration d'amour drôle et émouvante à force d'être perdue d'avance, un salon/espace social (après la salle de bain solitaire et régressive de "Fées"),un plateau blême pour le portrait d'une unième génération perdue, l'élégance des gestes circassiens, une caméra sous la couette, de lassantes énumérations, une immolation par le feu( après le quasi-suicide par noyade de "Fées"), quelques rires, pas mal d'embarras, de spectaculaires acrobaties à la perche, du no-future en boucle, des chansons trop générationnelles, un couple embarrassant à rester planté au micro comme pour un discours de mariage, de belles répétitions de gestes, un peu de danse(juste un peu), trop de mots, mais sans beaucoup expliquer, du ton faux, (comme dans "Fées") des dizaines de flacons de produits de beauté, des longueurs et des bâillements, un rap remarquable, des beaux moments, une fête à tous danser sur le lit mais à laquelle on ne se sent pas invité, un spiderman, des groupes comme des additions de solitudes, des sous-vêtements noir et blancs, une sincérité touchante, de l'angoisse et de la précarité, des clins d'oeil téléphonés, de la jonglerie, des pas brusques et des luttes à la T.R.A.S.H., l'explication de la différence entre la blennorragie et la myxomatose, des projections d'images urbaines, une longue complainte de la gauche désabusée, des cascades en transparences, de la verticalité (après l'horizontalité de Fées), de la déprime à la tonne, une fin surprenante (un espace enfin approprié?)

    Au final, une ambiance: les trentenaires parlent des trentenaires aux trentenaires. On a compris. Et pour les autres?

    C'était Cannibales, ♥♥♥ texte de Ronan Chéneau, mise en scène de David Bobée, au Théatre de la Cité Internationale, jusqu'au 5 avril.

    Guy

  • Pour Shylock

    352405803.jpgSur quel pied peut-on jouer, de quel oeil peut-on voir, aujourd'hui, le Marchand de Venise? On s'aventure sur un terrain moralement plus périlleux encore que celui où évolue La Mégère Apprivoisée. Il faut sans doute que la pièce soit jouée comme elle est écrite. Car, si on ne peut pas se représenter comment l'oeuvre était reçue et comprise par son public du temps de Shakespeare, il est évident qu'aujourd'hui toute notre empathie va à Shylock. L'insouciante arrogance d'Antonio et Basiono, et avant tout leur antisémitisme-bien qu'user de ce terme ici soit assez anachronique- nous irrite et nous révolte. Shakespeare charge Shylock de lourds stéréotypes-avarice, fourberie et acrimonie-, et en fait un Harpagon sanguinaire. Mais l'auteur offre à son personnage un cadeau hors de prix: ce monologue universel et poignant, parmi les plus beaux de son oeuvre:

    Un Juif n'a-t-il pas des yeux ? Un Juif n'a-t-il pas des mains, des organes,
    des dimensions, des sens, de l'affection, de la passion ; nourri avec
    la même nourriture, blessé par les mêmes armes, exposé
    aux mêmes maladies, soigné de la même façon,
    dans la chaleur et le froid du même hiver et du même été
    que les Chrétiens ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ?
    Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez,
    ne mourrons-nous pas ? Et si vous nous bafouez, ne nous vengerons-nous pas ?
    Acte III, scène I

    Après cela, qu'écrire de plus? 

    Que la cause de la chute de Shylock, par delà toute contingence, est que cet homme ne sait résister à ses passions. Maladie mortelle qui perd  plus d'un personnage shakespearien. Shylock persiste dans la vengeance, au lieu de s'abandonner au pardon, ce pardon qui sauve les personnages de Mesure pour Mesure. On constate aussi que l'argent, de tous temps, se paye en livres en chair. Lorsque le marchand juif, incarné par Jean Pierre Bernard, la voix ancrée au plus profond, sort de scène, il faut beaucoup de charme et savoir-faire aux interprêtes d'Antonio et de Portia pour que l'on s'intéresse encore un peu aux marivaudages de leurs personnages. Une fois encore le T.N.O. assure, avec les moyens du bord, un travail salutaire de conservation du répertoire, alors même que beaucoup de scènes subventionnées se consacrent plutôt à la création. Ce qui est bien sur une tâche tout aussi importante, en plus d'être plus gratifiante pour les créateurs, mais...

    On regrette que Will Eisner (1917-2005) ne nous ai pas offert sa version sur papier du Marchand de Venise. Le grand créateur de bandes dessinées s'était interrogé à la fin de sa vie sur les stéréotypes raciaux dans les arts, et leur influence sur les mentalités. Avec assez d'honnêteté pour regretter d'avoir eu lui-même la légèreté dans sa jeunesse d'avoir créé pour son héros masqué, The Spirit, un faire-valoir du stéréotype "bon nègre". Ces travaux et réflexions de Will Eisner trouvèrent leur aboutissement avec un album passionnant: "Fagin le juif" (2003), réhabilitation du personnage négatif d'"Oliver Twist" de Charles Dickens, recréé dans le souci de la vraisemblance historique et sociologique, au rebours des idées reçues. Que nous aurait il appris sur l'autre stéréotype juif de la littérature anglaise?

    C'était Le Marchand de Venise ♥♥♥♥♥ de William Shakespeare, mis en scène par Geneviève Brunet et Odile Mallet. Au T.N.O..

    Dimanche prochain encore

    Guy

  • Le Roi Lear d'heures en heures

    Pour ouvrir l'intégrale ShakespeareTroilus et Cressida étaient expédiés à très grande vitesse. Pour finir, le Roi Lear prend son temps pour mourir. Cinq heures d'errance, de folie, et de délitement. Pas plus, pas moins. 

    352405803.jpgC'est la première heure qui parait la plus longue. On écoute et on résiste. Comme contre tous les débuts de pièce? Malgré le Roi Philippe Desboeuf, magnétique, passé de l'autre coté de l'âge, osseux et aux longs cheveux d'argent, madré et reptilien. Mais tout au long de ces premières minutes, il n'y a rien à comprendre que l'on ne sache déjà: la grande scène du partage du royaume, les flagorneries de Gonerill et de Regane, la disgrâce de Cordelia, les premières manoeuvres d'Edmond, on connaît tout cela par coeur. Et le début de cette pièce chaque fois choque par trop d'invraisemblances. Qui peut croire à un Roi qui abdique avec tant de légèreté, et donne tout à ses filles? Il y a des difficultés insurmontables à rendre crédible la colère capricieuse de Lear contre la pudeur de Cordelia. Prétextes, fausse pistes... Pour nous mener où? Consolation: Philippe Desboeuf nous pétrifie de fascination, son interprétation du Roi Lear est dans notre esprit hantée du souvenir de celle du Roi Ferrante. Les deux personnages ont en commun d'avoir de sérieux problèmes avec le pouvoir et la vieillesse. Et chacun a sa stratégie propre pour échouer à les résoudre. Autour du phénomène Desboeuf, la distribution est homogène, ce qui n'a pas toujours été le cas durant cette intégrale.

    Seconde heure, des fourmis dans les jambes, mais l'affaire décolle pour de bon avec le retour de Kent (l'excellent Jérome Keen), qui entraîne Lear et son fou vers d'étonnants terrains bouffons. Joue-t-on souvent ces scènes là de cette façon si légère? Le roi Lear n'est pas si digne que cela, plutôt un enfant terrible, on en excuserait presque son hôtesse Gonerill d'exiger des coupes budgétaires dans cette escorte si tapageuse. Ces enfantillages constituent ils les premières manifestations de la folie de Lear? On ne ressent nulle pitié à être témoin de son aveuglement. La tension monte, c'est le retour chez Regane, enfin Lear est chassé, au dehors, dans la tempête, hors du monde. Les choses sérieuses vont commencer. Une dame ronfle sur son siège, mais c'est plutôt bon signe, car le reste de la salle en est agacé. On sort 10 minutes à l'entracte, rassuré d'avoir envie d'y retourner. On lit une interview de Jeener sur un mur, on y apprend qu'avec Shakespeare le T.N.O. a fait sa meilleure recette depuis sa création. Très bonne nouvelle, tant mieux pour les comédiens, on espère juste qu'il restera de quoi remplacer quelques fauteuils. 

    Retour pour la troisième heure, on est accueilli et ébranlé par la tempête. On s'abîme d'un coup dans une pièce devenue onirique, un aspect qu'on avait un peu oubliée. Les personnages sont dispersés par les éléments, les liens entre eux se brisent. Basculement et vertige au moment précis où, au milieu de fumées aux couleurs psychédéliques, Edgar/Tom apparaît. Créature chauve et nue, balbutiante, contrefaite, primitive. beuglante. Place à la folie, et dans notre regard une incompréhension jubilant et inquiète. Réplique celebrissime "Toi aussi tes filles t'ont tout pris?" Lear lui tend son manteau de peaux de bêtes, tous deux dansent nus, quitte à choquer silencieusement quelques vieilles barbes dans le public, qui viendront s'indigner sur le livre d'or. Faux problème: Jeeener n'est pas du genre à déshabiller Tartuffe pour épater. C'est juste qu'à lire W.S.,Tom doit être nu, donc il est nu: c'est aussi simple que cela. Et il est d'ailleurs toujours aussi difficile d'écrire quoique ce soit à propos des mises en scène de Jeener, tant celles-ci se caractérisent par leur humilité. Par un parti pris de transparence. Aucun effet déplacé, aucun procédé anecdotique qui donnerait prise à des commentaires faciles. Le regard est dirigé sur les acteurs, qui oublient de s'économiser. A défaut de décors, une utilisation quasi métaphysique des lumières... et un goût confirmé pour les "beaux" placements. Pas d'option fermée, la mise en scène reste ouverte sur les multiples sens de l'oeuvre, nous laisse libre. Mais, puisqu'il n'y a jamais de lecture vraiment neutre et objective, une interprétation spirituelle de la pièce est plus que suggérée...

    Quatrième heure enchainée: ankylose certaine, mais on est passé au delà de la fatigue pour s'abandonner à l'ivresse de ressentir. Le sentiment intense de tout voir et tout comprendre par instants, la frustration de se perdre le moment d'aprés dans la confusion. Le sujet de la pièce s'est définitivement déplacé de l'étude du pouvoir et de l'ingratitude, pour essentiellement parler du dépouillement, de la mort. Desboeuf est toujours excellent, mieux que cela. Tant pis pour les brechtiens: on a depuis longtemps oublié qu'il joue. Sublimement, l'intrigue tourne à vide, malgré l'agitation des armées et les rebondissements des intrigues. Quelque part hors la scène, les soldats des différentes factions s'affrontent pour rien. Car Lear est ailleurs. Revenu à l'essentiel. Rien de plus, rien de moins, qu'un homme prés de mourir. Car Gloucester, qui avec ses yeux ne voyait jamais rien, est pour de bon énucléé. Jeener montre l'homme. Réduit à l'essentiel. Le fou et l'aveugle errent dans un monde qui se désagrège, privé de Roi, d'ordre et de raison. Tous deux restent cruellement hors d'atteinte des tentatives de leurs amis pour les faire revenir dans la société. Le langage obscurcit ce qui reste de réalité, il n'est plus besoin du fou. Le ciel est vide. On se perd. Pas de décors ici, ce qui ne fait que donner plus de force à l'impression d'irréalité spatiale, d''indéfinition des lieux, qui caractérise la pièce. Jusqu'au paroxysme de la scène de la falaise, où la convention théâtrale atteint son point d'abîme.

    Cinquième Heure: la bouteille d'eau est presque vide, mais le niveau de tension reste élevé. C'est comme du théâtre existentialiste avec des combats à l'épée. Lente décrue. Les "mauvais" personnages succombent à la logique de leurs ambitions et de leurs folies. Les "bons" aussi. Tous sont punis. On sent venir la fin, le taux de mortalité monte en flèche, les morts sont tristes et inutiles. N'ont même plus d'importance. Ovations. On sort, poursuivi par Lear pour longtemps encore, n tout cas plus que cinq heures.

    C'était Le Roi Lear ♥♥♥♥♥ de William Shakespeare, mis en scène par Jean Luc Jeener, avec Philippe Desboeuf, et quinze comédiens, au T.N.O

    Prochaine et dernière représentation dimanche 9 mars, dernier jour de l'intégrale W.S.

    Guy

  • Fées: que d'eau, que d'eau!

    Qu'il a du mal à être, ce garçon! 

    Lui tout seul- ou lui censé représenter toute la génération née des seventies. Normal, puisque l'Histoire, il y a dix ou vingt ans, se serait arrêtée en route. Depuis ne resteraient que les "à quoi bon"! Ce garçon a du mal à l'Etre aussi, et à 34eb01c99bd0b55c020917fb66e558cd.jpgnaître tout court. Pour mettre en scène cette impossibilité, le lieu introspectif de ce soir n'est pas la chambre, mais la salle de bains. Choix terriblement efficace et claustrophobe, matérialisé en un beau dispositif bi-frontal qui nous enferme entre deux murs carrelés. Avec les miroirs pour s'examiner, la baignoire pour s'y engloutir jusqu'aux origines. Et des cameras miniatures pour des très gros plans projetés sur les murs. Au cours des moments d'introspection post adolescente en très gros plan, on passe à deux doigts de l'examen de l'acné. Tout baigne engourdi et blème dans le vert et dans l'eau, comme dans du liquide amniotique. Cette eau envahit tout, jusqu'à ce que les personnages glissent et perdent pied dans l'onirique en de spectaculaires effets, c'est physique et saisissant. Le monde fait irruption dans cette sphère intime avec deux fées aux sourires inquiétants, les voix de la conscience morale et politique, sur un mode caricaturé. Les gestes troublent ou amusent, la chair humide s'expose entre spleen et sensualité, mais le texte, trop attendu, échoue à créer un lien clair entre ce dedans, et le monde au dehors. Entre le repli sur soi et l'engagement. Ce qui devrait être le sujet même. Faute d'audaces, les mots en restent à s'alourdir comme les lignes brutes d'un journal intime. Quitte à vouloir écouter une voix trentenaire et politique, on sera plus surpris par les propositions de  Nadège Prugnard, ces jours-ci au L.M.P.. On s'est quand même pris de sympathie pour ce personnage mouillé et dépressif, mais on lui souhaite de sortir bientôt au grand jour.

    C'est un jour comme celui-ci, un peu plus tard, un peu plus tôt, que tout recommence, que tout commence, que tout continue.

    Cesse de parler comme un homme qui rêve.

    Regarde! regardes les. Ils sont là des milliers et des milliers, sentinelles silencieuses, plantés le long des quais, des berges, le long des trottoirs noyés de pluie de la place Clichy, en pleine rêverie océanique, attendant les embruns, le déferlement des marées, l'appel rauque des oiseaux de mer.

    Non. Tu n'es plus le maître anonyme du monde, celui sur qui l'hhistoire n'avait pas de prise, celui qui ne sentait pas la pluie tomber, qui ne voyait pas la nuit venir. Tu n'est plus l'inaccessible, le limpide, le transparent. Tu as peur, tu attends. Tu attends place Clichy, que la pluie cesse de tomber.Georges Perec- Un Homme Qui dort. Edition Denoel- 1967.

    C'était Fées ♥♥♥,, mis en scène par David Bobée et écrit par Ronan Chéneau, avec Fanny Catel-Chanet, Abigaïl Green, James Joint, à Artdanthé.

    Guy

  • Brecht avance masqué

    Peut on assister à une pièce de Brecht sans s'empoisonner d'avance l'esprit avec la sempiternelle question de la distanciation? Avec plus d'appréhension encore dés lors que l'on comprend que les comédiens porteront des masques.... 8f57b96b98c3895337088b19daab9011.jpgMais on oublie toutes inquiétudes dix minutes après le commencement, juste le temps de se souvenir que cette fameuse distanciation brechtienne ne fût sans doute à l'origine appliquée que relativement, même à en relire Roland Barthes. Qui voyait dans le théatre de Brecht un art permettant un certain recul permettant des prises de conscience, non un art froid et désincarné. Mais peut être ce débat est il oublié, et si les acteurs portent ce soir des masques, c'est qu'ils jouent une farce. Dans une tradition de comedia dell'arte. Avec un esprit de caricature, des voix déformées, des costumes bariolés, des accessoires loufoques, des courses, des chutes et des chansons.

    La farce est toute au service d'une morale sociale, on s'en serait douté. Le patron Puntilla, quand il est soul, est le meilleur des hommes. Quand il est saoul seulement. Car à jeun il redevient ce qu'il est simplement: un patron. Capable de tout, et seulement du pire évidemment. Le truc du personnage à la double personnalité, source de riches péripéties, ne devait pas être nouveau même len 1940 lorsque la pièce fût écrite. Mais il prend ici une signification trés politique: on aura beau être un homme bon, on sera toujours un mauvais patron. Le plus surprenant avec Omar Porras est que l'exposé de cette dialectique n'est jamais pesant ni ennuyeux. L'énergie tornadesque ici mise en oeuvre, avec une précision vocale et chorégraphique sans défauts, permet que les opposés se recontrent. Après 2H20 de beau spectacle, on est devenu marxiste à 100 %, et tout le peuple du Théâtre de La Ville à nos cotés. Quand bien même, on ne peut être insensible à l'éternelle actualité du texte. Le Valet Matti en conclusion appelle de ses voeux des temps heureux où chacun sera son propre maître. On peut attendre longtemps.

    C'était Maitre Puntila et son valet Matti de Bertold Brecht, mis en scène par Omar Porras, au Théâtre de la Ville.  Avec Jean-Luc Couchard (Puntilla) et Juliette Plumecocq-Mech (Matti), etc... Complet jusqu'au 26 janvier.

    Guy

  • Woody Allen: familles, je vous hais.

    Au Palais Royal, on redécouvre tout ce qui fait le charme discret du théâtre privé: les ouvreuses à pourboires et les grands d6596934e7a714158bd2fcbc5be90aef.jpgescaliers, les spectateurs bien habillés dont des dames à visons, les rideaux très rouges et les dorures au plafond, le sentiment de s'y glisser sur la pointe des pieds et les places à 46 € en orchestre. Et sur scène, des acteurs comme à la télé jouant très pros des pièces à texte, textes qui respectent la règle d'or selon laquelle il faudra tôt ou tard absolument tout expliquer au spectateur. Si l'on préfère un spectacle qui laisse un peu à imaginer, mieux vaut aller voir ailleurs des personnages se taire et danser.

    Ce qui n'empêche pas que l'intrigue- située au sein d'une famille américaine des fifties -emprunte maints détours narratifs, et ménage des révélations graduées: on ne va quand même non plus tout expliquer dés le début. Les flash-back et sauts en avant s'enchaînent habilement et on ne se lasse pas d'admirer le plateau qui tourne, les murs qui montent et descendent pour transporter l'action en flux tendus de Brooklyn à Hollywood. Il y a de l'argent sur scène, et intelligement utilisé. Du talent et du métier aussi, avec des rôles caractérisés sans équivoque, sans pour autant renoncer aux nuances du jeu. Gérard Lartigau s'aventure plus vers le boulevard que ses camarades, sans que le contraste ne gène pour autant. Ceux qui sont venus pour rire peuvent retourner chez eux et choisir dans leur intégrale Woody Allen pour une soirée dvd: ce Puzzle est aussi guilleret qu'une pièce d'Harold Pinter. Proposant une vision tout aussi noire et cynique de la nature humaine. La famille est un piège, les hommes suivent d'autres femmes que les leurs, les femmes suivent l'argent, l'argent sourit aux hommes qui ont su fuir la famille. Restent, amers, les femmes abandonnées ou les hommes qui n'ont pas eu le courage de les fuir, chacun replié sur ses misérables secrets et le deuil de ses rêves. Dans cette histoire rien ne surprend vraiment, mais tout fascine, assez méchamment. Vue par les yeux désabusés d'Alma, la fille intellectuelle et bohème, plus narratrice que véritable personnage de cet "second hand memory", celle qui a choisi de partir, et de vivre librement sa marginalité. Une rescapée.

    C'était (la centième) de Puzzle de Woody Allen, adapté par Stéphane Azzopardi, mis en scène par Annick Blancheteau et Jean Mouriere , avec Michel Aumont, Geneviève Fontanel, Gérard Lartigau, Julie de Bona, Anne Loiret, Sébastien Azzopardi, Marie Le Cam, au Théatre du Palais Royal

    Guy

  • Shakespeare: contes et songes

    Il est tout à fait possible d'emmener les petits découvrir Shakespeare, sans que le songe ne se transforme en f05fbe43deffc2465e3d973143a7a8b5.jpgcauchemard. Au Théatre Mouffetard, les sortilèges d'amours sont administrés à coups de piqûres par deux acteurs déguisés en moustiques géants, qui courent sur scène en bourdonnant. Dans ces conditions, le succès est assuré. Bien sur, les adultes vont sourciller en entendant les personnages être rebaptisés "Rillettes" ou "Pur Porc", en découvrant l'intrigue du Songe d'une nuit d'été  simplifiée de 3 à 2 actions simultanées. Tant pis pour eux, ce n'est pas aux adultes qu'ici on s'adresse. Pour le bonheur des vrais spectateurs, les cinq acteurs, et tous leurs masques et costumes, en font des tonnes, en couleurs et en chansons. Les enfants découvrent avec un effarement délicieux que sur scène, et peut être aussi dans la vie, on peut tomber amoureux n'importe quand, n'importe où et de n'importe qui.

    Approche tout à l'opposé, mais avec tout autant de réussite à l'arrivée, au T.N.O. : une voix, quelques 1c6e3715d6b5761733705651e53956b0.jpggestes, une percussion, c'est assez pour quitter la rive et que surgissent de l'obscurité les images du Songe, de la Tempête, de Roméo et Juliette. Le choix de la sobriété. Pour emmener par les détours du conte les enfants, bouches bées, bien plus loin dans la complexité des pièces qu'on aurait pu le penser.

    C'était le Petit songe d'une nuit d'été de Stéphanie Tesson d'aprés William Shakespeare, mis en scène par Antoine Chalard, au Théatre Mouffetard,  jusqu'au 5 janvier, et les Contes de Shakespeare, d'aprés Charles et Mary Lamb par Monique Lancel au Théatre du Nord Ouest, en alternance jusqu'au 9 mars dans le cadre de l'intégrale Shakespeare.

    Guy

  • Yves Noël Genod: Aprés la chute.

    En colère. On lui en veut. A Yves-Noël Genod. D'être puni d'Hamlet. On lui avait rien fait pourtant à Y.N.G.. Parcequ'on se sent devenir plus que réac. A voir son Hamlet à lui. Dégoûté. Prêt à revenir au théâtre de papa. Plus conservateur que Alain-Gérard Slama. Avec tout le respect qu'on a pour Alain Gérard Slama. Qui lui au moins a une pensée qui se tient. Plus vitupérant que Jacques Julliard. Et ses conceptions bien arrêtées quant au texte et la diction. Pourtant on était arrivé idées ouvertes. Mais en premier il y a eu la fumée. Et après la fumée un grand n'importe quoi. Un indéchiffrable foutoir. Où des gars errent. On vitupère. Seul dans son coin. Avec les autres seuls eux aussi. On repense à la belle pièce d'Anne Hirth. On attend Miss Marion. Ou l'inverse. Peu importe. Et les gars sont à poil. Évidemment. On a déjà vu cent fois. Mais ça fait glousser les bourgeoises. Ce soir aussi. Les gars sont à poils. Ils errent. Et puis voilà. Ca nous énerve. On se s'élève pas vue sur le dépotoir. On s'emmerde. On déprime. On devient vide. On devient con. Une heure de punition. On tapote sur le fauteuil. On se penche en avant. On se tasse en arrière. On soupire. On entrouvre Le Monde sur les genoux. Froissements. Regards furieux de la voisine. On relit trois fois le programme. Cinq fois. Projet inspiré de la planète des singes? Pourquoi pas. Après le grand cataclysme, le défilé des primates. Qui foulent au pied les résidus culturels. Regard vers Jérome. Au premier rang. Dans la fumée. Trop de fumée alors Jérome a du halluciner. Et surinterpréter. Oui Jérome d'accord. Il y a avec plein de choses sur scène. Des bouquins. Des guitares. Des fringues. Des os. Le crâne évidemment. Des résidus de marché aux puces. Et après? Dans mon salon aussi il y a tout ça. Les mauvais jours. Au moins moi, je ne pisse pas dans les bassines. Et tout ces objets ne font pas sens. Sauf le sens qu'on finit par leur prêter. Comme lors d'un test de Rorschach. Ici pour tuer le temps. Pour éviter de trop s'emmerder. Inventaire après faillite. Au bout d'un temps, des acteurs parlent. Disent des morceaux de textes. Encore des débris. Decontextés. Y.N.G. montre qu'il a des lettres. Tant mieux pour lui. Dommage pour nous. Shakespeare. La Bible. Corneille. Montherlant. Bel alibi. Pour en faire quoi? Et Cabrel aussi. Et Eddy Mitchell. Pour tout mettre sur le même plan. Style cultures au pluriel. Symptomatique. Est ce la mort du théâtre? Mise en pratique? Tout balayer pour reconstruire à partir des débris? Mais pourquoi ? Le théâtre est bien vivant. Mais juste bien vivant ailleurs qu'ici. Audacieux. Inquiet. Travaillé. Fort. Avec des gars à poils, mais à poils intelligemment. Qui parlent à poils intelligement. Ici on ne voit que des débris. Ici, en trois mots: c'est bâclé. Improvisé ou préparé en l'état? Peu importe. C'est juste déplacer le problème. En amont. On applaudit pas.

    C'était Hamlet   , d'Yves-Noël Genod, avec Guillaume Allardi, Julien Gallée-Ferré, Frédéric Gustaedt, Yvonnick Muller, Marlène Saldana, Thomas Scimeca, la Halle aux Cuirs de la Villette, avec 100 dessus dessous.

    Guy

  • Marivaux: lettre à mon neveu qui n'a jamais mis les pieds à Nanterre Amandiers

    Mon cher B.

    Jette ta game-cube à la benne, arrache les fils du câble, revends ta carte UGC, éteins ton cellulaire 3-G, cours vite à Nanterre voir Marivaux, et tu verras tout à la fois: le théâtre est aujourd'hui comme de tous temps un art multimedia.

    fea5e111516ffeef2f9edfce3d6162df.jpgLe texte, d'abord, le texte et rien d'autre, le texte avant même que le reste ne commence à exister.... Je t'entends déjà me répondre que c'est une vue de l'esprit: que sur scène tout vient en même temps, le texte, la parole, la musique, le jeu des comédiens, etc... Tu as tout à fait raison. Je t'expose juste les choses de cette façon afin de te faire valoir que cette expérience théâtrale te permet de mettre en oeuvre différents niveaux de perception simultanés. Certes tous interdépendants mais chacun riche de sa valeur propre. Ce texte donc est signé Marivaux (1688-1763), Tu vas découvrir qu'on a encore le droit en 2007 d'employer l'imparfait du subjonctif, ou des mots comme "affliction". Qu'on peut entendre cela et y survivre. Et pour commencer être reconnaissant à Luc Bondy de nous juger assez adultes pour ne pas se sentir obligé d'adapter le texte. Le texte qui raconte une histoire. Et pire, une histoire d'amour. N'écoute pas tous ceux qui te diront que cela n'a dés lors aucun intérêt, car dépourvu de portée sociale ou politique. Dés qu'il s'agit de l'homme, il n'y a pas de petit sujet. Ces états d'âmes des deux jeunes personnages principaux-la comtesse et le chevalier-, chacun en deuil de son amour disparu, et qui n'osent s'engager à nouveau du coeur et du corps avant d'être sûr d'être récompensés en retour, touchent à quelque chose d'universel. Aujourd'hui, on parlerait de résilience. Aux billets plus ou moins doux du XVII° siècle pourraient répondre les SMS envoyés dans la cour de ton lycée. L'enchaînement des malentendus amoureux n'est qu'un prétexte pour mettre en évidence les difficultés qu'ils éprouvent à ajuster leurs sentiments- graves ou superficiels, quelle différence?- sentiments qui ressemblent plus à de l'amour propre et de l'orgueil qu'au don de soi à l'être aimé. Sur ce plan là, rien n'a changé. Et il y a chez Marivaux, sous des apparences inoffensives, une énergie presque hargneuse à remettre le sentiment au centre du jeu, aux dépens de l'intellectualisme, jusqu'à faire déchirer par le Chevalier des pages du philosophe Sénèque, faire congédier cruellement par la comtesse l'érudit Hortensius.

    En osmose avec le texte, écoute ces voix qui le portent. Sans amplification, ni équalisation numérique. En absolu direct, fidèles à 100%. Fidèles au texte, et en décalage à la fois: ces voix se permettent une juste distance par rapport à l'écrit. Nous permettent d'introduire intelligence critique tout en partagant ces émois. Comme nous ne sommes plus en 1727, les imparfaits du subjonctif sont delivrés avec un rien d'ironie. Les voix amoureuses empruntent à la fragilité adolescente, pour traduire interrogations et désarrois, avant de céder la place au bon sens gouailleux des serviteurs Lubin et Lisette. L'art du soupir est poussé jusqu'à son extrême raffinement, avec plus d'efficacité que des pleurs ou d'autres éclats pour rendre compte de la tristesse. Ambiguïté et faux semblants, le langage est un leurre, au maniement dangereux. Il s'agit le plus souvent de ne pas dire: le rival du chevalier, le vieux prétendant de la comtesse se disqualifie par l'aveu même de sa proposition de mariage, aux perspectives soudain insupportables parce qu'exprimées. Il flotte aussi quelque part autour des voix, de la musique, que tu ne remarqueras pas sans doute.

    Tu verras, cette pièce se joue en 3.D.. Dans un décor en relief, pensé comme une création d'art plastique. Au premier plan de la scène une sinueuse bande de sable, dessiné avec une élégance organique, mais cette figure est peu à peu foulée au pied par tous les déplacements impulsifs, comme troublée par le désordre des passions. Sur un plan horizontal au fond, de chaque coté une cabine noire de deuil qu'habite chacun des personnages principaux, et qu'une machinerie fait s'éloigner ou se rapprocher l'une de l'autre au gré du réchauffement ou du refroidissement de leurs inclinations. Tu découvre que le décor peut avoir pour fonction de commenter l'action. Sans te faire oublier que tu vis un artifice: un cadre définit cet espace théâtral...mais lui même est entouré de matière transparente, pour que l'ation puisse en déborder.

    Dans ce décor, la migration émotive des corps ne doit rien au hasard. Des corps réels, que tu pourrais toucher presque. Lupin, pour commencer, s'approprie l'espace sans hésitations, à vélo. Hortensius, insupportablement pédant, répand ses livres partout. Lisette est plutôt du genre à écouter aux portes. En ce qui concerne la Comtesse et le Chevalier, c'est une autre affaire. Ces deux là savent bien qu'aller l'un vers l'autre, revient à s'engager. Et pourtant les gestes sont là, avant la volonté, pour démentir ce que les mots ne veulent exprimer, ces personnages dessinent tous deux une subtile géographie de la pudeur et du désir. Je ne te donne pas cinq minutes avant de tomber amoureux de la comtesse, et de ses abandons millimétrés, la tête qui se laisse tomber sur l'épaule, mais juste un peu. Le Chevalier mélancolique a quant à lui des affalements extraordinaires. Je ne parlerai pas des autres acteurs, mais tout s'agence avec une précision quasi-chorégraphique. Tous les mouvements, tous les suspens enrichissent le récit. Tu vois qu'on peut montrer un corps qui souffre et s'interroge, sans avoir besoin de le tondre, ou de le dénuder et de le plonger dans le miel. Ne te méprend pas je te conseille d'aller voir une fois dans ta vie une pièce de Rodrigo Garcia pour en parler en société, mais il faut que tu sache qu'il existe aussi des moyens de représentation plus subtils, et dramatiquement plus efficaces.

    Revenons en à Marivaux. j'ai essayé de te faire valoir que le spectacle était total, mais cela va plus loin: le spectacle est intemporel et paradoxal. Tu es un spectateur du XXI° siècle confronté à une pièce du XVII°. A une pièce du XVII° interprétée par des artistes contemporains, qui s'inscrivent ou s'opposent à une certaine tradition, et à la fois espèrent innover. Tu ne peux donc comprendre la pièce comme la recevaient ses contemporains, c'est à dire qu'il y a une dimension qui t'échappe, forcement. Il y a aussi une dimension universelle, et d'autres aspects que tu peux percevoir avec recul: à la diférence de Marivaux tu as lu Freud, ou sinon Cyrulnik, ou au moins tu en as entendu parler. N'écoute pas les conservateurs qui ne jugent légitimes les pièces de Marivaux qu'en costumes d'époque, cela n'aurait de sens que s'ils venaient eux même les voir en perruques. Tu es confronté au seul art dont les oeuvres soient à la fois au fil du temps inaltérées et transformées.

    Mais surtout porte attention aux dernières secondes: les lumières se rallument avant la fin des dernières répliques, alors que l'amour s'est enfin avoué. Dans un soudain paradoxe, épuisées par deux heures d'hésitations amoureuses, les expressions se figent au bord du désenchantement. Sans qu'on n'ait su quand, la représentation s'est déjà effacée devant le retour du réel. La dernière surprise de l'amour, peut-être.

    J'en ai beaucoup trop dit, je te rappelle juste que c'était La Seconde Surprise de l'Amour ♥♥♥de Marivaux, mis en scène par Luc Bondy, décors et lumières de Karl Ernst Hermann, avec Pascal Bongard, Audrey Bonnet, Clotilde Hesme, Roger Jendly, Roch Leibovici, Micha Lescot, au Théatre Nanterre Amandiers avec le festival d'automne à Paris.

    Guy

    P.S.: Ecris moi quand tu l'auras vu, je suis vraiment impatient d'avoir ton avis. Et ne fais pas de soucis pour arriver jusqu'à Nanterre Amandiers: ils ont des navettes à la sortie du RER. La pièce joue jusqu'au 21 décembre.

  • Juste la fin du monde: l'éternelle famille

    Vient bientôt le temps des fêtes de fin d'année, le temps des réunions de famille. Les réunions des familles qui se réunissent encore, c'est à dire celles qui n'ont pas hérité. Pour se préparer à y survivre, il est bon d'aller voir "Juste la fin du monde" de Jean Luc Lagarce (1957-1995). Pour ne pas y retrouver Lagarce, qui depuis 12 ans est mort, mais pour découvrir ou retrouver son oeuvre, une oeuvre en bonne voie, semble-t-il, de lui survivre longtemps. Quitte à échapper à son auteur autant que nécessaire. Paul, le principal protagoniste, qui va bientôt mourir et veut revoir sa famille, n'est pas/n'est plus Jean Luc Lagarce, qui avait écrit la pièce se sachant condamné par le sida. Paul est Paul, simplement, avec les traits ronds et murs d'Hervé Pierre (sans la barbe de Coltrone), qui répète avec gourmandise et sans essayer de convaincre qu'il a trente-cinq ans. La mort est toujours présente, mais passe un peu au second plan.

    Paul revient dans sa famille, pour parler, dire la vérité (sur son état, seulement, ou sur lui, plus généralement?), et ne le peut, évidemment. Pas plus que Paul n'a pu, marchant une nuit sur un pont entre ciel et terre, gueuler un cri pour de bon. C'est l'un des puissants paradoxes de ce théâtre de nous montrer des personnages parler pendant une heure et demi pour démontrer qu'ils sont dans l'impossibilité de communiquer. Avec une langue très pure, un peu blanche, comme en perpétuelle recherche d'elle même, même si quelques effets de répétition résonnent parfois comme des exercices de conjugaison. On le pardonne volontiers, car ces répétitions font sens, témoignant de la difficulté qu'ont les personnages à se définir par les mots. Ce texte est porté avec énergie et intelligence, avec conviction. Il est vrai que les acteurs- Danielle Lebrunen tête- ont de sérieux états de service. On entend ici des phrases superbement impossibles mais jouées de manière réaliste, à rebours d'un certain théâtre contemporain qui se saisit souvent de textes classiques pour leur faire subir un traitement distancié.

    Car c'est peut être avant tout d'un théâtre de situation, un théâtre psychologique, dont il s'agit ici. Un théâtre moderne et adulte, pour tout dire. Le fils aîné revient, mais le retour est impossible pour qui un jour est parti. Ceux qui sont restés entre eux- la mère, le frère, la soeur- se sont renfermés ensemble sur les souvenirs des vieilles querelles, dans un inconfort qu'il est trop douloureux pour eux de remuer. La place de chacun est assignée, la scène est barrée de tout son long par le mur imposant d'une maison, par ses ouvertures apparait la vue d'un ciel tourmenté. Image d'une subjectivité vers laquelle chacun pourtant parvient à son tour à s'échapper, quand les névroses familiales éclatent brusquement en accès de violences, avant de s'éssouffler en renoncements, au goût doux amer du pardon.

    "Qui peut dire comment les choses disparaissent?"

    C'était Juste la fin du monde ♥♥♥ de Jean Luc Largarce, mis en scéne par François Berreur, avec Hervé-Pierre-de-la-comedie-française, Danièle Lebrun, Elizabeth Mazev, Clotilde Mollet, Bruno Wolkowitch, au Théatre de la Cité Internationale en partenariat avec le Théatre de la Ville.  Jusqu'au 25 novembre

    Guy

    P.S. du 25/11: quelques images ici  et quelques échanges, sur un air de théatre