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danse - Page 9

  • Pourpre (lettre ouverte)

    Chère Christine

    C'est passionnant pour moi d'avoir pu voir trois moutures successives de Pourpre, et d'avoir chaque fois été surpris par les évolutions du projet.

    Surpris par l'effacement progressif des codes du burlesque, une prise de risque qui déplace à chaque fois la dynamique du spectacle, et les oppositions qui le traversent. J'en étais décontenancé.

    J'ai été très impressionné par la densité que prend ta présence, ton corps, de plus en plus, ce mouvement qui part du jeu pour aller vers la danse (pas dans un sens académique).  La force qui fait évoquer par d’autres chroniqueurs  le buto, l’état de stupeur, de somnambulisme

    C'est en tous cas intense, sur une voie grave et sobre, tu t'approches (mais est-ce atteignable ?) de la quintessence d'un érotisme dans la radicalité, pur (dur !). Quelque chose de dangereux. Loin des vulgarités des clins d’œil et des évidences. Je crois que c'est très difficile à réaliser, car il faut être sobre et être impudique à la fois, être à fond  en faisant peu, émettre puissamment sans excès de mouvement, être unique mais générique.

    Avec cette pièce, où en sera tu  à Confluences ?

    Bien sur à  bientôt

    Guy

    Pourpre de Christine Armanger, est joué le 8 et le 9 décembre au festival Péril Jeune à Confluences

     

    Teaser Pourpre from Compagnie Louve on Vimeo.

  • Viscéral

    Heure de la sieste, heure de digérer. Manque de sommeil. C’est dur d’émerger. Sur scène une étrange forme, matière molle, sans limites, envahissante. Comme un cocon qui pèse, un tube digestif textile. De dedans, la vie l’agite, grouille, informulée. Le son poisse, angoisse. Malaise viscéral. Dans la salle deux enfants pleurent. Sur scène, de la masse une main émerge, le corps suit. Libéré ou expulsé. La chenille vomie hors du cocon. Elle s’agite, née trop tôt dénudée. Vacille, par petits soubresauts qui sur la chair font des vagues. Vulnérable, elle cherche sa place. Elle danse malgré, de l’inconscient vers le révélé, me fascine. Je reste englué.

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    Last lost lust (extrait) de et avec Mathilde Monfreux, avec des scupltures d’Elizabeth Saint-Jalmes, vu aux journées Danse Dense au théâtre au fil de l’eau.

    Guy

    photo de Cyril Leclerc avec son aimable autorisation.

    last lost lust from carole on Vimeo.

  • Toujours ensemble

    Ensemble? Pas de siège pour le public dans cette salle, nous partageons l’espace de plain-pied avec les artistes, cherchons notre place avec eux. Les danseurs posent au sol une mer de plastique, l’agitent de vagues. Tempête. Je sens les coups de vent. Il n’y a plus rien qui tienne. Une femme s’y aventure, est ballotée d’une rive à l’autre, perd pied, ruisselle, lutte en vain, corps chahuté. La scène est violente, poignante, directe. Forte avec peu. La femme est nue, je pense au dénuement. Elle se noie, je pense aux migrants. Elle est rejetée par les autres des deux côtés, je pense à tous ceux qui ne trouvent pas de place. D’autres lui succèdent sur cet océan, les uns contre les autres, mais s’épuisent en courses et luttes intimes et fratricides, éperdues, sans raison. La dernière scène nous apaise, quand les danseurs nous font nous lever pour disposer partout dans la salle des ballons d’eau-nous redéfinissons ainsi l’espace avec eau. Puis ils rampent pour les éclater. Ils se regroupent, tribu de chair, nous autour d’eux. Le monde retrouve un peu de paix.

     

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    Pindorama de Lia Rodrigues, vu le 21 novembre au théâtre de la cité internationale avec le festival d’automne à Paris. Jusqu’au 26 novembre, puis au 104 du 28 au 30 novembre et à L’apostrophe le 3 décembre.

    Guy

    photo par sammi_landweer avec l'aimable autorisation du T.C.I.

    Sur le blog, à propos de Ce dont nous sommes fait.

    Et à propos de Pororoca

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  • Juliette et Juliette

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    Bulles à mâcher, bulles à claquer, pyjama rose et poses en douceurs, pas si loin l’enfance, mais bientôt le temps de se rencontrer. Elles s’évaluent nues, surprises et chairs à claquer, explorations en miroirs. Masculines, féminines, du portique tombent des choses molles, couleurs passées, des dessous où s’y glisser, s’y déguiser. Elles s’élèvent, flottent comme des bulles de savon, Juliette au balcon et Roméo réinventée, oiseaux moqueurs, cochons pendus et beautés détendues. Billie Holiday chante en prélude à une belle nuit d’automne, je digresse, et je régresse, je me régale lorsque Katalin Patkaï affine encore son ironie, son ton. Douce piquante, elle enchante.

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    Etape de création de Roméo et Juliette (titre provisoire) de Katalin Patkaï et Ugo Dehaes avec Katalin Patkai et Justine Bernachon,vu au Générateur de Gentilly dans le 19 octobre dans le cadre du festival Frasq.

    Guy

    Photos (droits réservés) avec l'aimable autorisation de la compagnie.

  • Aveuglé

    A travers l’effraction de l’oubli, je la voyais émerger des origines, ce nu(e) muet la découvre futuriste, forme frêle projetée dans un avenir glacé. Avec la même intensité, la même etrangeté. Sa nudité m’aveugle, et les lumières qui explosent en flashs, déchirent l’obscur, bien plus vite que nos pensées et font fuir les épileptiques. Lentement des torsions l’étirent encore, impudique, le corps scanné d’un laser vert. Pour l’identifier, la cataloguer, la réduire ? Impossible bien sûr, l’insaisissable s’enfuit vers l’asymptote de la nudité.

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    Nu(e) muet de Camille Mutel, vu le 18 octobre au théatre de l’étoile du nord.

    Guy 

    Photo (droits réservés) avec l'aimable autorisation de la compagnie Li Luo

  • Sujet imposé

    Le sujet de cette création, dont je vois ce soir la première partie, est la naissance. Rien ne m'aurait permis de le deviner. A la voir, cette danse constituerait un travail avant le travail, une préparation, une mise en condition... Je lis le sujet et je l'oublie, n'ose pas me raconter une autre histoire. Reste, et c'est déjà beaucoup,  de l'ivresse et de la fascination, devant des mouvements résolus et répétés, d'un corps bien campé au sol. Il y a de la force dans l'acceptation d'autre chose, cela je le ressens.

    Noli me tangere from Les Décisifs / Clara Cornil on Vimeo.

     

    Noli Me tangere de Clara Cornil, vu le 18 octobre au théatre de l'étoile du nord .

    Guy

    lire aussi Pose #1

  • On tourne en rond

    Le prologue nous a assourdis de coups de tambour, puis d'un déferlement sonore produit par les danseurs qui nous tournent le dos. Enfin ils nous font face, masqués, dépersonnalisés. Pas de communication. Puis ils tournent en rond, comme des damnés, ne s'autorisent que quelques variations. A lire la feuille de salle, cet enfermement, cette ronde carcérale a à voir avec la condition humaine. Il s'agirait de la commémoration d'une bataille, la malédiction des morts pèse sur les vivants. Je refuse. Mais suis coincé sur ma chaise, par la convention que j'ai acceptée de ne pas partir en cours de spectacle. Cette répétition, cette fatalité m'appauvrit, imaginaires bouchés. Yeux fermés, je tente de m'abstraire, de m'échapper. 

    Matadourou de Marcelo Evelin, vu le 14 octobre au théâtre de la cité internationale , avec le festival d'automne à Paris

  • Corps d'amateurs

    Si pour un amateur monter sur scène est un défi, y aller à poil, est-ce ajouter à la difficulté ou un moyen de se libérer? Les performeurs d’un soir rassemblés par Enna Chaton sont nus, la photographe n’est pas en reste, et il fait tellement chaud qu’il s’en faut de peu que les spectateurs eux aussi se jettent à l’eau. Mais ils restent sagement à observer, de plain pied, ces beaux tableaux vivants avec accessoires de cartons, plutôt naïfs, ironiques et bon enfant, construits de corps des deux genres en leur désarmante vérité, jeunes ou vieux, minces ou gros, fins ou musclés. Tous fiers et affirmés. La nudité est démystifiée. Chacun des spectateurs doit être consolé de ne pas se sentir soi-même un top model.  Et à la sortie on spécule pour savoir dans quelles conditions l’on consentirait de même à se dévoiler. 

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    Le corps de Corinne Dadat, 50 ans, femme de ménage, est moins performant selon les critères du spectacle vivant- tests objectifs de souplesse à l’appui- que celui de la danseuse Elodie Guézou. Mme Dadat le reconnait volontiers, mais juge son propre métier plus utile, bien que personne ne l’applaudisse quand elle nettoie les chiottes. Charmée par le lac des cygnes, elle esquisse ce soir quelques pas, d’une beauté soudaine. Qu’en est-il des gestes de son travail quotidien, pourquoi et comment les montrer sur scène? Les deux femmes s’y emploient ensemble : Corinne joue du seau d’eau et du Kärcher, Elodie s’engage de tout son corps, devient à terre serpillère humaine. La belle rencontre se fait, sans s’affadir de bons sentiments.

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    I feel Awkwad (Je me sens maladroit(e)) d’Enna Chatton et Corps de Ballet de Mohamed El Khatib, vu le 11 octobre à la Loge dans le cadre du festival Zoa.

    Guy

     

     

    Photos d'Enna Chaton et de Marion Poussier avec l’aimable autorisation de Zoa.

    Enna Chaton présente une autre performance, son nombre est rose, au festival Frasq le samedi 19 octobre (Générateur de Gentilly)

  • A peine

    Une caresse, un baiser s’esquissent. Sans s’accomplir. Sensualité retenue. Les deux danseuses bougent et s’observent en miroir. La lumière, personnage aussi, vient en troisième, concentrée, économe. Portée à bout de bras. Mon regard de spectateur est dirigé, mais sans violence, du clair d’un visage à l’obscur de l’autre avant le renversement de la perspective. Le temps de s’habituer à cette délicate attente et la performance s’éteint vite, trop vite, c’est sa force et sa faiblesse. Sans doute son principe même de disparaitre avant l’évènement. Fragile comme le désir.

     

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    Imminence de Mélanie Perrier, vu le 7 octobre à la Loge en ouverture du festival Zoa.

    Guy

     

    Photo par Mélanie Perrier avec l'aimable autorisation de Zoa

  • Harmonie

    Au commencement il y aurait une idée parfaite: une sphère- rien de plus beau dans la simplicité-, Jésus Sevari s’y glisse avec respect, s’y fond, l’épouse, jamais ne l’épuise. Apparaissent les correspondances arrondies entre les formes de dehors, les gestes de dedans, harmonie. Les lignes rendues apparentes soulignent les trajectoires dans l’invisible. Les notes de Cage tournent. C’est doux et dense, respectueux, apaisé. Cette symbiose m’inspire une rêverie, un dialogue d’équilibre entre le globe et l’humanité qui s’y est abritée.

     

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    Exagium de Maria Jesus Sevari, dispositif créé par Yann Le Bras vu aux Plateaux du Val de Marne le 28 septembre

    Guy

     

    Photo de Yann Le Bras