Une puis deux puis trois potiches qui mangent des chips, plantées face au public. Faute de mieux on scrute très attentivement le très peu qui est donné à regarder: micro-gestes et minimales mimiques, mouvements des sourcils et du poignet, comme autant de messages sociaux ordinaires et insignifiants, autant d'attitudes situées quelque part entre une effronterie gamine et une insouciance un peu idiote. Cela dure et pourrait- pourquoi pas- durer encore plus longtemps, c'est peut -être pourtant la séquence la plus significative de la performance: un exposé -catalogue de stéréotypes féminins, inscrits dans les gestes les plus infimes.
On passe après très logiquement à l'audition des futures stars. La déclinaison des clichés devient plus choc et chic. Postures rocks et micro empoignés dans le vent, poses aguicheuses. Le désir est si manifestement mimé, version clip publicitaire, qu'il est clair que c'est la représentation qui est jouée, sans épaisseur aucune, et plus rien du tout de la chose en elle-même. On continue impeccablement dans la même veine cynique, par un sage effeuillage dansé, avec de jolis effets de noir et de lumière tels ceux que les usines d'érotisme pour cars de touristes ont depuis longtemps épuisés.
Tout cela est bien vu mais bien vain. On touche vite aux limites du projet, que l'humour et la connivence ne suffisent pas à sauver. A vouloir représenter les codes sans prendre de distance, on ne construit plus de différence entre le stéréotype et sa représentation artistique. Sur un thème voisin, avec Beauté Plastique, Ferron et Unger réussissaient une vrai création, le trouble en plus. Ici veut-on nous amener à réfléchir sur des sujets qui nous paraissent déjà tout réfléchis? Nous conforter dans la résolution de ne jamais regarder la télévision, en nous montrant déclinés sur scène les mêmes clichés que sur écran, perdus quelque part entre premier et second degré? Ou est-ce pour démontrer que l'on peut nous transformer en misogyne en 40 minutes?
C'était A.C.T. ♥♥ d'Alexandra Bachzetsis, avec Alexandra Bachzetsis, Lies Vanborm et Tina Bleuler, au Centre Culturel Suisse.
Guy
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dessous, au dessus, autour, par basculements gracieux, d'un étrange hamac en équilibre entre ciel et terre. Une juste place enfin trouvée. Lenteur et sérénité. La suspension devient rêverie, sublimée par les jeux de lumières. Une fois redescendue sur scène, la danseuse revient vers nous au plus près et au plus simple. Tout pathos ici est absent, un temps pour la sérénité, cette danse nous apaise, son calme est contagieux.
mort au fond de la scène, alors que l'accordéon joue le vent. Après l'évocation de l'origine du monde d'une soudaine violence, la robe devient lourde et mouillée, pèse sur le corps et l'existence. Agitée par les soubresaults du dialogue furieux entre les décharges sonores émises par 
douloureuse. Il porte une mémoire de 30 ans de parcours artistique et humain, qui nous relie par lui à la mémoire des premiers maîtres du buto. Pour une danse au delà des modes et des compromissions, au delà des tentations du spectaculaire et du divertissement. Une leçon de pure humanité, et de survie ordinaire. D'une lenteur assumée. Le poids de l'histoire est-il trop lourd? Progression incertaine, ivre, chancellement, chute brutale, terrible effondrement sous le poids des caractères japonais, inscrits sur des bandes de papier attachés à son corps. Songe allongé, sombres tentations, plaisir, colère, douleur. Mais l'humanité se reconstitue à terre de ses propres débris, tremble, réussit à se relever. Pour combien de temps?