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Rechercher : Point Eph%C3%A9m%C3%A8re

  • Mythique

    D’une année l’autre, sur un tel solo, le regard se déplace, se laisse surprendre. Tant le corps vu ici, si dense et lent, lui s’obstine. Depuis l’extrait vu au printemps dernier, mon attention porte moins sur l’objet, et plus sur le phénomène, s’échappe de ce qui est vu vers ce qui ne se laisse pas saisir, Eurydice

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    La proposition me semble moins érotique, plus essentielle et énigmatique. La nudité n’est pas la vérité. Rien de la danseuse ne se dérobe, tout d'elle se déforme. L’imaginaire ne peut alors se nourrir de rien de caché, sur la peau il fait réfraction, mais ainsi s’enrichit. La théâtralité revient par la lumière, qui décompose, morcèle les framents d’une potentielle identité. Modèle la succession des postures clouées à terre, trouble et nous emmène dans d’étranges territoires. Du plus organique au plus plastique. Le visage reste un masque, mais je ressens que les mouvements convergent peu à peu vers la construction d’un tout, d’une conscience de soi et du monde, avec nous dans un échange muet. Le corps accède à la verticalité. Le masque tombe, révèle l’humanité.

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    De cette sobriété, de ces points de départ, au long de ce parcours sur le fil, si fragile, chacun peut recréer de son regard. Je vois une histoire d’origines. Un corps premier qui littéralement nait de l’obscurité, au début des temps dans le fracas d’un accord fondateur, suivi d’éclairs de décharges d’énergie. .. Des transformations. Des effarements et des soubresauts, la vision blafarde d’organes reptiliens, l’évidence de la structure des os qui affleurent sous la peau, avant que ne s’installe la chair, que s’incarne l’âme. Jusqu’à se révéler en l’idéal d’un corps entier et antique, lisse et asexué comme une statue sans aspérités, paradoxal, à la fois femme et déesse, concrète et abstraite, nue et révélée mais épurée et inaccessible par cette distance invisible entre l'être et sa représentation, dans l'ambiguité.

    C’était l’Effraction de l’Oubli de et par Camille Mutel, vu à Mains d’Oeuvres dans le cadre du festival Incandescences.

    Photos d'A.V. Tisserand avec l'aimable autorisation de la compagnie

  • Des regrets: Charmatz's Best of Cunningham

    Je cherchais cet aprés-midi du neuf, mais Flip Book de Boris Charmatz s'avère être un avatar de 50 ans de danse, déja vu cette saison au Théâtre de la Ville. Il s'agit là encore de la réinterprétation dansée des photos d'un livre consacré à Merce Cunningham, tourné page aprés page. Jouée cette fois-ci en plein air et sur gazon, les corps des interprêtes bien petits confrontés aux tours de la Défense. Je suis gagné comme en salle par le même désintéret, juste distrait par les télescopages musicaux, quelques extravagances et pointes d'impertinences. Il y a au départ une idée inattendue (Chamartz n'en manque pas), mais je ne parviens pas à l'oublier pour gouter au résultat. Dois je regarder cette proposition comme un hommage, une entreprise de sauvegarde? L'an dernier avec Charmatz je comprenais mieux Hijikata, aujourd'hui je n'apprends rien de Cunningham. Dans le genre rétrospectif, je préférais les insolentes évocations de Pina Bausch vues à Artdanthé, tournées vers le présent. S'agit-il d'un simple exercice de style?  Dans l'art de remplir les vides entre les arrêts sur images, le travail d'Hermann Diephuis me semblait plus convaincant. Ici la contrainte semble figer les images, le mouvement entre elles ne reste qu'un passage. Les clichés figés dans le passé, comme l'album photo d'une famille qui ne serait pas la mienne. Je prends conscience alors de ce qui me gêne, la sensation d'assister par erreur à un spectacle de danseurs pour danseurs, exclusivement.

    C'était, de Boris Charmatz, Flip Book , vu sur l'Esplanade de la Défense avec le festival Seine de Danse et 50 ans de Danse, vu au Théatre de la ville

    lire aussi,  le tardorne et images de danse

  • Infiniment

    Non Finito, à nouveau Paco Decina, et tout de suite de délicieux paradoxes. Ce soir ni paroles, ni narration, ni gimmick, ni effet d'annonce, ni même un thême clairement identifiable: le corps et les mouvements sont remis au centre du jeu, mais pour bientôt se faire oublier. Toute virtuosité, toute performance physique escamoté, rien à voir avec ces ennuyeuses pièces de danse dansée par des danseurs pour être vue par des danseurs. Tout à voir pour imaginer. Il me faut me souvenir des répétitions de Fresques auxquelles j'avais eu la chance d'assister  pour fugacement reconnaître la trace des gestes familiers, de la signature, de tel ou tel interprête. Je devine tout le travail de polissage qui est intervenu ensuite. Jusqu'à ce point de fuite. L'important, c'est le suggéré, en suspend. Cette pièce ressemble à un petit frêre de Fresques, en quelque sorte, avec presque la même équipe artistique, et le regard détourné sans violence vers le hors-champs. Tout en étant fondamentalement different, avec plus d'apretés, de tensions, de souples agitations. Les duos glissent sans se heurter, en rapports esquissés, la lumière et la vidéo remettent en cause les structures, et matières déssinées par les formes, en lignes vivaces et échos déformés. Pour nous faire entrevoir impossible l'espace qui vit entre les mouvements.

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    A force de croire à l'invisible, Paco Décina réussit presque à nous le fait deviner. A nos regards de s'emporter et créer la suite, à n'en jamais finir, non Finito

    C'était Non Finito, de Paco Decina, vu au Théatre Jean Vilar de Vitry avec la 16eme Biennale de danse du Val de Marne.

    Guy

    lire aussi...Paris Match et Main tenant.

    La biennale se poursuit jusqu'au 2 avril.

    photo par Laurent Pailler avec l'aimable autorisation de la compagnie.

     

  • Voir, Jouir.

    Au commencement les gestes et voix flottent, obscurs, rêvés…  A rappeler les belles images des Murènes- la pièce précédente de la compagnie. Mais vite, une autre direction est prise: primauté au texte de Racine, implacable et linéaire, qui structure le récit sans répit. Autour de cette ligne de force, les images se fragmentent. Elles nous piègent au cœur du sujet: l’obsession du pouvoir, au point où la vérité se dissout et où s’assèche l’humanité. Les vers s’écoulent clairs et nets mais le rêve du pouvoir désincarné devient aussi onirique qu’en cauchemar.

     

    photo Britannicus 1 @ Svend Andersen.JPG

     

    La première des réussites est ici de conjuguer intelligence et intelligibilité : ce Britannicus abrégé en quelques plans rapprochés, concentré en 1H30 et 5 acteurs, se laisse saisir sans difficultés, et dans ses implications contemporaines. Le pouvoir jouit ici de voir, non de toucher. Néron exsangue manipule à distance ses pantins prisonniers de l’œil de la camera, agités et impuissants: une Junie charnelle et frémissante, un Britannicus physique, impétueux…. Les jeux et voix sont matures et bien ajustés. Dans cet espace concentré, les corps de ceux qui prétendent vivre libres ne peuvent échapper pas aux regards de ce nouveau docteur Mabuse. Ils n’échappent non plus à l'avidité de nos yeux, autant en chaleur et proximité que les vers de Racine s’élèvent vers l'esprit avec distance et hauteur. Le souverain entend tout et en dit de moins en moins, la possession maladive tenant lieu de passion, l’homme n’est rien et sa puissance ne se nourrit que de rester mystérieuse. Toute ressemblance avec le règne de souverains pas si lointains et informés de tous les secrets ne serait que le fruit de mon imagination. Dans l’ombre du palais se glissent les conseillers et visiteurs du soir, qui tissent des intrigues à tiroirs, au fil d’alexandrins qui scandent l’histoire sans espoir de retour.

    C’était Britannicus plans rapprochés de Racine m.e.s. par Laurent Bazin, à la loge, jusqu’au 19 mai.

    Photos de Svend Andersen avec l’aimable autorisation de la loge

  • Géometrie dans l'espace

    Dans cette ronde tournent cinq hommes, trois femmes, il y a donc une multiplicité de possibiltés. Le triangle amoureux n'est qu'une parmi les options. En apparence la narration se distribue d'abord sur quatre cotés, en quatre récits étanches et parrallèles , de passion, de sexe, de trahisons et deceptions.

    Christophe Maltot, Julien Allouf.jpg

     

    Mais progressivement ces dimensions se rapprochent et rencontrent, tout bouge dans le même espace infini autour des personnages et en tous sens, murs et planchers: lit roulants, bureaux volants, fauteuils qui se gonflent, panneaux glissants, alcôves multifonctions, parois qui tombent pour réveler sur l'autre face un parterre de gazon, sol qui se penche, chambre close et pentue aux perspectives inquiétantes. Cette pièce est construite en colimaçon, en fractale, en spirale qui s'emballe, tourne sur elle-même. Les situations s'y répétent et s'accélèrent, les mêmes mots de plus en denses jusqu'à être réduits en lettres lettres de néon qui tombent en un désordre lumineux. Le carré est cassé. Les angles cruels se resserrent autour des protagonistes, Les récits quittent un plan d'abord banal et psychologisant, qui met notre patience à l'épreuve, jusqu'à atteindre un sommet de poésie lors de la compression finale. C'est alors étourdissant. Toutes les équations amoureuses obéissent ici toutes à la même logique de destruction, aboutissent au même résultat: un saut dans le vide ou coup de revolver, point final.

    C'était La Ronde du carré de Dimitris Dimitriadis , m.e.s. par Giorgio Barberio Corsetti à l'Odéon.

    guy

    photo d'Alain Fonteray avec l'aimable autorisation du théatre de l'Odéon

  • Mildred Rambaud: la femme et l'objet.

    Avant, glaise et peau ne faisaient qu'un, ici ce soir l'objet est de papier, blanc plié, sec, net, extérieur, delimité. Pourtant en continuité avec la robe immaculée, toujours tenu au corps, tout contre, lié. Il semble un prolongement protéiforme: vêtement, fardeau, membre, aile, paravent... 

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    Un objet chéri, précieux, une pensée matérialisée, un double inerte, un être aimé... Qui des deux se fait prisonnier de l'autre? Notre regard avec le corps dans la blancheur confond l'objet, abolit les limites entre eux. Dans ce trouble, peu de mouvements. Sur ce peu d'espace un lent renoncement: le corps inquiet porte l'objet, dans l'inconfort, le regard abandonné le long d'un chemin de croix détaché. De stations en stations, ce transport d'émotions ne dure que dix minutes d'une sourde lenteur, contenue, entretenue dans l'espace sonore par des pulsations engourdies. Le poids du papier s'accroit jusqu'au déséquilibre, la tête penche, dans un vertige contagieux, le corps plie aussi. Jusqu'au sol, toujours portant le papier plié, lui s'ouvre et se déploie en corolle au coeur des jambes nues. C'est d'une simplicité résolue, d'une puissante évocation.

    C'était Porter papier plié de Mildred Rambaud, créé à Point Ephémère, revu dans le cadre du 54e salon d'art contemporain de Montrouge, à la Fabrique.

    Guy

    lire aussi: pot.

    Photo (D.R.) avec l'aimable autorisation de Mildred Rambaud

  • Goldoni: les vacances ne sont pas finies

    A quelle époque sommes nous ici? Textuellement vers 1761 en compagnie du vénitien Goldoni, mais aussi quelque part au début du siècle dernier à se laisser guider par les manières et les costumes- charme discret de la nostalgie-, et tout autant ici et maintenant, dans cette salle du T.N.O. où plus qu'ailleurs se fait oublier la distance entre le public et la scène, lorsque les spectatrices d'un certain âge continuent à papoter alors que les acteurs en domestiques s'affairent comme si de rien n'était à la préparation des valises.

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    En vérité nous sommes ce soir à la veille des vacances de tous temps- celle des riches évidemment. Dehors, ou bientôt: la crise. Mais l'important c'est une fois encore de partir, de jouir du sursis de l'été. En attendant la faillite, tels des personnages de Scott Fitzgerald ou du Jean Renoir de La Règle du Jeu, on se grise à crédit de vins légers, d'apparences et de frivolités. Même, entre l'essayage des dernières robes à la mode, une tasse de chocolat relevée de quelques médisances et une partie de cartes, on croit s'aimer. Mais dans les amères limites des conventions et des intérêts bien compris.

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    Cela pourrait être déja vu et trop attendu, si ce n'était joué délicieusement léger, d'un élégant réalisme, toutes âmes vouées aux désillusions, les domestiques juste un peu plus lucides que les maîtres. La gravité et la noirceur se laissent juste deviner en filigrane. Epurée également de ce qui la déséquilibrerait trop ouvertement coté mélodrame ou bouffonnerie, l'œuvre en trois parties se savoure comme en creux. Ce théâtre est subtilement politique, l'air de ne pas y toucher, avec plus de portée que si avaient été employées des lourdeurs pasoliniennes. Parce qu'on se surprend à s'attacher à ces personnages pourtant dépeints sans concessions. Vrais à un point qu'ils nous inspirent indulgence et tendresse, nous rendent accros à ce sitcom avant la lettre, une comédie douce-amère comme les Woody Allen dernière manière. On ne supporterait pas de manquer un seul épisode de cette trilogie: plus qu'une consolation, pour une rentrée contrariée.

    C'etait la Trilogie de la Villégiature, de Goldoni, traduite, adaptée, mise en scène par Carlotta Clerici (Théâtre Vivant), rediffusée en alternance au Théatre du Nord Ouest  jusqu'au 2 octobre.

    Guy

    lire aussi: Martine Silber

    photos (Droits Réservés) vec l'aimable autorisation de Carlotta Clerici.

  • Durif: Textes hors Champ

    Quand dehors et sur les écrans se donnent à voir toutes les horreurs, à quoi servent encore les tragédies, et les poètes aussi? L'actrice, hors de scène, nous réserve ce soir un accueil bousculé s25791726041_4381.jpgà nous demander si l'on connait l'histoire d'Oreste- et d'ailleurs peu importe- puis à nous placer d'autorité sur un coin de banquette. Tout est ici question de place ou de point de vue: le texte aussi joue à être dedans et dehors à la fois, à s'étonner de nos attentes. Les meurtres ne seront pas montrés, ni ceux d'avant, ni ceux d'après. Plus besoin. Pour mieux s'attarder sur ce qui en chemin peut- on non- se passer. D'une langue délicieusement incorrecte, qui ose la liberté, tout en chocs, ruptures et fausses pistes, en ironie désabusée. Les rôles sont allusifs, Oreste erre dans ce labyrinthe de la fatalité, où ne le guident pas la Fille et le Guide Coryphée. Souffre et baise en chemin, mais l'érotisme est à jamais interrogatif, douloureux. Cassandre- en rouge appuyé- ne sait plus au juste pourquoi pleurer, mais sait bien encore comment, imprévisible, et peut-être trop triste pour se prendre au sérieux. Musiques et surprises se heurtent sur un mode mélancolique et grotesque, étonnent sans expliquer. On nous interpelle droit dans les yeux pour nous rappeler que tout celà n'est qu'un jeu. La mise en scène est encore verte, quoique plutôt moite aussi. C'est qu'il y a un poil trop d'idées et d'impatience, et l'envie de tout essayer. Mais on les suit sur ce chemin aussi. Tant les outrances forment un tout juste, et étonnamment joyeux.  

    C'était Meurtres Hors Champ d' Eugène Durif, mis en scène et interprété par Sophie Anselme, Clémence Labatut,  Clément Bayart, Sophie Berneyron, à l'AKTEON THEATRE avec le festival d'été jeunes compagnies. Jusqu'à samedi.

  • Veronica Vallecillo: surveiller la chute

    C'est un travail en cours, qui court fébrilement et va se heurter avec énergie, mais déja très élaboré, en bordure de beaucoup de genres: tout 1771396240.2.jpgsemble se propager du centre, du regard de la danseuse, intense, hagard, fier, fiévreux? Un regard presque furieux, qui part en vol pour ne plus s'arrêter, on guette la chute promise dans le titre. Plutôt d'abord on est soi même assez secoué à force de remarquables vibrations: Veronica Vallecillo martèle sans relâche le sol de coup de talons néo-flamenco, et le cataclysme se propage irrésistiblement. La danseuse est vetue code noir baroque, bottines- mais sans ailes de géants-, trés dense, main peinte en rouge, poitrine en transparence gazée. On est déstabilisé aussi par, projetées sur le fond, des images de chutes et ascensions, d'immeubles qui défilent au vertical, vertigineusement. V.V., devant, vole par transparence. Pour la recadrer: deux personnages, d'abord à la vidéo et la batterie histoire de relancer la pulsation, V.V. en est alors projetée vers d'autres danses. Qui a dit Hip hop? Les assistants interviennent par la suite plus physiquement, pour contrôler ou aider l'artiste, on ne sait, c'est en tous cas entre eux trois un rapport intéressant, qui évolue ou dérive en un cérémonial curieux: les deux deviennent officiants d'un rituel inédit et un peu sulfureux: notre sujet toujours provocante et maintenant yeux bandés marche sur des têtes de plâtre, guidée par ses comparses courbés. Troublante encore, elle tombe plus tard , en passivité... mais c'est tout pour le moment, la suite parait il pour plus tard en Avignon. Frustrations!

    C'était une étape de travail de Solo sous surveillance, Alb'atroz II, le temps de la chute, par Veronica Vallecillo-Cie Anouchka Vallon , avec Uriel Barthélémi et Elise Boual, à Point Ephémère.

    Guy

    P.S. : et un peu de video ici

    photos de Veronica Vallecillo avec l'aimable autorisation de Myriam Martinez

  • Un Ange punk

    Elle surgit brute, regard baissé, indéfinie, perdue. A ses pieds laisse tomber son survet. Flotte un temps mal dégrossie, en pull informe et slip kangourou, les plis mous mais déjà dedans tendue, habitée d'énergie, à vue.

    Il lui suffit de lever un bras pour nous clouer. Le bras à sa suite la soulève et elle est comme mystique. Telle une Thérèse prête à léviter, déjà sur la pointe des pieds. D'un coup une décharge d'accordéon emplit tout, dans cette petite salle, devient les grandes orgues d'une cathédrale intérieure. Bave aux lèvres, son extase portée à deux doigts de l'idiotie. Son corps est superbe dans sa gaucherie retrouvée et offerte: bancale et poils aux pattes, l'air d'un garçon. Buté, osé. Sa passion déferle. La suite est déchaînée, soucis de soi rejeté aux orties. L'être libre s'extirpe par la musique: Parle attaque, fait fuir encore quelques oreilles, trop fragiles, vers la sortie, accompagnées d'yeux effarouchés. Elle: ses mouvements déraisonnés la font se perdre et s'écrouler, se tordre, se retourner, nous entraîner avec elle hors de contrôle, loin de la culture, s'abîmer contre les murs, les fenêtres et toutes les limites, contre le sol s'éprouver. Le pull y devient camisole, dont elle ne peut jamais tout à fait se libérer. Canette aux lèvres, l'ange ivre erre encore, se cogne la chair à se blesser, la bière gicle. Où va-t-elle ? Vers la douleur, la vérité ?

    Ce quart d'heure de dangers nous guérit d'éternités de théâtre poussif.

    C'était Avant que les brumes de l'automne se dissolvent de Marianela Léon (danse) et Claude Parle (Accordéon), à la Petite Rockette , 6 rue Saint Maur, Paris XI° dans le cadre des rencontres Butoh Ouvert. Prochaine date le 19 décembre.

    Guy