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Rechercher : Point Ephémère

  • Infiniment

    Non Finito, à nouveau Paco Decina, et tout de suite de délicieux paradoxes. Ce soir ni paroles, ni narration, ni gimmick, ni effet d'annonce, ni même un thême clairement identifiable: le corps et les mouvements sont remis au centre du jeu, mais pour bientôt se faire oublier. Toute virtuosité, toute performance physique escamoté, rien à voir avec ces ennuyeuses pièces de danse dansée par des danseurs pour être vue par des danseurs. Tout à voir pour imaginer. Il me faut me souvenir des répétitions de Fresques auxquelles j'avais eu la chance d'assister  pour fugacement reconnaître la trace des gestes familiers, de la signature, de tel ou tel interprête. Je devine tout le travail de polissage qui est intervenu ensuite. Jusqu'à ce point de fuite. L'important, c'est le suggéré, en suspend. Cette pièce ressemble à un petit frêre de Fresques, en quelque sorte, avec presque la même équipe artistique, et le regard détourné sans violence vers le hors-champs. Tout en étant fondamentalement different, avec plus d'apretés, de tensions, de souples agitations. Les duos glissent sans se heurter, en rapports esquissés, la lumière et la vidéo remettent en cause les structures, et matières déssinées par les formes, en lignes vivaces et échos déformés. Pour nous faire entrevoir impossible l'espace qui vit entre les mouvements.

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    A force de croire à l'invisible, Paco Décina réussit presque à nous le fait deviner. A nos regards de s'emporter et créer la suite, à n'en jamais finir, non Finito

    C'était Non Finito, de Paco Decina, vu au Théatre Jean Vilar de Vitry avec la 16eme Biennale de danse du Val de Marne.

    Guy

    lire aussi...Paris Match et Main tenant.

    La biennale se poursuit jusqu'au 2 avril.

    photo par Laurent Pailler avec l'aimable autorisation de la compagnie.

     

  • Voir, Jouir.

    Au commencement les gestes et voix flottent, obscurs, rêvés…  A rappeler les belles images des Murènes- la pièce précédente de la compagnie. Mais vite, une autre direction est prise: primauté au texte de Racine, implacable et linéaire, qui structure le récit sans répit. Autour de cette ligne de force, les images se fragmentent. Elles nous piègent au cœur du sujet: l’obsession du pouvoir, au point où la vérité se dissout et où s’assèche l’humanité. Les vers s’écoulent clairs et nets mais le rêve du pouvoir désincarné devient aussi onirique qu’en cauchemar.

     

    photo Britannicus 1 @ Svend Andersen.JPG

     

    La première des réussites est ici de conjuguer intelligence et intelligibilité : ce Britannicus abrégé en quelques plans rapprochés, concentré en 1H30 et 5 acteurs, se laisse saisir sans difficultés, et dans ses implications contemporaines. Le pouvoir jouit ici de voir, non de toucher. Néron exsangue manipule à distance ses pantins prisonniers de l’œil de la camera, agités et impuissants: une Junie charnelle et frémissante, un Britannicus physique, impétueux…. Les jeux et voix sont matures et bien ajustés. Dans cet espace concentré, les corps de ceux qui prétendent vivre libres ne peuvent échapper pas aux regards de ce nouveau docteur Mabuse. Ils n’échappent non plus à l'avidité de nos yeux, autant en chaleur et proximité que les vers de Racine s’élèvent vers l'esprit avec distance et hauteur. Le souverain entend tout et en dit de moins en moins, la possession maladive tenant lieu de passion, l’homme n’est rien et sa puissance ne se nourrit que de rester mystérieuse. Toute ressemblance avec le règne de souverains pas si lointains et informés de tous les secrets ne serait que le fruit de mon imagination. Dans l’ombre du palais se glissent les conseillers et visiteurs du soir, qui tissent des intrigues à tiroirs, au fil d’alexandrins qui scandent l’histoire sans espoir de retour.

    C’était Britannicus plans rapprochés de Racine m.e.s. par Laurent Bazin, à la loge, jusqu’au 19 mai.

    Photos de Svend Andersen avec l’aimable autorisation de la loge

  • Géometrie dans l'espace

    Dans cette ronde tournent cinq hommes, trois femmes, il y a donc une multiplicité de possibiltés. Le triangle amoureux n'est qu'une parmi les options. En apparence la narration se distribue d'abord sur quatre cotés, en quatre récits étanches et parrallèles , de passion, de sexe, de trahisons et deceptions.

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    Mais progressivement ces dimensions se rapprochent et rencontrent, tout bouge dans le même espace infini autour des personnages et en tous sens, murs et planchers: lit roulants, bureaux volants, fauteuils qui se gonflent, panneaux glissants, alcôves multifonctions, parois qui tombent pour réveler sur l'autre face un parterre de gazon, sol qui se penche, chambre close et pentue aux perspectives inquiétantes. Cette pièce est construite en colimaçon, en fractale, en spirale qui s'emballe, tourne sur elle-même. Les situations s'y répétent et s'accélèrent, les mêmes mots de plus en denses jusqu'à être réduits en lettres lettres de néon qui tombent en un désordre lumineux. Le carré est cassé. Les angles cruels se resserrent autour des protagonistes, Les récits quittent un plan d'abord banal et psychologisant, qui met notre patience à l'épreuve, jusqu'à atteindre un sommet de poésie lors de la compression finale. C'est alors étourdissant. Toutes les équations amoureuses obéissent ici toutes à la même logique de destruction, aboutissent au même résultat: un saut dans le vide ou coup de revolver, point final.

    C'était La Ronde du carré de Dimitris Dimitriadis , m.e.s. par Giorgio Barberio Corsetti à l'Odéon.

    guy

    photo d'Alain Fonteray avec l'aimable autorisation du théatre de l'Odéon

  • Goldoni: les vacances ne sont pas finies

    A quelle époque sommes nous ici? Textuellement vers 1761 en compagnie du vénitien Goldoni, mais aussi quelque part au début du siècle dernier à se laisser guider par les manières et les costumes- charme discret de la nostalgie-, et tout autant ici et maintenant, dans cette salle du T.N.O. où plus qu'ailleurs se fait oublier la distance entre le public et la scène, lorsque les spectatrices d'un certain âge continuent à papoter alors que les acteurs en domestiques s'affairent comme si de rien n'était à la préparation des valises.

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    En vérité nous sommes ce soir à la veille des vacances de tous temps- celle des riches évidemment. Dehors, ou bientôt: la crise. Mais l'important c'est une fois encore de partir, de jouir du sursis de l'été. En attendant la faillite, tels des personnages de Scott Fitzgerald ou du Jean Renoir de La Règle du Jeu, on se grise à crédit de vins légers, d'apparences et de frivolités. Même, entre l'essayage des dernières robes à la mode, une tasse de chocolat relevée de quelques médisances et une partie de cartes, on croit s'aimer. Mais dans les amères limites des conventions et des intérêts bien compris.

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    Cela pourrait être déja vu et trop attendu, si ce n'était joué délicieusement léger, d'un élégant réalisme, toutes âmes vouées aux désillusions, les domestiques juste un peu plus lucides que les maîtres. La gravité et la noirceur se laissent juste deviner en filigrane. Epurée également de ce qui la déséquilibrerait trop ouvertement coté mélodrame ou bouffonnerie, l'œuvre en trois parties se savoure comme en creux. Ce théâtre est subtilement politique, l'air de ne pas y toucher, avec plus de portée que si avaient été employées des lourdeurs pasoliniennes. Parce qu'on se surprend à s'attacher à ces personnages pourtant dépeints sans concessions. Vrais à un point qu'ils nous inspirent indulgence et tendresse, nous rendent accros à ce sitcom avant la lettre, une comédie douce-amère comme les Woody Allen dernière manière. On ne supporterait pas de manquer un seul épisode de cette trilogie: plus qu'une consolation, pour une rentrée contrariée.

    C'etait la Trilogie de la Villégiature, de Goldoni, traduite, adaptée, mise en scène par Carlotta Clerici (Théâtre Vivant), rediffusée en alternance au Théatre du Nord Ouest  jusqu'au 2 octobre.

    Guy

    lire aussi: Martine Silber

    photos (Droits Réservés) vec l'aimable autorisation de Carlotta Clerici.

  • Durif: Textes hors Champ

    Quand dehors et sur les écrans se donnent à voir toutes les horreurs, à quoi servent encore les tragédies, et les poètes aussi? L'actrice, hors de scène, nous réserve ce soir un accueil bousculé s25791726041_4381.jpgà nous demander si l'on connait l'histoire d'Oreste- et d'ailleurs peu importe- puis à nous placer d'autorité sur un coin de banquette. Tout est ici question de place ou de point de vue: le texte aussi joue à être dedans et dehors à la fois, à s'étonner de nos attentes. Les meurtres ne seront pas montrés, ni ceux d'avant, ni ceux d'après. Plus besoin. Pour mieux s'attarder sur ce qui en chemin peut- on non- se passer. D'une langue délicieusement incorrecte, qui ose la liberté, tout en chocs, ruptures et fausses pistes, en ironie désabusée. Les rôles sont allusifs, Oreste erre dans ce labyrinthe de la fatalité, où ne le guident pas la Fille et le Guide Coryphée. Souffre et baise en chemin, mais l'érotisme est à jamais interrogatif, douloureux. Cassandre- en rouge appuyé- ne sait plus au juste pourquoi pleurer, mais sait bien encore comment, imprévisible, et peut-être trop triste pour se prendre au sérieux. Musiques et surprises se heurtent sur un mode mélancolique et grotesque, étonnent sans expliquer. On nous interpelle droit dans les yeux pour nous rappeler que tout celà n'est qu'un jeu. La mise en scène est encore verte, quoique plutôt moite aussi. C'est qu'il y a un poil trop d'idées et d'impatience, et l'envie de tout essayer. Mais on les suit sur ce chemin aussi. Tant les outrances forment un tout juste, et étonnamment joyeux.  

    C'était Meurtres Hors Champ d' Eugène Durif, mis en scène et interprété par Sophie Anselme, Clémence Labatut,  Clément Bayart, Sophie Berneyron, à l'AKTEON THEATRE avec le festival d'été jeunes compagnies. Jusqu'à samedi.

  • Un Ange punk

    Elle surgit brute, regard baissé, indéfinie, perdue. A ses pieds laisse tomber son survet. Flotte un temps mal dégrossie, en pull informe et slip kangourou, les plis mous mais déjà dedans tendue, habitée d'énergie, à vue.

    Il lui suffit de lever un bras pour nous clouer. Le bras à sa suite la soulève et elle est comme mystique. Telle une Thérèse prête à léviter, déjà sur la pointe des pieds. D'un coup une décharge d'accordéon emplit tout, dans cette petite salle, devient les grandes orgues d'une cathédrale intérieure. Bave aux lèvres, son extase portée à deux doigts de l'idiotie. Son corps est superbe dans sa gaucherie retrouvée et offerte: bancale et poils aux pattes, l'air d'un garçon. Buté, osé. Sa passion déferle. La suite est déchaînée, soucis de soi rejeté aux orties. L'être libre s'extirpe par la musique: Parle attaque, fait fuir encore quelques oreilles, trop fragiles, vers la sortie, accompagnées d'yeux effarouchés. Elle: ses mouvements déraisonnés la font se perdre et s'écrouler, se tordre, se retourner, nous entraîner avec elle hors de contrôle, loin de la culture, s'abîmer contre les murs, les fenêtres et toutes les limites, contre le sol s'éprouver. Le pull y devient camisole, dont elle ne peut jamais tout à fait se libérer. Canette aux lèvres, l'ange ivre erre encore, se cogne la chair à se blesser, la bière gicle. Où va-t-elle ? Vers la douleur, la vérité ?

    Ce quart d'heure de dangers nous guérit d'éternités de théâtre poussif.

    C'était Avant que les brumes de l'automne se dissolvent de Marianela Léon (danse) et Claude Parle (Accordéon), à la Petite Rockette , 6 rue Saint Maur, Paris XI° dans le cadre des rencontres Butoh Ouvert. Prochaine date le 19 décembre.

    Guy

  • The power of love

    Ce 8 mars c’est la journée de la femme, mais dans la pièce une journée particulière pour Sylvia enlevée par le Prince qui-coup de foudre- a jeté son dévolu sur elle. Un obstacle subsiste: Sylvia et Arlequin sont amoureux-enfin ils le croient tous deux. Une chose est sure: ils sont du même milieu. Tous-serviteurs et courtisans- complotent pour séparer Arlequin et Sylvia. Autour de ce canevas, toute la pièce danse sur le fil entre l’amour et le raisonnement. La langue est délicieuse, les sentiments cruels, la mise en scène respectueuse, le jeu équilibré. Ce qui me charme d’un côté, et me prépare à une lecture politique de la pièce.

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    Dans ce décor rouge cœur et velours, mais clos comme une cellule de prison vip, Flaminia mandaté par le Prince intrigue pour séduire Arlequin et détourner de lui Sylvia. Les premières tentatives de corruption sur Arlequin pour l"amadouer ont tourné court. Le prince de Marivaux non seulement ne veut pas user de violence, mais-avec un temps d’avance sur le Big Brother de Georges Orwell- veut être aimé. Et je dirais autant par Arlequin que par Sylvia. L’exercice du pouvoir passe donc ici par la séduction et la manipulation, les jeux de l’amour deviennent jeux de pouvoir, avec la même précision mathématique, étourdissants de virtuosité. Arlequin armé de son bon sens paysan se rebelle contre le carcan de conventions et les jeux de langage avec lesquels on veut le contrôler. Il marque même des points dans un brillant duel oratoire avec le Prince qui lui demande de céder sa place d’amoureux, en rappelant à celui-ci ses devoirs envers ses sujets. La stratégie du faible au fort. C’est Flaminia qui l’emporte sur lui, mais la jolie surprise est de comprendre celle-ci subtilement prise à son jeu. L’intrigante s’avoue dans ce jeu amoureux avec Arlequin autant vaincue que victorieuse. Merci de faire briller ces instants de sensibilité, sans occulter la richesse psychologique, et politique de la pièce.

    La Double Inconstance de Marivaux, mise en scène par René Loyon, vu le 8 mars à l’Atalante. Jusqu’au 29 mars.

    Guy

    Photo de Laurencine Lot avec l'aimable autorisation de la compagnie

  • Osez le boulevard

    « T’as vu c’est un triomphe! » « Oui, mais la pièce n’était pas censée faire rire… «  jugent deux voisins inconnus. Si cela était vrai, ce serait dommage. On regretterait que cette entreprise théâtrale se borne à révéler froidement les mécanismes du genre, ou se contente de divertir.  La force de Ciel mon placard est de fonctionner excellemment à ces différents degrés.

    La pièce suit la pente naturelle du théâtre de boulevard, qui souvent tend vers sa propre caricature par la recherche frénétique des effets, mais Nicole Genovese l’emmène plus loin encore.  Et franchit les limites de ce genre où il n’est finalement question que des normes de l’économie de la libido, de dérèglements, et au final de retour à l’ordre. Dans l’intérêt suprême de la famille, l’inévitable adultère doit rester sous contrôle. Maitresses et amants retourneront in fine dans le placard. Les mensonges et quiproquo s’enchaineront certes  crescendo, avant de résoudre in extremis en pirouettes improbables jusqu’au retour à la normale. Mais ici point. Pour commencer il y a deux papas, la femme clame ses infidélités et n’hésitera pas pourtant à trucider belle maman pour s’assurer un alibi mondain. Tout est à l’avenant (et hilarant). Ne reste que le mensonge sans enjeux. Mireille la bonne- une ennemie de classe dans un théâtre bourgeois ? - est le seul des personnages à dire la vérité, elle doit être exécutée. Dans le final les masques de maitres libidineux, policier demeuré, majordome dépassé, gamine délurée (et cantatrice finlandaise) tombent sur le vide. Pas de résolution. Il y a quelque chose délicieusement subversif à se vautrer intelligemment dans ce genre à contre-courant de l’intellectualisme, traité ici avec un amour évident mais avec encore plus de perversité. Le travail poétique effectué ici sur le langage permet de mettre à nu les clichés et implicites, à coup d’images absurdes et de belles audace. La mise en scène, avec robes criardes et décors délavés- c’était pas mieux avant !- évite l'hystérie et s'appuie sur le non-sens comme cet acteur qui se repose contre un mur inexistant. Les procédés dévoilés fonctionnent avec bonheur à ce 3° degré.

    C’était Ciel ! mon placard, de Nicole Genovese mis en scène par Claude Vanessa, crée à La Loge, vu à la MPAA, programmé au Théâtre de Vanves le 22 mai 2015

    Guy
     

  • Science, non fiction?

    Expo Scientifiction , Blake et Mortimer au musée des Arts et Musée des arts et métiers: on découvre avec émotion 60 planches (sauvées du pillage) , calques, story-board d'Edgar P. Jacobs, témoins de son travail minutieux et acharné, ainsi que des objets de sa collection: maquettes, documentation préparatoire. Ces œuvres d'art dialoguent avec les artefacts issues des collections du Musée, pour souligner l'omniprésence des sciences et techniques dans le travail d'EPJ. Mais dommage que la mise en scène de l'expo, structurée autour des 4 éléments (Terre, eau, feu, air) ne se saisisse pas d'enjeux évidents de la série au regard de notre sensibilité contemporaine et du lieu: les contradictions et tensions entre les "progrès" de la science, et le bien-être de l'humanité,la survie de la planète.

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    Je développe: depuis le début de son œuvre de science fiction, Edgar P. Jacob joue les prophètes (de malheur). Le cycle de ''l'Espadon" commence fort avec la 3ème guerre mondiale où l'on voit la civilisation se consumer sous le feu des engins de destruction massive. Le professeur Mortimer rétablit l'équilibre dans la course aux armements par la mise au point de son arme secrète.

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    Les albums suivants ne voient pas Mortimer se consacrer à quelque activité scientifique pour le bien de l'humanité mais s'opposer aux entreprises de savants fous qui entendent l'asservir par le contrôle mental (La marque jaune) ou dérégler le climat (SOS météores) avec des effets catastrophiques sur toute la planète: 60 ans plus tard, le monde en est là. Les happy-end de circonstance à la fin de chaque album, avec le concours du super-flic Blake, ne trompent personne: chez Jacob le pessimisme est implacable, obstiné. La technologie des atlantes (l’énigme de l’Atlantide) ne protègent pas ce peuple ci contre guerre et cataclysme, le seul salut possible est dans la fuite, vers les étoiles. La machine à voyager dans le temps du "Piège diabolique" nous révèle un avenir terrifiant, moins enviable encore que le darwinisme impitoyable de la préhistoire et les troubles sociaux du moyen-age vus avant: apocalypse nucléaire et masses humaines à nouveaux asservies par les moyens techniques sophistiqués de surveillance et de maintien de l'ordre. Et d'albums en albums, l’amoral Olrik joue avec le feu scientifique pour en retirer son profit à court terme. Jacob nous parle, plus que jamais, du monde qui vient et d'utopies qui meurent.

    Guy

    Au musée des arts et metiers

  • Spectacle vivant

    Le spectacle vivant se voit, vit et se meurt à chaque instant. (A son sujet écrire ne sert à rien, ni tenter de retenir, mais pourtant encore ici j'écris, avant d'oublier....) 
    Donc maintenant sur scène Christine Armanger, en douceur, vit, égrène les instants - ce soir nous en partageons ensemble 2900 -pour les laisser s'enfuir, elle mesure ceux écoulés depuis sa naissance. Considère les états de soi depuis alors: enfant, fille, jeune femme... et  tous ceux à venir jusqu'à la mort. La mort. Le mot est lâché. En toute lucidité.
     
    Il y a d'abord une incroyable audace, regarder la mort en face, au mépris de toute considération commerciale en faire d'emblée le sujet de cette proposition, ni juste un ressort dramatique, ni l'angle mort du récit.
     
    Il y a le regard, calme et résolu, cette lucidité. Ni pathos ni détachement. L'ironie œuvre en toute intelligence, à l'inverse d'une dérision qui viendrait miner le propos. A vue méditent les vanités: le crâne, ce train électrique qui roule inlassablement...  La voix raconte et renverse les points de vue, le corps s'engage en nudité dans des tableaux saisissants pour échapper à l'étroitesse du présent. Sont évoquées sur ce thème les sensibilités des siècles passés, de l'effroi à la truculence, dans une indispensable relativité. Jusqu'à l'ultime rendez-vous, quand entre le personnage tant attendu: M le maudit.
     
    Il y a enfin la vie, et toutes les surprises que celle-ci peut réserver. Ce soir très particulier, le corps de la performeuse est fort d'un enfant, à quelques jours de la délivrance. Extraordinaire circonstance pour la création de la pièce, celle-ci ayant été conçue antérieurement. Les formes puissantes du ventre, des seins, disent, encore plus que les mots, des millénaires de filiations, remettent le sujet en perspective. C'est plus de la vie que de la mort dont elle parle ici.
     
     
    Guy
     

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