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Italie

  • Silenda entre les rives

    Nous ne sommes pas encore le 14 juillet et ce n'est pas un feu d'artifice pour commencer. Ni un âne bientôt, dans le rôle du maître de cérémonies, pas plus après des lapins ambigus. Cela ne ressemble à rien de bien défini- tant mieux- femmes de cuirs, animaux ou présences nip08pontspetite.jpgentre les deux, qui bougent comme dans un rêve, toujours éveillé, même souvent agité, avec ses surprises, ses petites angoisses et ses stridences, entendues et dansées. Des séquences d'abord tête basse et bras ballants, puis inquiètes et saccadées, ensuite qui se prolongent en duos monstrueux, courses et poursuites, en rondes endiablées, vers plus de fluidité. Dans cet exercice il y a bien des pieges, mais qui sont évités. La charpente ne se laisse pas deviner, et l'interdit n'est pas dit. L'important est qu'on ne se réveille jamais vraiment, plongé dans l'onirique. Ce n'est plus toujours de la danse et ni du théâtre, non plus. En tout cas d'un humour cru et d'une belle énergie. Pas loin du meilleur de ce qui se situe aux croisements flous d'un voyage halluciné qui dure, dure, de rencontres en rencontres. Les paysages défilent sur l'écran comme les transparences derrière les acteurs des films d'avant, avant qu'y soient proposés des échos du mouvement.

     C'était (la semaine dernière) Pont Courants de Laura Simi et Damiano Foa- Compagnie Silenda, dans le cadre du festival, "Nous n'irons pas à Avignon", à Gare au Théatre.

    Guy

    visuel: site Gare Au Théatre

  • Flavia Ghisalberti: une lune dans le caniveau

    Un clochard qui d'un coup s'effrondre, c'est de la danse contemporaine, dixit Thierry Bäe.

    Mise en application, mais un peu trop appliquée: elle et lui titubent à deux en talons-aiguilles, bas déchirés et imper ramasse-poussière. Coule sur la peau la vinasse en gros ruisseaux, goulot forcé entre les dents- geste galant version amour vache?- gigle la chair de l'orange, entre sueur et salive, avant de choir hagard et torturé à poils ou à peu près

    Etc, etc.. dans le genre premier degré, sans surprendre ni transporter, on tue l'évocation à force de coller à la représentation. Sans surprendre ni transporter. On se recule un peu pour éviter les éclaboussures- Maman nous a dit il y a longtemps qu'il ne faut jamais jouer avec la nourriture. On rentre chez soi, et on ouvre plutôt Conte d'Asphalte, d'Anne Calife.

    C'étaient Flavia GHISALBERTI et Grigory GLAZUNOV dans ZERO, invités par Moeno Wakamatsuà la Fond'action Boris Vian.

    Guy 

  • Maria Donata d'urso: Lapsus ou répétition?

    Quand on a déja vu une fois Maria Donato D'Ursose fondre morceau par morceau sur/à travers une table truquée, faut-il retourner la voir tourner dans un anneau géant? Pour dire vrai on se disait in petto que non, ne nous y risquant finalement que sur la sollicitation amicale de JD. Moralité: alors que JD, d'avance convaincu, en ressort trés déçu, nous au départ réticent on en revient intéressé. A se mettre les jambes en haut, la tête en bas, puis au milieu et dans tous les sens possibles, elle a finit par tous deux nous retourner.

    Plaidoyer: oui d'accord il n'y a ni recit ni morale. Oui, on frise l'esthétique publicitaire. Oui on constate l'épuisement systématique des procédés. Oui d'accord sur tout, et alors? Il faut accepter de revenir à l'essentiel, écouter cette lente respiration qui nous dit: "arrêtez vous un instant, oubliez et regardez, oubliez que vous voyez un corps comme déja vu cent fois et laissez vous surprendre à voir d'autres choses". On repense aux impressionnistes, aux pointillistes, au cubistes, qui réinventaient la forme humaine et le nu. Ici nait un projet du regard au ralenti, à la fois voisin et à l'exact opposé du travail de Claudia Triozzi. Cette dernière jouait sur le plein, la surcharge et l'accumulation. Maria Donata d'Urso épure jusqu'au presque rien, la rencontre de formes qui se détachent en ombres sur le fond. Après les rondeurs de sa précédente Collection particulière posées sur un plan horizontal, ici des lignes brisées de corps qui naissent d'un point de départ foetal, s'élancent et se replient au sein de la rondeur faciale d'un cercle protecteur. D'une performance l'autre la stratégie visuelle se poursuit mais les effets sont loins de se répéter. Bien sûr, on somnole un peu- la bande son est spatiale et la vision floutée- puis on est réveillé par un éclair opportun ou, à coté de nous, par les manifestations d'impatience de JD. Mais une fois qu'on a renoncé à attendre quoi que ce soit, on accepte que des images apparaissent, contours dessinés par les membres, les replis, les chairs de cette femme nue. Les caractères mystérieux d'un alphabet féminin, les aiguilles d'une horloge organique à contresens du temps, les pinces d'un mollusque indolent, une respiration qui lourde s'impose et fait ressentir l'existence du dedans, une pupille palpitante de lumière au centre d'un oeil géant, un personnage au bord d'être emporté par la tempête, pour finir une femme qui médite perchée sur un croissant de lune. L'anneau est un portail vers d'autres dimensions, comme le savent tous les amateurs de fiction: quand la danseuse disparaît d'un coté, alors qu'elle réapparaît, c'est transformée...

    Tiens, c'est fini, déja ou enfin. Pour la prochaine performance, plutôt que pour le carré on pose un pari sur la sphère transparente et suspendue. Ou le ruban de Moebius.

    C'était Lapsus , par Maria Donata d'Urso, au CND de Montreuil, avec les Rencontres du 9-3

     Guy

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  • Claudia Triozzi: Vers le haut

    On se sent dés après les premières minutes un brin intimidé par le travail de Claudia Triozzi. En lui reconnaissant le mérite de se situer d'emblée loin au delà de la danse. De la danse tel qu'elle est généralement présupposée, telle qu'elle nous est donnée à voir, le plus souvent. Ici pour une fois au moins, parler de recherche n'est pas un vain mot. Comme dans "Plus ou moins l'infini",mais d'une toute autre manière, l'enjeu se détourne du corps et de ses mouvements, prend du recul. Plan large sur la mise en situation croisée des matériaux scéniques et perceptifs: corps et décors, lumières et sons. Jusque là on reste dans les paramètres ordinaires du spectacle, mais la différence est qu'ils sont ici imbriqués à un rare niveau de sophistication. Et sans progression dramatique, qui s'incarnerait en un sujet, qui s'imposerait vraiment. On met un temps à accepter cette règle du jeu.

    medium_up_to_date.JPGMais que voit on alors? La mise en scène d'états évolutifs et flous d'un milieu contrasté dont la danseuse, de dos le plus souvent, n'est que l'une des composantes. Jusqu'à parfois s'effacer, par effet d'illusion. Durant l'exploration de ce labyrinthe baroque de musiques, de formes et de couleurs, la matière visuelle et sonore mise à contribution est d'une exceptionnelle richesse. Pas de ligne elliptique, mais au contraire de l'accumulation, du tout-plein, du luxueux au luxuriant. Ce sont les modifications de l'environnement- de magnifiques toiles imprimées sur des colonnes qui pivotent, motifs baroques, forêts, cascades, villes, intérieurs bourgeois- qui commandent les transformations de la danseuse. Progressant au vertical sur les degrés du décor, celle-ci abandonne chaque fois sa robe précédente pour en découvrir une nouvelle, imprimée des mêmes motifs que le fond. C'est visuellement troublant, même jusqu'au vertige. Le sonore est au même niveau d'originalité, d'humour froid et d'exigence. Heurté et atypique. Cerébral à l'excès? Selon l'adage, quand on met un caméléon sur une couverture écossaise, il risque d'exploser. Et le déroulement est d'une lenteur obstinée- ce qui nous rappelle avec soudain un peu d'hésitation qu'on ira revoir bientôt Maria Donata D'urso. Mais ce sera une autre soirée, l'enjeu est pour le moment de trouver assez de relaxation, ou d'exigence, pour mériter de regarder.

    C'était Up to Date de ..., au Thêatre de la Commune à Aubervilliers, avec les rencontres chorégraphiques internationales du 9-3.

    Guy

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    P.S. du 11 mai: plus efficace que toutes les tentatives d'explication, plus haut une belle photo, avec l'aimable autorisation de Raphael Pierre

    P.P.S. du 12 mai : voir plus bas le commentaire de Cyril Seguin qui rectifie et precise le rôle des différents intervenants pour la création des décors. On en profite pour proposer un lien sur l'échange entre Claudia Triozzi et Vincent Dupont à propos d'Up to Date sur le site des laboratoires d'Aubervilliers

    PPPS du 13 mai: à la demande des intéréssés, écrivons une fois pour toutes qui fit quoi: 

    Conception, interprétation, scénographie: Claudia
    Triozzi.
    Musique: Haco, Michel Guillet (électronique), Claudia
    Triozzi (voix et textes)
    Costumes: An Breugelmans
    Lumières: Yannick Fouassier
    Conception technique et construction décor: Christophe
    Boisson
    Textures du décor composées par Jacques Ninio.
    Régie Son: Samuel Pajand
    Régie vidéo: Romain Tanguy
    Construction: Damien Arrii

    P.P.P.P.S du 30 septembre: Claudia Trozzi à Nightshade: c'est ici 

  • TBO dance, ensemble?

    On lit l'annonce: "Cries from Shadows of Darkness: une rencontre multiéthnique entre artistes sud africain, japonais, italien et français." Accroche efficace- un styliste italien a vendu des millions de pulls de toutes les couleurs avec un concept voisin- mais l'idée suffit-elle pour produire sur scène quelque chose de fort et nouveau? Cela nous aguiche assez pourtant pour nous déplacer jusqu'à Bertin Poirée, convaincu que la danse se nourrit de métissage, et le buto plus encore que toutes les autres danses. Mais prévenus que faire de ce concept l'objet même de la performance ne suffit pas à en garantir la réussite artistique.

    Et l'annonce de revendiquer "une pollinisation croisée de divers langages culturels". Mise en application: on jette littéralement en l'air des fleurs en papier, puis l'une danse un buto sans surprise, l'autre s'affirme plutôt contemporaine, la troisième tente une intéressante synthèse des deux, et Teddy W.T. Ramasikeest surprenant, athlétique, urbain et délié. Mais le tout est il supérieur à la somme des parties? Si on en est, après 20 lignes, à se poser encore cette question, c'est que ce soir la réponse nous semble être non. Plutôt du syncrétisme sans révélation. Avec le regret de voir trop de talents individuels tourner en rond, en une vaine procession. Sans donner l'impression de vraiment se rencontrer, plutôt de se faire de l'ombre. Dès lors, dans les mouvements d'ensemble, ce sont surtout les différences de style dans l'exécution qui sautent aux yeux. Qu'on ne peut alors s'empêcher d'attribuer à un manque de rigueur plutôt qu'à une intention délibérée.

    Le texte de présentation part trés loin dans le cosmique, mais pour nous laisser loin derrière. Le spectacle ne nous fait pas quitter terre, malgré les efforts world music des deux musiciens- Mateo de Bellis et Hirohi Sakurai aux vents traditionnels et percussions.

    C'était Cries from Shadows of Darkness,  de la Cie TBO Dance Ensemble, avec Tebby W.T. Ramasike, Céline Angèle, Yuko Ota, Ambra Pittoni à Bertin Poirée dans le cadre du festival Dance Box. On peut en voir une captation video ici
     

    Guy

    Et il y avait aussi, plus cohérent, Box de Muriel Bourdeau,un solo habillement dédoublé, en direct et sur vidéo. Contemporain avec des influences buto. Autour de l'empêchement, de l'enfermement, de la difficulté de quitter le sol.


    Box
    envoyé par madbom
  • Maria Donata d'Urso fait sa nue

    Ralentissons, arrêtons tout, et regardons. Respirons doucement. Cette danse est très lente, de l'ordre des phénomènes infimes. Elle medium_Maria_Donata_D_urso.jpgnous évoque les performances de Cyndy Van Acker, celles de Myriam Gourfink, de Sumako Koseki, ou de Moeno Wakamatsu... Le dispositif scénique casse notre regard en deux, pour le restructurer radicalement. Par cette nouvelle organisation géométrique, qui crée une opposition entre d'une part la stricte horizontalité d'un plan de verre froid et transparent, et ces rondeurs chaudes et organiques qui évoluent de part et d'autre du plan. De même que la peau se transforme, lorsqu' elle s'orne d'un bijou.

    Plus l'on regarde, moins l'on voit. Et ainsi l'on peut voir quelque chose de nouveau. Une forme qui évolue en équilibre au dessus du sol. Formes au pluriel, car ce corps est fragmenté en parties nues, au dessus, au dessous de ce plan. Des parties ambiguës dont les positions sans cesse se reforment, et jamais le visage n'est vu. Dans cette semi obscurité et ce temps qui s'étire, on ne reconnaît plus bientôt jambes ou bras, fesses ou épaules, seulement des mouvements mystérieux de muscles et de chairs indépendant de tout ensemble connu. Juste à la fin sera restitué dans sa familière intégrité le corps d'une femme allongée, doucement soulevé et transformé par une lourde respiration. Est ce tout le long une évocation du regard amoureux, sans cesse étonné par le mystère enivrant et irréductible du corps de l'autre? Maria Donata d'Urso fait sa mue, se dépouille de jusqu'à son humanité, pour une expérience qui va au delà de la nudité, aux antipodes de toute théatralisation, de toute narration.

    C'était Collection Particulière de Maria Donata d'Urso, au Centre National de la Danse.

    Guy

    P.S.: plus tard dans la soirée Audrey Gaisan, Boris Charmatz et leurs camarades étaient nus eux aussi. Mais trés différement. Et la nudité n'était sans doute même pas le sujet. on essayera de comprendre nous même cela tout en l'expliquant demain. 

    reprise d'une photo d'Eve Zheim présentée sur le site du C.N.D. 

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  • Pirandello est un géant

    Le texte est inachevée, et se suspend ainsi sur un instant si beau- un très surprenant tombé de rideau-qu'on en reste le souffle coupé.

    Pièce inachevée à la mort de Pirandello(1867-1936), et de la mort il est beaucoup question: la mort du poète, qui s'est tué par amour pour l'actrice, comme il avait écrit la pièce par amour pour elle, la mort du comédien qui se rêve en train de se pendre- ou rêve-t-il le rôle du poète?-, la mort qui guette la vieille guidée par les anges- mais peut-être est elle déjà morte, en tout cas elle le croit. Et les personnages encore un peu vivants ne sont pas très en forme, presque déjà des âmes en peine, comédiens dans la pièce, comédiens déclassés dans une société qui ne s'interesse plus à voir jouer, qui errent en poussant une charrette à bras jusqu'à cet endroit tout à l'écart du monde. 

    Un lieu de l'entre-deux, un refuge où éclosent les rêves. Y Règne sur sa cours des miracles un magicien pouilleux: Coltrone- Hervé Pierre- personnage surnaturel, charnel et enfantin à la fois. Mais qu'est ce qui est dehors, qu'est ce qui est dedans? Où est le foyer et où est l'exil? Car peut-être les acteurs sont ils arrivés là dans le dernier endroit où ils peuvent jouer et être? Eux en qui s'incarnent les esprits d'autres, alors que le magicien fait des corps émerger les spectres, et imagine la réalité.

    De cet endroit la nuit on ne peut s'échapper alors que les rêves prennent forme. Où n'est ce que procédés et illusions? Qu'importe de le savoir, il faut rester tel un enfant et croire. C'est à ce moment de la pièce dans la pièce qu'est mis joyeusement en oeuvre toute l'arsenal des artifices: mime, masques, pantin, fumées, substitutions, lumières, décors en trompe-l'oeil. Ce qui était une réflexion sur l'agonie du théâtre se transforme ainsi en la plus belle démonstration de sa vitalité.

    Dans l'ombre intimidante des Géants de la Montagne, qui incarnent le matérialisme et la stupidité du monde de demain, ces bâtisseurs de murailles, dont les comédiens devraient peut-être flatter l'orgueil, pour ne pas mourir de faim. Nous sommes en Italie peut-être, en 1936. Mais ces géants là sur scène on ne les verra pas. Pour cause propice d'inachèvement. Seul sur la scène le théâtre se représentant lui même en abîme aura droit de cité.

    C'étaient "Les Geants de la montagne"  m.e.s. par Laurent Laffargues au Théatre de la Ville jusqu'à fin janvier.

    Guy

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  • Hell: et l'enfer dans tout ça?

    C'est assez branché pour être programmé au Théâtre de la Ville, assez consensuel pour ne pas en faire fuir plus d'une vingtaine de spectateurs, assez malin pour faire applaudir tous les autres à plusieurs reprises en cours de spectacle, assez gonflé pour commencer avant que ces spectateurs ne soient installés, assez italo-néerlandais pour devenir tout à fait parisien, assez énigmatique pour faire intelligent, assez intelligent pour qu'on ne puisse plus en douter, assez sérieux pour s'attirer les éloges de Rosita Boisseau, assez riche en genres musicaux différents pour vous réveiller toutes les dix minutes, assez court de toute façon pour éviter que l'on s'endorme, assez long pour ne pas sembler fumiste, assez virtuose pour contraindre à l'admiration, assez varié dans son déroulement pour ne pas lasser, assez érudit pour ravir les connaisseurs, assez riche en terme de vocabulaire chorégraphique pour intéresser même les profanes, assez déshabillé pour émoustiller les spectateurs de toutes préférences, assez rusé pour surprendre, assez doté en danseurs, en effets sonores et visuels, en budget pour qu'on en ait pour son argent, assez travaillé pour mériter le respect, assez sombre pour paraître profond, assez drôle et second degré pour qu'il soit moralement permis de se détendre.

    Un professionnalisme digne de Broadway au service de la danse contemporaine, tel semble être le concept mis en oeuvre par Emio Greco. Le secret du succès. 

    D'où vient alors, qu'on se dit qu'assez, c'est trop ou trop peu, qu'on n'est pas totalement satisfait ? Qu'on aurait presque préféré, un peu d'imperfection? Est ce parce qu'on est jamais content, comme un enfant gâté ?

    Mais au fait, ça parlait de quoi?

    C'est Hell  , d'Emio Greco et Pieter C. Scholten, au Théâtre de la ville, ce soir encore.

    Guy

    P.S. Le regard d'images de danse, ici

  • Salut les filles

    D'un malabar rose géant émerge une femme nue, qui se transforme en Jeanne d'Arc un peu plus tard, mais telle qu'on ne la verra surement jamais au T.N.O., puis encore des signaux qui clignotent violemment, une esclave enchainée, un drapeau qu'on agite, du feu, une épée, une tête qui gonfle, des personnages menaçants, un homme coiffé d'un haut de forme....

    medium_file_47_heygirl2.jpg

    Images chic et choc, trés plastiques. Plutôt metalliques à la réflèxion. 

    Mais que met-on en jeu au juste, ce soir, sous nos yeux? La lecture du livret ne nous sera d'aucune aide pour trouver un début de réponse. On y apprendra quand même que les hotesses d'accueil sont habillées par Agnes B.

    C'est brumeux, au sens propre d'abord, et lent, trés lent, et même plus lent encore, mais pourquoi pas.

    Oublions le sens: pas le choix. Au moins comprend on qu'au delà des images, c'est le regard sur ces images même qui est mis en scène. Mais l'on ne garde que cette question en mémoire, le théâtre a-t -il encore besoin de sens pour exister? Alors qu'il y a bien longtemps que l'on a dispensé la danse du devoir de narration.

    Reste la manière: Romeo Castelllucciest un illusionniste doué, ni plus ni moins que cela. Et un fieffé menteur, bien sur,lorsqu'il prétend que sa création part "d'une amnésie essentielle du théâtre".

    Tout est trés professionnel au contraire, bien construit et réglé, avec beaucoup de moyens et de budget, maitrisé, savamment dosé, avec de l'attente et des surprises, impeccablement technique, des lumières aux effets spéciaux, des explosions aux pleurs. 

    Ce n'est pas rien alors que d'autres- tels Vera Mantero- deconstruisent jusqu'à la forme.

    Beaucoup de savoir-faire, mais au service de quoi?

     Hey Girl ! c'est au Theatre de l' Odeon Ateliers Berthier, jusqu'à fin novembre.

    Avec le festival d'automne encore

    Guy 

  • Something in between- (voire bien au delà)

    On aime les lieux qui ressemblent à tout sauf à des salles de spectacles: dans cette catégorie Les Voutes méritent une mention spéciale . Allez y, vous comprendrez.

    Donc un lieu improbable et adequat pour y présenter du Buto. S'il s'agit encore vraiment de Buto, mais qu'importe. Présenté par "In Between" compagnie transnationale et européenne.

    "Bacon R'us" pour commencer. 3 figures chacune isolée sous une voute, jeux d'ombres et de sonorités, improbables interactions. Mais la vraie surprise vient de Claude Parle.Qu'on avait déjà vu, en d'autres lieux, soutenir Moeno.Annoncé comme musicien, il s'impose ici comme performer. Au naturel. D'abord en une création de Francis Bacon incarnée, en relief, débordante. Puis qui fait subir des traitements extrêmes à son accordéon. Une présence énorme. Qui focalise l'attention. Les deux autres (vrais) danseurs ont beau se tordre, c'est injuste mais rien n'y fait.

    Pour "In between" en seconde partie, Claude Parle s'abstient, et en un sens tant mieux. 4 danseurs pour représenter la folie, en 4 trajectoires simultanées. Le dispositif est saisissant, les interprètes assument tous les risques de l'expérimentation et du débordement.

    Tout au long d'un voyage intense pour peu que l'on accepte de les accompagner. Pour retrouver, au delà des codes bien connus-corps défigurés et lenteur torturée- l'esprit du Buto.

    Pour de vrai.

    Guy

    P.S. Cet évènement préludait au 7° festival de de danse Buto à partir du 6 juin. A l 'Espace culturel Bertin Poirée, bien sur.