L'air pas aimable Christie Lehuédé, cela dès son entrée en scène, et on s'en sent aussitôt irrésistiblement proche. Rien d'aimable en effet, des talons aiguilles à la chevelure d'un rouge agressif, du regard mauvais aux traits crispés.
Logique car elle joue un corps crispé, et pas heureux du tout, jamais serein, comme douloureusement contraint à l'exercice du spectacle. Souvent un bras tendu à l'horizontale, appuyé sur une jambe qui se fait plus longue que l'autre en un équilibre boiteux. Un corps à la recherche de la rupture et qui ne se permet un répit douteux que parvenu aux limites de l'essoufflement. Alors amplifié. Dans cet esprit, cinquante minutes de solo permettent bien des péripéties, des surprises, des reprises et des développements, tout cela dramatisé par une mise en lumière violente, une bande musique d'une rare intelligence. Le catalogue des postures érotiques n'y survit pas, parodié jusqu'à la grimace buto, exacerbé, exaspéré, et ce n'est pas par hasard que Christie Lehuédé convoque la gestuelle et les images de la boxe. Ce corps n'a aucune pitié pour lui-même, tenté par sa dévoration. Au bout du mal être, la déstructuration, comme et avec une poupée de Bellmer.
On connaissait la non-danse, c'est peut-être à l'anti-danse que Christie Lehuédé s'essaie ici, le vocabulaire de la danse dans toute sa technicité mais comme révolté contre le genre lui-même.
Et à la fin à peine l'ombre d'un sourire pour saluer: bravo.
C'était ce soir Autopsie d'une Emotion-1 ♥♥♥♥♥♥ de et part Christie Lehuédé, au théâtre le Vanves dans le cadre du festival Artdanthé, où l'on retournera souvent, et même demain déjà.
Guy