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Un Soir Ou Un Autre - Page 57

  • Lettre à la MC 93

    Paris, le 7 octobre 2008

    Bonjour
     
    Je n’aime pas les pétitions et je ne connais pas Patrick Sommier.
    Mais je connais la MC 93, pour y aller souvent voir des spectacles, de théâtre ou de danse, de Shakespeare à Copi, contemporains ou de répertoire, français ou étrangers, qui m’enthousiasment ou m'irritent, mais qui toujours me font réagir.
    J’y ai vu s’y rassembler des publics divers mais qui n’en formaient qu’un: des jeunes et des vieux, des parisiens et des locaux, des candides et des initiés.
    J’ai tenu à lire attentivement le projet mis en ligne par le ministère avant de me manifester. Je n’ai rien trouvé dans ce projet de convaincant ni sincère.
    L’Etat et les collectivités locales déclarent s’inquiéter du devenir de la MC93. C’est sûrement leur droit et leur devoir, mais s’il y a réellement «une baisse de régime » qu’ils cherchent des solutions avec vous!
    J’ai donc le plaisir de vous apporter mon soutien de spectateur.
     
    cordialement
     
    Guy Degeorges, spectateur et bloggeur (Un Soir Ou Un Autre
    )
    PS. : Nous nous sommes fait l’écho de ces événements, sur Un Air De Théâtre.

    Pétition sur le site de la MC 93

     

  • Jennifer Lacey: Les Assistantes Font...

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    Les assistantes s'affairent déja alors qu'on s'installe dans la salle du Centre Georges Pompidou.

    Les assistantes portent des habits de travail gais.

    Les assistantes nous attendent en équilibre sur le coccyx, comme en position buto.

    Les assistantes font leur travail, et font de l'art aussi.

    Les assistantes se promènent partout.

    Les assistantes se livrent ainsi à une occupation poétique et pacifique des lieux.

    Les assistantes font les modestes.

    Les assistantes nous proposent de la lecture, si l'on s'embête.

    Les assistantes clament du texte en coulisse.

    Les assistantes reviennent sur la scène.

    Les assistantes se produisent.

    Les assistantes déproduisent.

    Les assistantes sont un certain nombre.

    Les assistantes n'inspirent rien de certain.

    Les assistantes nous plongent dans l'etonnement.

    Les assistantes lèvent haut la jambe.

    Les assistantes font n'importe quoi.

    Les assistantes travaillent avec leurs pieds.

    Les assistantes font de la danse contemporaine.

    Les assistantes font groupe.

    Les assistantes font les connes.

    Les assistantes s'efforcent d'exister avec serieux.

    Les assistantes jouent aux connes.

    Les assistantes nous font parfois aussi bailler quand même.

    Les assistantes nous emmênent quelque part.

    Les assistantes s'huilent les jambes.

    Les assistantes paraissent bonnes copines.

    Les assistantes sont blondes, ou pas.

    Les assistantes se prennent un peu pour des stars. 

    Les assistantes polyrythment.

    Les assistantes ne se prennent pas pour des stars.

    Les assistantes dansent des rondes.

    Les assistantes sont alors comme des sorcières primitives habillées en blouses monoprix bariolées.

    Les assistantes cacophonisent.

    Les assistantes n'expliquent rien.

    Les assistantes nous épatent.

    Les assistantes dansent le sacre.

    Les assistantes semblent ailleurs.

    les assistantes auraient des implications politiques.

    Les assistantes laissent certains dubitatifs.

    Les assistantes s'individualisent.

    Les assistantes semblent innocentes.

    Les assistantes se dispersent.

    Les assistantes prennent des notes en regardant danser en mlieu d'autres assistantes, alors que dans le public l'on prend des notes aussi, et notre voisine également, elle n'écrit que pour elle-même.

    Les assistantes lisent leurs notes et sur-interprêtent la danse comme l'on oserait jamais soi même.

    Les assistantes nous font franchement rire.

    Les assistantes sont au service d'une entreprise de représentation plus subtile que ne laisseraient supposer leurs airs candides. 

    Les assistantes s'évadent avec nous de la prison de la raison.

    Les assistantes ne se laissent pas raconter.

    Les assistantes sont.

    C'était Les Assistantes de Jennifer Lacey (conception chorégraphique) et Nadia Lauro (Conception Visuelle). Conception musicale de Jonathan Bepler. Avec Alice Chauchat, DD Dorvillier, Audrey Gaisan, Jennifer Lacey, Barbara Manzetti, Sofia Neves.

    Au Centre Georges Pompidou, avec le Festival d'Automne à Paris. Jusqu'à samedi.

    Guy

    photo par Laurent Philippe, avec l'aimable autorisation du festival d'automne à Paris

    voir aussi Vincent Jeannot-Photodanse

    P.S. : mais il y a au moins un spectateur carrement énervé!

    ...et il faut lire la belle analyse de Pascal Bely

  • Mark Tompkins et Mark Tompkins

    Encore un retour en avant, c’est d’actualité! Au tour de Mark Tompkins de revisiter un solo dit fondateur. Et de nous ramener en arrière, cette fois seulement de 25 ans, donc en 1983. Le danseur prend son temps pour ce voyage, à une allure d’omnibus, joue avec notre perception, se laisse deviner en ombres chinoises, doubles et a capella. Patience...

     

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    Puis, apparaît-enfin!-chante: « Je ne regrette rien », se laisse superposer à la projection de son image passée. On ne peut douter après cette démonstration anthropométrique qu’il ait gardé toute la forme de son avatar de 83. Conservé son identité. Ni qu’il sache, de la voix, tenir l’ambiance.

    On pourrait être ému. Mais on reste dans l’attente. Toujours au bord de voir quelque chose de fort émerger. On se dit que cette attente est légitime, puisque la pièce nous est vendue pour précisement contenir en germe tout ce que Mark Tompkins a proposé ensuite. L’argument est à double tranchant: inopérant si l’on a rien vu de l'artiste avant…Le public semble plus acquis que nous: combien parmi ceux qui le voient ce soir étaient-ils déjà là en 1983? On regarde: à trop vouloir remettre l’objet en perspective, on se tient à distance. Ni convaincu ni emporté par ce qu’il en reste ici et maintenant: l’histoire toute simple de John et Doris, d'un sentimentalisme moqueur et outré. Une histoire trop simple, comme trop faciles les effets de poupées gonflables?

    Malgré la drôlerie mise en œuvre, malgré la grâce qui porte Tompkins quand il interprète les deux personnages tour à tour et à la fois, on ne saisit ni l’originalité ni le sens du recit. On apprécie juste l'art solitaire du marionnettiste, et sa délicatesse. Distraction. On se remémore ce qu'on a lu: le solo marquait à sa création la séparation artistique avec Lila Greene, co-créatrice des deux personnages. Il ne s'agirait donc ni d'un commencement, ni d'une fin, on assisterait juste à un épisode.

    On revient au présent: trop tard, le temps a passé.

    C'était Empty Holes la vie l'amour et la mort de John et Doris Dreem, de et par Mark Tompkins, dramaturgie et mise en scène de Gérard Gourdot, au Théâtre de la Cité Internationale. Jusqu'à samedi.

    Guy 

    photos (D.R.) avec l'aimable autorisation du T.C.I.

  • Sophie Daviet: Où Est Passé Le Temps?

    Certaines propositions nous entrainent dans de longues explorations, comme on visiterait une maison aux recoins obscurs et peuplée d'objets surprenants, une maison dont les habitants eux-mêmes n'auraient pas encore fait le tour. On les accompagne, plus ou moins intéressé en chemin par telle ou telle découverte. Entrée: la danseuse prend ses marques, tourne et retourne sur tout l'espace de la scène. Suggère ainsi un temps circulaire. Car d'une réflexion sur le temps il est question, à en lire les notes d'intentions. On garde l'idée en tête. Sans pouvoir s'empécher d'être sceptique, car l'étude du temps est forcement présente dans toute création ...Mais on persiste à suivre cette piste. En vain, perdu on doit l'abandonner. On regarde au fil de l'eau. Et on trouve à regarder. Danse: les mouvements se font saccadés, contraints, en lutte contre quelque chose. La musique suggère le sens: poids de la pluie, tension induite par un sifflement. Les humeurs changent, surprennent. Le solo s'est transformé en duo, d'abord tourmenté par une même recherche, ou une même opposition. Puis les deux interprêtes évoluent plus en complicité ou confrontation. S'installent et prennent la pose, avec exagération, y introduisent de l'humour et de la distance... On apprécie la performance, en subtilités, suggestions et sensations... mais par épisodes. Frustré de ne pas toucher le lien qui les tient.

    C'était So Long, de Sophie Daviet, avec Mélanie Cholet et Sandrine Bonnet, au Théâtre de l'Etoile du Nord, dans le cadre du cycle "avis de turbulence #3. Jusqu'à samedi.

    Guy

  • Clara Cornil: Métaphysique de la Casserole

    Tout commence sans heurts et hors champ, notre regard déplacé. Les bruits d'eau, de pas, de conversations ont une étonnante consistance, mais laissée à notre imagination. Sur la scène préservée du quotidien, que de l'apaisement. A voir tout au plus une ombre. Et d'autant plus éclairée qu'ironiquement dénuée de sens: une casserole blanche.

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    Sur l'écran l'eau bout et le temps se dissout. Par contraste devant se définit la présence humaine, en mouvement. Ce n'est pas tant sa lente danse qui capte notre attention, mais les rapports qui demandent à naitre entre tous ces objets. Pas de chronologie ni déroulement, plutôt des états qui frémissent en suspens. En un fragile équilibre, que ne rompt pas l'éclatement des bulles. On flotte, amusé ou hypnotisé. Tout autant, voire plus que So Long, vu juste avant, cette proposition se prête à vivre une expérience étrange du temps. Puis-évenement- c'est la casserole qui bout, c'est la fumée qui se trouve comme aspirée par une colonne de lumière, alors que le corps plonge dans l'image projetée sur l'écran. Avant que tout ne s'efface pour se laisser entendre ailleurs et autrement . En vingt minutes d'incrédulité, c'est d'un laconisme réjouissant, qui nous ouvre le regard sur un univers de possibilités

    C'était Pose # 1, par Clara Cornil (chorégraphie et interprétation) et Bertrand Schacre (installation visuelle et sonore), au Théâtre de l'Etoile du Nord, dans le cadre du cycle "avis de turbulence #3. Jusqu'à samedi.

    Guy

    Photo avec l'aimable autorisation de Bertrand Schacre 

  • Pascal Rambert: les histoires d'amour commencent bien

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    Les mots naissent émerveillés, d'une simplicité qui ne laisse pas le choix. De même eux-deux sur scène: lui, elle, les rangées de néons dessus, le tapis blanc dessous, au milieu d'eux une moto rutilante de rouge. Ce n'est presque rien, c'est tout. C'est le début: ils s'aiment, ils parlent, mais ils ne bougent pas. Pétrifiés. Au commencement, yeux fermés. N'osant y croire. Parlent l'un de l'autre, parlent l'un à l'autre, séparés au coeur de juillet de Brooklyn à la place Clichy. Entre eux deux on entend l'avion qui décolle. Evidence: c'est dans l'espace du désir et de l'absence que naît le début de l'Amour. Qui n'a jamais eu la chance d'être-un peu!-séparé de l'être aimé n'a pu jouir de ces conditions idéales pour créer dans l'attente son image rêvée. Déjà, l'inquiétude est là, lancinante, de savoir que ce merveilleux commencement peut un jour s'achever. Par moments il n'y a rien d'autre à dire, que s'arreter et chantonner le début de l'A. Les sensations brûlantes deviennent des souvenirs aussitôt. D'un continent l'autre les mots baisent beaucoup, trés joyeusement, empressés, d'un rythme enivrant. Les corps ne se touchent pas, bougent à peine. Sauf un court moment, au milieu, undressing/dressing des deux pour au milieu un baiser nu qui n'en finit jamais- en vrai une minute ou deux? Au present comme l'amour. Puis chacun renvoyé à la place et dans les habits de l'autre. Ce cantique des cantiques post- moderne et cru défile avec grâce et d'un souffle. Jamais appuyé. L'émotion est portée par les légères nuances, en texte et jeu, sans lesquelles le tout ne pourrait former qu'un exercice plat. C'est si gonflé de parler d'amour, si exposé au ridicule et pourtant si indispensable. Ici, on y croit, parceque c'est lui, parceque c'est elle, parceque c'est nous, c'est notre histoire à tous. Tout simplement, je crois.

    C'était Le Début de l'A. , écrit et mis en scène par Pascal Rambert, avec Alexandre Pavloff et Audrey Bonnet, créé à la comédie Française.

    Vu aThéatre2genevilliersjusqu'au 5 octobre. Et, puisque l'amour ne connait pas de frontières, à nouveau au t2g du 15 au 19 octobre avec Yuri Ogino et Hideki Nagai, en japonais et surtitres français. 

    Guy

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    Photos par Cosimo Mirco Magliocca, avec l'aimable autorisation du théâtre de Genevilliers

    P.s. : le théatre2genevilliers est un lieu calme et accueillant, avec plein d'ordinateurs en libre service, qui font jouer de la musique à un pleyel dans une pièce à coté quand on touche le clavier. 

    des chroniques de spectateurs, ici et , et encore ici, en japonais surtitré.

  • Les spectacles qu'on ne chroniquera jamais...

    ...ce n'est pas parce qu'ils étaient mauvais, c'est parce que quelques blocages s'y sont opposés, et qu'il nous fallait garder aussi un peu de temps pour gagner de l'argent, réver, aimer... Ces spectacles on les évoquera quand même, histoire de laisser derrière nous mourir tous les regrets.

    • L'Ecole des maris et le Malade Imaginaire de Molière, mis en scène par J.L. Jeener: parce que les mises en scène de Jeener sont d'une si parfaite humilité, qu'on chercherait en vain à raconter sans tomber dans l'explication de texte. Comme on suppose que tout le monde connaît les pièces... Et comme on ne surprendra personne en révélant que Philippe Desboeuf  est un parfait Argan... A voir au Théatre du Nord Ouest  en alternance jusqu'à debut mars. 
    • Shhh d'Abraham Gomez Rosales, adapté et mis en scène par Alexandre Blazy et Valentin Capron vu en juillet à Gare au théatre parce qu'on était trop en manque de vacances pour réussir à écrire sur une proposition dont l'esthétique était assez éloignée de nos inclinaisons... mais c'était une proposition drôle et politiquement intéressante (et pourtant on ne parlait pas autant d'Edwige à l'époque). A voir actuellement à la Comedia
    • Omlett (trés librement) adapté d'Hamlet de Shakespeare et mis en scène par Maryline Klein, vu au même endroit. On en parlera pas plus pour des raisons éthiques: la caricature d'adversaires politiques sous la forme d'animaux, avec pour conséquense leur déshumanisation, est une dérive de type pré-fasciste (ou maoiste, c'est selon).
    • Rosaura de Brigitte Seth et Roser Montlo Guberna: qu'on a vu, revu (cette fois ci avec Artdanthé), et qu'on reverra tant qu'on pourra. En parler, ce serait l'enfermer, on ne peut pas.
    • Butonic de Yumi Fujitani, à Bertin Poirée, proposition en prise de risque d'une belle artiste en rupture de buto, mais que pour le coup on a eu du mal à suivre.
    • Bajo, feo y de madera de Luis Basiotto vu en juin à 100 dessus dessous:  parce que la proposition, pas inintéressante, s'est trouvée malheureusement eclipsée dans notre espace mental un peu limité, par les créations plus polémisantes d'Allio-Weber et Miet Warlop vues durant la même soirée.
    • Le Sacre du Printemps par Eddy Maalem... vu en juillet au parc de la Villette. Un rendez vous manqué de l'avoir trop attendu? On a entendu Stravinsky mais on a pas vu l'Afrique... A revoir, une autre année sans doute.
    • Printemps futile dansé en février par Moeno Wakamatsu  à la fond'action Boris Vian: parce qu'on avait deja écrit 7 notes à propos des performances de Moeno, et que Jerôme était plus frais sur ce beau sujet. Moeno danse les 17 et 18 octobre prochain au même endroit.

    Guy

  • Tartuffe: à l'Odeon Orgon s'enfonce.

    Vraiment épatant, tout le monde l'a bien remarqué, ce décor qui, acte après acte, s'élève, pour laisser les personnages s'enfoncer dans des bas-fonds aux murs lézardés. C'est bien connu: dans le cauchemar la maison figure la personnalité. Et celle d'Orgon est de plus en Tartuffe.jpgplus délabrée. Chacun ici perd ses repères: Orgon flou et absent à lui même. Et- moins évident- Tartuffe plutôt vulnérable, victime de ses passions, qu'expert en manipulation. Perdu nous aussi on l'est un peu dans les codes de jeux. Les deux personnages principaux évoluent dans les demi-teintes de la subtilité et de l'inattendu. Mais Dorine en rajoute des tonnes de bon sens et de gouaille. Non sans drolerie, mais où sommes nous? Dans les rimes, dans le non-dit, ou dans les conventions d'un théâtre naturaliste, voire celles d'une comédie de boulevard? C'est peut-être l'hébétude adolescente de Mariane qui réussit à nous surprendre. Et la belle neutralité d'Elmire, qui laisse la sensualité se deviner par transparences. Chacune des partitions- prise à part- est bien réglée. Mais on n'apprend rien de plus qui nous permettrait de mieux comprendre la folie d'Orgon, qui gagne toute la maison. On est pas plus avancé: on s'enfonce. Le décor vient de grimper d'un étage, et les portes aussi: Damis tient son effet et fait rire la salle à bon compte, en ne pouvant sortir par où il est rentré. Justement, on ne sait plus où l'on est. On reconnait l'extraordinaire, implacable, texte de Molière. Rien à dire: impeccablement articulé, respecté à la lettre. Traité avec trop de respect? On n'arrive pas à s'en contenter, sans un engagement vraiment affirmé dans la mise en scène. L'ambiguité géne plus qu'elle ne stimule. Pourquoi ce choix de l'indécision, ce retoilettage de l'oeuvre, par touches de brillant effets? Orgon s'effondre, les murs continuent à s'élever, les personnages à accompagner la chute de la maison Usher. En haut le ciel, en bas l'enfer? Pourtant, il est plus question de folie que de religion, même si Tartuffe finira précipité par une trappe plus bas encore. D'ailleurs on ne sait plus vraiment de quoi il est question. En tout cas, quand on est tombé tout au fond du trou, guêre d'espoir en vue, le Roi justicier et omnipotent nous apparait dans le même costume puritain new look que celui de Tartuffe et d'Orgon. Dans ce décor qui, vu de loin, semble une boite qui nous laisse enfermé.

    C'était Tartuffe de Molière, mis en scène par Stéphane Braunschweig, au Théâtre de l'Odéon. Jusqu'au 25 octobre.

    Guy

    P.S. : La programmation de Tartuffe par Olivier Py en début de saison à l'Odéon est elle une réponse au procés d'intention qui lui avait été fait à sa nomination par Libération sous l'accusation de prosélitisme catholique? 

  • Tartuffe, acte 1

    Dans quelques mois, l'Eglise de Scientologie  sera convoquée en tant que personne morale devant le tribunal correctionnel de Paris pour répondre de l'accusation d'escroquerie en bande organisée. Tartuffe, quant à lui, court toujours. Pas toujours évident de reconnaitre l'escroc: il y a depuis Molière, des tartuffes gros et des tartuffes maigres. Jerome Keen, saississant dans le rôle titre, appartient sans doute possible à la seconde famille: plus effrayant que comique, sombre, emancié, sévère, le crâne rasé, de même que la mise en scène colle ici au Molière TNO.jpgtexte d'une manière on ne peut plus efficace, intense et austère. Avec, comme les bons soirs au T.N.O, proximité entre le public et les comédiens, absence de décor, sobriété intemporelle de costumes tendance avant guerre. Pas si facile non plus de juger l'arbre à ses fruits: l'aveuglement d'Orgon, la victime, reste le principal ressort comique et dramatique de la pièce. Porté à l'extrème quant il faut que sa femme Elmire manque de se faire violer sous ses yeux par Tartuffe, afin qu'enfin ceux ci ne se dessillent. Comme quoi les femmes y voient clair bien avant les hommes, n'en déplaise à MMe Laure Adler qui expliquait il y a trois jours sur Arte que chez Molière les personnages féminins étaient ridicules ou insignifiants. Mais l'auteur ne dit rien ou presque des raisons de la folie d'Orgon, de la soif spirituelle dont il doit forcement souffrir au point de se livrer corps et âme à l'imposteur, lui offrir cet amour indécent et sa fille en prime. Sauf à admettre que richesses et plaisirs terrestres déaltèrent si peu qu'il faille les sacrifier aux faux prophêtes. Malgré les efforts de la justice, Tartuffe a de beaux jours devant lui.

    C'était Tartuffe ou l'imposteur, de Molière, m.e.s. par Edith Garraud, au Théatre du Nord Ouest, en alternance dans le cadre de l'intégrale Molière jusqu'au 8 mars 2008

    Guy

  • Charmatz et Collignon surchauffent la Villette

    Il y aurait sur scène deux fous furieux, on aurait vite oublié qui serait censé faire le danseur et qui le musicien, et il y aurait des fils et des machines, des histoires de poulets et de camions poussés avec les fesses, d’hommes peints de blanc dans le noir et leurs corps entremêlés, à cause de ces textes échappés d'un happening dada, on pensera très fort au Be-bop Tango de Franck Zappa ("Jazz is not dead...but it just smells funny") on croirait même reconnaître une ou deux mesures de Dog Breath, les deux individus joueraient à se faire peur tels un savant fou et sa créature déjantée, le second luttant comme un dément pour prendre le contrôle de la console de son, on serait éclaboussé par les débordements suraigus d'un be-bop mutant et orgasmique, par des coïts bruyants de trompette naine et des voix de dessin animé doublés en H.P., des aveux régressifs, drôles, poétiques et douloureux, abandonnés au cours de l'exploration d'une jungle techno pullulante d’animaux bariolés, encombrée de bruitages effleurés et stridents, de bruits venus d'ailleurs, car tout pourrait arriver, des séquences de danses bras croisées ou renversées sur les épaules, des rafales d'onomatopées surchauffées, Colllignon entreprendrait de dresser le fil du micro, laisserait s’échapper des notes dans le micro pour qu'enregistrées elles se battent en boucle, ressusciterait le son d'Herbie Hancock lorsque durant les seventies il se figurait l'an 2000, ou quelque chose apparentée à une World music qui ressemblerait un peu à du Weather Report déglingué, funk, free et suraigu, comme des pièces de beauté tranchée à vif par deux garçons turbulents, d'éternels adolescents, facétieux et excités à s’escalader l’un l'autre, Charmatz disparaîtrait derrière l'écran et les pieds de son corps remueraient encore, il y aurait des gestes morts qui ne voudraient pas mourir vraiment, et des mots toujours dits avant, on se sentirait libre absolument à les voir se refuser toute limite, à nous laisser ressentir quelque chose d’essentiel sur ce que c’est de créer, on serait mort de rire d'un bout à l'autre, émus également, cela pourrait durer longtemps et tant pis pour le spectacle d'après, ils pourraient simplement improviser, ce serait beau, ce serait fou, tendre, et souvent de mauvais goût, et après à jamais disparu.

    C'était Boris Charmatz et Médéric Collignon, à la Grande Halle de la Villette, avec Jazz à la Villette