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Rechercher : faits d'hivers

  • Corneille: Just an Illusion...

    Galin Stoev se fait discret derrière Corneille: la modernité ce soir a près de quatre siècles. Avec L'Illusion Comique, l'essentiel est déja exposé, de la relation entre le spectateur et la pièce de théatre. Le coup de génie de Corneille (1606-1684), c'est de déplacer cette relation sur scène, de la mettre en abîme, sous observation. Avec la pièce dans la pièce. Pour mieux démonter les mécanismes essentiels du théatre...mais tout en gardant le spectateur sous l'effet de l'illusion de la comédie. Toutes les cartes ne sont pas retournées. Pour dire les choses autrement: il est vrai que quelque soit le spectacle, le spectateur est toujours dupe et complice à la fois. Mais l'originalité de L'Illusion Comique est d'amener le spectateur à réfléchir sur cette situation même. Pour autant, même demystifiée, la pièce "fonctionne". Aprés cela, manifestement, Pirandello en était réduit à faire des remakes.

    L'argument: Primadant regrette d'avoir bani son fils Clindor. Désire si fort le retrouver et connaître son sort, qu'il en croit aux mirages, à la magie d'Alcandre(A ce stade est ce vraisemblable? ...et pourtant déja on accepte ce postulat!). Pourtant quand Primadant, désormais à la fois personnage et spectateur, observe son fils dans ses aventures... voit-il les ombres mais de la réalité? Ou s'agit-il (mais en quoi consiste au fond la différence?) d'une pièce de théatre qui serait jouée devant lui?

    Partant de celà, la mise en scène joue avec les ambiguités. Tout semble flou, rien de carré. Jusqu'à crisper ainsi beaucoup de critiques, celui du Le Figaro  en particulier, qui juge que texte en est rendu incompréhensible. Pourtant c'est justement dans cette apparente intermination que se situe le principal intérêt de la proposition, un parti pris plutôt humble et qui ne viole pas le texte, loin de là. Il faut accepter d'être déconcerté. Le décor dévoile petit à petit ses pontentialités. Une lumière se fait, Lyse nettoie une vitre.... Un décor compartimenté, à tiroirs, avec des angles morts qui, selon les points de vus, jusqu'à la fin resteront mystérieux. Tant mieux. On comprend l'intrigue, qui va emprunter à beaucoup de genres, comique, tragique, épique, amoureux...On suit, puis on l'oublie. Là n'est pas l'enjeu. L'important c'est qu'on y croit alors, et de plus en plus, placés malgré nous dans l'illusion, incertains aussi. Les codes de jeu bougent à vue, dans un sens incertains. Les alexandrins ne datent pas, acrobatiques et insolents, jamais forcés. les acteurs passent d'un rôle à l'autre sans préavis. Herve Pierre est un mage à nouveau, jupitérien, entre autorité et bonhomie. Denis Polyades  joue Matamore, un mythomane impénitent, interprete permanent d'une fiction à laquelle personne ne croit, même parmi les personnages de la pièce qui elle-même est dans la pièce...Les acteurs glissent, d'acte en acte, de la distance-parlant face au public-, jusqu'à l'incarnation. Même lors du devoilement final, un poil désabusé, la pièce reste ouverte...

    C'était L'Illusion Comique de Corneille, mis en scéne par Galin Stoev, à la Comédie Française jusqu'à fin juin prochain.

    Guy

    P.S. Dans ce jeu avec la convention acceptée par le spectateur, il y avait tout de même (au moins!) un précedent : la scène du Roi Lear (1606) où nous croyons voir Kent, guidé par son fils, se jetter du haut d'une falaise. C'est du moins ce que nous croyons, par convention, lorsque l'acteur fait sur scène un saut d'une dizaine de centimètres... Avant de comprendre que le saut du personnage "dans la piece" est de la même hauteur que celui fait par l'acteur: Kent, aveugle, abusé par son fils, a été victime de la même illusion que nous!

    Lire aussi Libération et Culturofil.

     

  • Latifa Laabissi à l'âge de pierre

    C'est le spectacle de trop, après deux ou trois dans le même sens, à la fin d'une année qui n'en finit jamais. On a pas vraiment envie d'en dire du mal, tellement c'est désarmant. Dans un sens, bon enfant.

    Latifa Laâbissi par Laurent Paillier.jpg

     

    Mais si vain, pourtant. Question cohérence, rien à dire non plus: des variations surtout sur le même thème: celui des origines. Donc la préhistoire, le commencement, la genèse, etc... sous divers angles fictionnels: l'obscurité originelle puis habitée par le verbe (des cris primaux plutôt), une Eve nue à la pomme, les jeux innocents d'un enfant  sur la scène, les hommes préhistoriques dans leurs oeuvres, en peaux de bête façon "Les trois Ages" de Buster Keaton (référence revendiquée)...et quelques digressions (La marseillaise, une histoire de chevalier...) dont le rapport avec le reste est moins évident. Tout est parlé, posé, mimé. Pourquoi s'ennuie-t-on? Paradoxalement, ce n'est peut-être pas durant le premier quart d'heure, qui s'installe sans complexes dans le noir le plus complet, que l'on s'ennuie vraiment. Cette situation nous suggère au moins une réponse acceptable à la question de Saint Augustin (qui était africain): que faisait Dieu avant la création du monde?  Rien. Pas de réaction officielle de la part des deux religieuses assises au dernier rang (Leur présence constituant l'évènement le plus surprenant de la soirée). On entend dans le noir de la scène des cris qui amusent un peu, intriguent surtout. La lumière se fait brusquement...sur un plateau déserté. Pied de nez! 

    Mais dans la salle l'impatience est palpable, bien que retenue. On s'en voudrait de punir les audaces trop hâtivement. N'empêche. De scénettes en scénettes, l'intérêt se transforme en indulgence, l'ennui en attente. On en arrive, soulagé, jusqu'à rire ensuite avec des histoires d'accent belge ou nord-africain, de pipi et de poils sous les bras- l'humour heureusement joue plus fin par moments. On se console avec celà, faute de mieux, et avec un peu de fantaisie bienvenue. Car la construction est hachée, faite de juxtapositions. Laisse une impression laborieuse, heurtée. Cela ne tient pas à un manque de moyens, à un temps insuffisant qui aurait été consacré au travail- bien que l'absence d'Yves-Noël Genod, qui était annoncé, laisse supposer que le projet a connu des contrariétés.... Les élements paraissent achevés: L'installation de Nadia Lauro est pensée-une forêt de bandes de papier qui tombent du plafond. Le travail vocal est abouti.

    Ce qui nous gêne tient au parti pris (et pris par beaucoup d'autres) de la chorégraphe: montrer des situations, bout à bout, et faire du tout une proposition. Pour quelle demonstration? Latifa Laâbissi n'est pas plus sociologue que ne l'est Marcela Levi. A quoi tient au fond notre insatisfaction? C'est que la danse, en tant que mouvement, fait ici défaut, cruellement. Le moment où l'enfant vient danser, maladroitement, est le plus touchant. Il vient comme un soulagement. La danse nous manque, en ce qu'elle nous permettrait de nous abandonner entier, sans précautions, à l'abstrait, pour revenir nourrir d'intensité le concret. Quelque soit le sujet abordé. On ne veut pas parler par là de joliesse de ballet classique, mais de gestes justes simplement, et inutiles absolument. Même si l'on doit avouer que c'est ainsi en donner une définition très lache. Ne reste ici, à l'inverse, qu'une proposition apte à ravir les critiques, les commentateurs. Une proposition dont les matériaux anecdotiques peuvent se prêter à tous les développements et constructions. Une proposition qui est d'autant moins faite pour les spectateurs. 

    C'était Histoire par celui qui la raconte , par Latifa Laâbissi, avec Latifa Laâbissi, Jessica Batut, Siméon, Fouassier, Robert Steijn, scénographie de Nadia Lauro, travail vocal de Dalila Khatir. Au Centre Georges Pompidou, avec le Festival d'Automne à Paris.

    Guy

    Lire aussi Le tadorne, et Libération.

    Photo par Laurent Paillier, avec son aimable autorisation.

  • Julie Nioche, d'âme et d'eau

    Dés qu'on voit on regrette d'avoir été prevenu d'avance du concept. Que ceux qui veulent vivre pleinement l'expérience que Julie Nioche propose ne lisent pas ce qui suit....

    On regrette donc de ne plus pouvoir être surpris. Comme ce qui ne surprennait plus disait l'essentiel, et que des significations plus subtiles ne pouvaient apparaitre ensuite que plus difficilement. Mais, bizarrement, c'est par la poésie des sons qu'on se laisse d'abord quand même séduire: le bruissement des robes, la chute mate de la goutte d'eau... Car voilà: les robes sont de papier, et l'eau peu à peu les délite. Voilà au moins pour ce qui se laisse voir de plus évident. Mais si le dispositif est original, quelles idées sert-il? Il est question de l'identité de chacune des quatre danseuses. De disparition et repères perdus. De fragilité. De féminité. Et l'on sait que le vêtement de tous temps à la fois opprime et protège. Qu'il soit rigide  ou, comme ici, léger. Pour autant, poser la simple équation nudité = libération (=vie=vérité) serait par trop simpliste, aussi réducteur qu'une commémoration de mai 68 sur la plaine des lieux communs.

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    Visuellement, les impressions sont fortes. Ambiguës aussi. Nous laissant suspendus entre fascination et impatience. Les danseuses se suivent en soli. Chaque solo affirme un rythme et un style propre, comme si le respect de la personnalité de chacune des interprètes devait l'emporter sur la cohérence de l'ensemble. Au risque que cette succession nous laisse par moments perdu, par effet de dispersion. Toutes restent enfermées dans les strictes limites marquées au sol par un beau dispositif scénique, que l'eau envahi. Le blanc sage des robes suggère d'inépuisables interprétations. Sur le visage de la première danseuse, un masque fait écran, nous fruste. Bien que l'on comprenne que c'est justement dans cet obstacle que réside l'enjeu. Avant que son histoire ne culmine en un déluge libérateur, qui fait, sous le papier prêt à se rompre, la chair se gonfler de vie et d'humidité. La seconde femme rêve yeux fermés. La raideur semble se concentrer en résistance, les pieds s'engluent dans une terrible marée noire. Puis la frénésie prend des échos de désespérance. De plus en plus, l'eau est d'encre. Par tâches, trouble le blanc. Le réfléchit. La troisième femme écarte larges les bras. Cambrée, yeux au ciel, comme dans l'apprentissage de nouveaux langages. Ou en extases. La quatrième, aveugle, déambule, essuie le choc de jets de sceaux d'eau. Avec une violence qu'on ne sait comment prendre. A chaque fois: un combat, une transformation, tout au long de la dissolution du faux tissu. On ne sait si elles accompagnent ou subissent ce dévoilement. Mais à l'issue de chacune de ces trajectoires, même la peau libérée du carcan de papier, chacune de ces femmes retombe au sol, semble tout autant vaincue qu'à moitié nue. Évasions sans succès, ou trop cher payées. Une assistante revient imposer à nouveau à chaque sujet une armure fragile, en de délicats agrafages. Mais fastidueux.

    Nous laissant avec le sentiment d'avoir chaque fois tout à recommencer ? Mais si le déroulement nous déroute, en commun de toutes ces singulières propositions se laisse voir à fleur de peau beaucoup de pudeur, une grande délicatesse. Même malgré parfois la violence des gestes. Et tout au long, une belle justesse et sobriété. Et les corps s'imposent avec évidence. S'épanouissent plutôt plus généreux que selon les carcans esthétiques: d'autant plus beaux de vérité, simplement. Surtout, en conclusion, après leurs réaminations et rabilllages les quatre femmes se mettent soudain, à exister ensemble. Les regards s'animent et se croisent. Sous une pluie nouvelle, les tissus se disolvent encore mais un groupe se crée.

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    Leur rencontre crée un lien avec nous, crée un sens. Alors que les lumières tombent, il y a un trés beau et court dernier moment, où toutes ensemble avancent vers nous, pour s'évader du cadre. Tout se joue au dernier instant.

    C'était Matter, de Julie Nioche, au Nouveau Théâtre de Montreuil, avec Mia Habib, Rani Nair, Julie Nioche, Bouchra Ouizguen, dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint Denis.

    Guy

    Photos avec l'aimable autorisation de Jérome Delatour-images de danse. Toutes les autres sont ici

    P.S. D'autres réactions sur Images de Danse et Tadorne

    extrait et interview, sur arte

  • Dieu dans tout ça

    Une nouvelle contribution de François:

    Un gorille seul assis par terre sur la scène faite d’un plan très incliné percé de trois trappes. Le gorille est vert fluo ; c’est un homme revêtu d’un déguisement de gorille, masque compris. Un métronome posé sur le sol bat une mesure très lente. L’espace est également rempli d’une nappe sonore, indéterminée, plutôt synthétique, quelque chose qui évoque la bande-son d’un film de science-fiction. Quelques accidents scéniques viennent parfois hacher le cours de ce temps lent et plat : une modeste flamme surgit d’une des trappes et s’éteint lentement, une fumée colorée s’élève d’une autre trappe en explosant et se dissipe sans hâte dans l’univers (une fois verte, une fois rousse,…),  des briques de carton remplies de talc tombent du ciel à intervalles réguliers en créant à chaque fois un petit nuage de poudre blanche ; une plante verte elle aussi tombée du ciel s’écrase sur la scène en faisant gicler de petits éclats de terreau.

    Au bout de quelques minutes, un évènement majeur se produit. Une enseigne lumineuse, elle aussi descendue du ciel, se fige sur le fond de la scène avec ses quatre lettres de néon se détachant distinctement du fond sombre : D I E U.

    Un peu plus tard ou peut-être un peu avant cette manifestation divine, le gorille se met à bouger, il se déshabille très lentement et devient un hommel âgé aux cheveux gris ; à l’aide de ruban adhésif l’homme colle sur son corps un micro et un ampli portable ; à l’aide de deux feuilles de papier et d’une paire de ciseaux il confectionne en tremblant une couronne qu’il pose sur sa tête. Une fois la tunique de gorille complètement enlevée, l’homme nu plie méticuleusement le déguisement et le laisse tomber dans la trappe la plus proche.

    L’homme nu et couronné se déplace à pas comptés sur le plan incliné. Il se dirige vers les tas de talc et s’en asperge tout le corps. Il se met à parler : il raconte un très vieux souvenir d’enfance, lorsqu’il se retrouvait avec son père dans l’ambiance humide de la salle de bain familiale. Il conclut son récit par une phrase mettant en doute l’existence du temps et de l’espace. Il sort du plan incliné et se retrouve sur le devant de la scène ; le rideau s’abaisse derrière l’homme nu et couronné. Il se dirige à pas très lents vers la sortie de secours et disparaît.

     Une escapade parmi d’autres

    Thomas Ferrand a repris quelques éléments scéniques d’ «une excellente pièce de danse », son spectacle précédent (la couronne, le talc, la flamme…). Il introduit une gravité supplémentaire dans l’écoulement du temps qui, notamment grâce au métronome, devient physiquement perceptible par nos sens. Et il réduit encore le spectre de l’action jouée par l’acteur. Celle-ci, minimaliste, tient en quelques gestes. Elle prend forme par l’intermédiaire d’un roi nu. Le roi nu évoque la fameuse phrase du conte d’Andersen prononcée par un enfant, seul à dire ce que chacun voit tout en faisant semblant de voir autre chose, parce que la pesanteur sociale étouffe la manifestation de la vérité.

    Thomas Ferrand vɔɪədʒəʳ  novembre 2014.jpg

     

    Dieu est omniprésent dans cette pièce, même si ce n’est que sous la forme d’un affichage promotionnel fait en tubes de néon ou peut-être surtout parce qu’il n’est plus qu’une enseigne lumineuse, un slogan. L’homme-gorille assis au pied du néon Dieu, à ne (presque) rien faire, fait penser aux deux personnages de la pièce de Beckett ‘en attendant Godot’. Beckett a certes nié avoir caché Dieu derrière l’identité de son personnage invisible God(ot). Mais la pièce de Thomas Ferrand s’inscrit dans la veine qu’a ouverte Beckett : montrer une existence humaine sur une scène déserte, une solitude dans un monde où rien ne se passe si ce n’est  périodiquement quelques ravages , une attente de sens qui ne vient pas. Dans cette vie là, Dieu ne se manifeste pas plus que des tubes de néon et il n’est pas d’un grand secours pour notre roi nu qui après ses ablutions rituelles au talc décide finalement de s’échapper par la porte de secours.

    Le titre vɔɪədʒəʳ III fait référence à une sonde envoyée dans l’espace par la NASA en 1977. Elle suggère un au-delà ou même un univers fictionnel où tout serait illusion. Mais finalement tout dans cette pièce ramène à la condition humaine ici et maintenant.

    C’était vɔɪədʒəʳ III de Thomas Ferrand, les 13 et 14 novembre 2014 au Théâtre d’Orléans – scène nationale, à l’occasion du mini festival  ‘Des Floraisons‘

    François

    photo de Marion Poussier avec l'aimable autorisation de la compagnie

  • Pur et dur

    J'avais vu une première fois cette mise en scène du maitre de Santiago ici même en 2006.

    Cette fois ci, mon ami Gilles en rend compte:

     On ne sera jamais assez reconnaissant à Jean-Luc Jeener de donner, avec un budget quasi nul, trois fois plus de chefs-d’œuvre classiques (au sens large) en une saison que la Comédie-Française.  Bien que ne tournant pas le dos aux auteurs officiels (Molière, Shakespeare, Racine, Genet, Beckett…) chers à la nomenklatura culturelle, il exhume aussi des œuvres de dramaturges moins en cour, voire quasiment enterrés, comme Corneille, Claudel, Giraudoux ou Montherlant. Ce faisant il œuvre pour la survie de la culture, la vraie, celle qui procède de la rencontre entre un auteur unique, avec ses passions, ses obsessions et ses idiosyncrasies, et un public d’hommes libres désireux de se construire et d’en savoir plus sur eux-mêmes et sur le monde.

    L’œuvre de Montherlant repose sur une observation minutieuse de l’existence et sur le souci absolu de la vérité humaine. De cette observation (qu’on peut apprécier dans des œuvres quasiment naturalistes comme Les jeunes filles ou Les célibataires), il tire une morale et une métaphysique. Cette dernière repose sur la tension permanente entre un panthéisme nietzschéen, une animalité assumée  (Pasiphaé, Le songe, Les bestiaires, etc), et une vision détachée et nihiliste de l’existence qui le rapproche des stoïciens, des mystiques espagnols et des jansénistes (Mors et Vita, Explicit Mysterium). Cette apparente contradiction n’en est pas une, puisqu’elle caractérise notre condition humaine ; mais, chez Montherlant, elle débouche sur une morale, qu’il qualifie de morale de l’alternance, et qui constitue une sorte de bréviaire permettant de concilier recherche du bonheur et acceptation lucide de notre condition de mortels. Il s’agit en somme d’agir selon ses passions, comme si on les prenait au sérieux, tout en se ménageant une porte de sortie, une stratégie d’esquive, parce qu’on sait bien que l’existence ne l’est pas.

    Si le héros d’une œuvre de fiction autobiographique – Alban de Bricoule, Costals – se doit donc de pratiquer constamment cet exercice spirituel, au théâtre il est tentant pour l’auteur de se dédoubler, transformant ainsi la pratique de l’alternance en conflit entre des personnages pouvant susciter un intérêt dramatique. C’est sur ce principe que repose Le Maître de Santiago. Don Alvaro, austère « moine-soldat », aspire à la pureté et à la transcendance divine. Il vomit l’Espagne de son temps qu’il considère comme corrompue. Il ne désire plus que s’abîmer en Dieu. Les autres chevaliers de l’ordre disent oui à la vie. Ils rêvent de conquêtes, de pouvoir ; ils ne dédaignent pas la richesse ; ils veulent le bonheur de leurs enfants et acceptent les lois de l'existence. L’un d’entre eux, Don Bernal, par calcul, parce qu’il veut que son fils épouse la fille de Don Alvaro, et que celui-ci s’enrichisse afin de la doter, tente de convaincre Alvaro d’aller briguer argent et pouvoir dans le Nouveau Monde. Rien n’y fait, pas même l'objection évidente que cette exigence n'est qu'une forme d'orgueil.  L'homme est déjà dans l'au-delà; les affaires terrestres ne lui sont plus qu'une nuisance.

    De nos jours ce théâtre d'idées passe paradoxalement mieux à la scène qu'à la lecture; incarnés dans des personnages, les considérations éthiques et métaphysiques, les principes généraux n'en acquièrent que plus de force -- surtout s'ils s'opposent les uns aux autres.  Les valeurs portées par l’œuvre de Montherlant sont si éloignées de l'esprit contemporain qu'elle gagnent en crédibilité, exprimées par des personnages en chair et en os.  La mise en scène et les acteurs -- compétents voire excellents -- sont tout entiers au service du texte. Le décor se réduit à quelques braseros, qui enfument progressivement la pièce, tout en s'éteignant petit à petit, les uns après les autres. Évocation saisissante des conditions de vie au début du XVIe siècle, mais aussi symbole.  La poésie des phrases sonne, les forces vitales et spirituelles se heurtent. La pièce se termine par un long épilogue élégiaque, marqué par le christianisme le plus sombre,  celui de l'Ecclésiaste et de Pascal, après que le personnage principal eut convaincu sa fille, elle qui incarne l'amour de la vie, de se sacrifier pour le rejoindre dans son culte intransigeant du Néant.

    Le maitre de Santiago d'Henry de Montherlant mis en scène par Patrice Le Cadre, vu au théâtre du Nord Ouest le 9 juin 2014.

    Gilles

    Postface au compte rendu de Gilles:

    Lien permanent  commentaire

  • La Tour de la Défense: Daphné est completement pétée

    Hier soir, la Tour de la Défense se dressait à Bobigny. 1 boulevard Lénine, prés du boulevard Jean Jaurès, avant le boulevard Maurice Thorez.

    medium_tour_01.jpgNon, on plaisantait: cela ne se passait pas vraiment à Bobigny, ou géographiquement tout au plus: c'était plutôt à la MC93-Bobigny, qui est une enclave parisienne et bobo au coeur de la Seine Saint Denis, en compagnie d'un public dont la mixité sociale ne sautait pas aux yeux. Et, pour preuve qu'on n'était pas dans lez 9-3 pour de vrai, précisons qu'on avait acheté notre place via le Festival d'Automne à Paris.  "Parking gratuit et surveillé" nous rassurait la brochure. Alternative au Forum culturel du Blanc Mesnil qui affrète des cars pour aller chercher le public parisien place de la Nation. Mais on aurait pu être à Avignon, où n'importe où ailleurs, on était en tout cas en phase avec le contexte de la pièce: un réveillon bobo-homo de nouvel an, de l'an 1977, année disco.

    Représenté dans un décor, un vrai, splendide et sophistiqué, un décor d'appartement seventies, avec tous les accessoires, même les pires. Ce qui fait tout drôle, tant on s'est habitué au minimalisme contemporain. Réalisme plastique, et intrigue linéaire également, quasi-boulevard ou comédie policière, avec entrées, sorties, exclamations, portes qui claquent et évanouissements à répétition, mais tout est décalé. On croit entendre, en écoutant le texte de l'argentin Copi (1940 -1987) une fascination quasi-enfantine pour la langue française, peut être propre à un étranger qui apprend à la maîtriser, comme un nouveau jouet, et manie cependant cette langue avec une insaisissable étrangeté. 

    Les personnages, comme dans une recherche naîve pour appréhender la complexité de l'existence-c'est perdu d'avance-. enfilent les banalités avec medium_tour_02.jpgune drôlerie déconcertante. Presque une pré-figuration parodique des shows de télé-réalité de nos écrans d'aujourd'hui, promesses sexuelles comprises. Mais d'évidences approximatives en fausses évidences, c'est une manière imparable de nous accoutumer à un glissement très progressif d'un trash presque ordinaire vers l'absurde et l'horreur. Qui se manifestent avec les obsessions habituelles à Copi: rat, serpent, frigo et compagnie, mais aussi par de sinistres prémonitions: hélicoptère s'encastrant dans une tour en feu et enfant congelé au frigo. Soudain on ne rit plus.

    Tous les habitants du 13° étage de cette tour de la défonce sont passionnants, et entre autres Jean(Martial Di Fonzo Bo), étonnant de pédanterie et de de candide brutalité. Mais le pire viendra de Daphné, la seule femme présente, interprétée par Marina Fois, sublime et désinhibée. Daphné d'abord en marge de ce club masculin, celle dont chacun cherche à se débarrasser. Revanche morbide, toute l'action se réorganisera peu à peu autour d'elle. 

    Mais de toute manière, à la fin tout le monde meurt, évidemment.

    C'est "La Tour de la Défense" par la compagnie "les Lucioles", mis en scène par Martial di Fonzo Bo, à la MC93 Bobigny, encore pour quelques soirées

    Guy

  • Clip V.2

    Bertin Poirée, retournons y et regardons y huit autres, degustation de pièces en dix minutes chacune:  

    medium_une_fleur_sans_nom.jpgKiyoko Kashiwagi & anime dance theater nous jouent Romeo the thief and Juliet the guard, ce n'est pas du Shakespeare, c'est beaucoup mieux: on vole la joconde dans un ballet à la Tex Avery ninja, mais l'amour finit par triompher, c'est hilarant.

    Difficille pour la compagnie Bon Bon/ Hanako et Yuka, avec Là ou je suis, de déja exister juste aprés ça, trop délicat, trop modeste?

    Laurence Pages nous propose un travail troublant sur le souffle; A un fil, d'une voix commande la danse, mais peut-être au risque de dérégler le corps lui même, d'une manière aussi inquiétante que Louise Bédard il y a peu à suivre en intégrale à mains d'oeuvre dans pas longtemps.

    On était un peu passé à coté de Gyohei Zaitsu l'an dernier, mais on est saisi ce soir par la force de ce que le danseur de cette Vie En Rose dégage, sur un mode trés lent et intense, en quelques gestes blancs, sous la neutralité d'un maquillage buto et l'humanité d'un costume grotesque: quelque chose de quasi miraculeux.

    Soyons honnête, sur huit performances, il y a en toujours l'une où l'attention se dissipe un peu. cela tombe ce soir sur Marlène Myrtil (Assentiment 1 chaine correspondance....) ce qui est surement injuste: à defaut d'avoir vraiment suivi, on peut témoigner que c'est trés riche, fort et maitrisé.

    D'un mardi l'autre, l' Aprés tout... de Motoko Yoda, dont l'exposé n'a pourtant surement pas varié d'un iota, nous semble plus construit, aussi intéressant, plus affirmé.

    En lieu et place d'une annoncée absente, Gyohei Zaitsu nous fait un retour surprise, bonne surprise, et même meilleure que celà: ce qu'il fait sous le même masque blanc n'a rien de commun avec ce qu'il nous a montré tout à l'heure, plus baroque, et imprévisible completement. Plus on voit ce garçon, plus il surprend.

    Conclusion par la cie Jocelyne Danchick avec Breath cycle: une femme vétue d'un antique corset orthopédique, d'emblée une image forte, mais trop sans doute, à un tel point que l'on a du mal à dépasser l'impression initiale pour s'intéresser à la danse, suspendu entre la violence de ce concept visuel et la perception du mouvement.

    Tout le monde aura compris que ce soir à Bertin Poirée il n'y avait pas que du buto, ce qui n'avait pas d'importance.

    C'était le deuxieme épisode de Version clip dans le cadre du festival Dance Box 07 dans un centre Bertin Poirée si plein qu'on ne pouvait plus y glisser même la plus fine des danseuses. La trilogie s'acheve mardi prochain.

    Guy

    Faut il noter le spectacle vivant?... s'interroge-t-on sur Scènes 2.0... En tous cas ce soir à Bertin Poirée on était invité à voter pour ses deux compagnies préférées. 

    Et qui donc avait été élue l'an dernier? Maki Watanabe, evidemment!

    P.S.: Gyohei Zaitsu a aimablement répondu à notre demande en nous envoyant cette photo plus haut. Pas de la Vie en Rose hélas, avis aux photographes: il faut immortaliser Gyohei avec son noeud rose bobon dans les cheveux! Au Proscenium les 3 et 4 avril, peut être? 

  • Une + deux

    On préfère, et de loin, Perrine Valli une fois qu'elle s'est débarrassée de ses poètes suisses, libérée de la poésie et du bruit. Pas tout à fait, car en raison de l'isolation très approximative des différentes salles de Mains d'oeuvres, il fallait ce soir un peu d'efforts pour imaginer le silence autour d'elle. Donc pas de musique, pas d'effet d'éclairage non plus, des habits d'un noir digne et discret, autant de manières de signifier d'entrée que l'on se situait ce soir dans l'austérité.

    medium_perrine-vali.jpgPour une danse lente et prés du sol, à la rigueur toute géométrique, l'émotion contenue dans les yeux, et l'abandon de certains glissements. Interrogative aussi: les bras et jambes se transforment obstinément en aiguilles d'horloge pour ébaucher la mesure d'un temps rêveur et intime. Ici les équilibres et arrêts, tels ces brèves pauses face au public, pudiques, énigmatiques, prennent presque autant de valeur que les mouvements qui les lient. Économiques, presque jusqu'à l'agacement.

    La pièce est courte, comme encore ébauchée. Elle laisse peut être un peu sur sa faim, à force de dédaigner crânement tous les effets faciles. Mais l'artiste est très jeune, et son histoire-on le pressent et on l'espère- en est à ses tous débuts. Et de ce premier essai on oubliera juste le titre: "Ma cabane au Canada".

     

     

    Cette soirée découverte nous projetait ensuite, sur le plan de l'esthétique, à des années lumières de cette première partie sobre et introspective, en compagnie alors de Myriam Lefkowitz et Lise Casazza ( Cie Débribes). 

    Pour atterrir d'abord dans un baquet en compagnie de l'une des danseuses, inanimée. Pourquoi donc un baquet? Était-ce pour lui permettre de s'en extirper, toute nue sous son collant transparent, et bientôt sans collant du tout? C'était une raison aussi valable qu'une autre après tout.

    "Et alors, qu'est qu'elle devient" ensuite, après cette naissance de Vénus, et une fois un peu rhabec1e8e457d7b464bd6816ebd4a5eb8f7.jpgillée? Sa partenaire l'a rejointe, fébrile, et l'on comprend alors de quoi ce soir il s'agit: ces deux personnages sont très intéressés l'un par l'autre, et auront fort à faire pour se découvrir mutuellement.

    Elles se livrent pour celà à une chorégraphie dynamique et inquiète, ni brouillonne ni confuse pour autant.

    Maquillées en miroir, amantes ou jumelles, ou les deux à la fois, elles s'approchent l'une de l'autre, énervées, se croisent, se frôlent se heurtent, se considèrent, se touchent, se tâtent, se caressent, se maltraitent, s'agrippent par les plis de la peau et des vêtements, évoluent ensemble ou parallèlement, enlacées ou entravées l'une à l'autre, échangent les rôles, se soulèvent et se portent l'une l'autre et se laissent tomber brutalement. Tension, doutes, medium_debribes_2.jpgémois, ruptures. Malgré l'humour sous-jacent, plus de stupeur que de sensualité dans tout cela.

    Autant dire que jusqu'au moment où elles retourneront choir ensemble dans le baquet originel, on n'aura guère eu le temps de s'ennuyer.

    Ni ce soir, ni demain soir encore.

    Guy 

    PS on a trouvé plein de belles photos ici  , site qu'on là lui-même trouvé sur ce portail là

     

  • Le Maitre de Santiago

    On hésitait un peu, on n'osait pas vraiment, mais on s'est enfin décidé: à suivre hier soir Montherlant,sur la pointe des pieds, le long des chemins les plus austères, ceux qui mènent aux sommets les plus élevés. On a vu le Maitre de Santiago. Et on aura du mal, après, à oublier.

    medium_Montherlant.jpgLe contexte: l'Espagne du début XV°, juste libérée de la domination maure, tendue vers la conquête des Amériques, et de son or.

    Le sujet: Don Alvaro, héros de la bataille de Grenade, maître de l'ordre chevaleresque de Santagio, est sollicité pour partir s'enrichir dans le nouveau monde. Qu'il puisse ainsi doter sa fille Mariana, afin qu'elle se marie avec son bien aimé. Mais Don Alvaro refuse. Tout dans ce siècle ne lui inspire que dégoût, et plus que tout la vanité d'avides conquêtes, vouées à l'échec. Il n'aspire qu'au silence, qu'à la pauvreté et à la prière. Quitte à entrainer Mariana avec lui dans la voie de l'extrème dépouillement. Jusque vers le renoncement au monde, vers l'absolu, vers Dieu ou le néant.

    La religion est donc ici évoquée dans son acceptation la plus mystique, la plus austère, la plus pure. La plus dure et intransigeante aussi. Avec un texte grave, brillant, mais d'une clarté acérée. En aucun cas un plaidoyer ou une condamnation univoque. Dans la tradition du grand théâtre d'idées, se confrontent les positions morales par la voix des personnages. Les compagnons de Don Alvaro ne se privent pas de lui dire à quel point sa recherche solitaire du salut s'accompagne de froideur et d'égoïsme, d'indifférence vis à vis du prochain, y compris vis à vis de sa fille. De lui montrer à quel point sa charité ressemble à du mépris. Mais le spectateur est adulte, à lui de méditer, et de trancher. S'il peut.

    Mais il ne s'agit pas d'un débat froid et abstrait, il s'agit de doute et de souffrance. Jean Luc Jeener, le directeur du T.N.O., incarne Don Alvaro. Aurait-il organisé le cycle Montherlant dans son théâtre qu'à ce seul effet qu'on ne pourrait lui donner tort. S'il met de tout son corps en évidence la fragilité du personnage, ce que Don Alvaro a aussi d'effrayant, d'extrême, de presque monstrueux n'est pas pour autant occulté.

    Le texte est traité ici avec un grand respect, mais il ne pouvait être fait d'autre choix en vérité. La mise en lumière est admirable, l'espace organisé sur une diagonale avec en son extrémité une croix immense, vers laquelle jusqu'à la fin les personnage tendent.

    Guy

  • Nightshade de 6 à 7

    On est plus trés loin d'avoir dévoilé tout Nightshade. Plus que deux propositions, après cinq essais non transformés, cinq effeuillages un peu vains, nous laissant jusqu’ici sur notre faim. Ne restent plus à enlever que les deux derniers des sept voiles de Salomé. Deux mystères, on espère. Que l'on promet de révéler.

    Mais voici qu’une pin-up, regard baissé ou perdu ailleurs, laisse lentement glisser sur sa peau un peu de soie. De quoi nous réconcilier: Alain Platel a eu assez d’humilité pour travailler dans le cadre du concept, tout en faisant qu’émerge du spectacle une réflexion sur 1e53dd1b7e71e8d89055ebe2f3a33450.jpgla nature de ce cadre même. Le fait est que le numéro de Platel, créé dans des lieux cultureux, pourrait trouver sa place dans un cabaret haut de gamme, sans étonner, sans détonner. Danse ou strip-tease, danse et strip-tease à la fois, selon le regard que l’on porte sur l’objet. Les fondamentaux sont respectés, et la température peut s’élever rapidement: pour commencer Caroline Lemaire est absolument bien faite, les dessous sont chics, le déshabillé noir transparent, les talons aiguilles rouge vifs, les gestes negligement balancés au rythme d’une innocence feinte, l’orchestre souffle à nos oreilles une scie de Gainsbourg, manière assez cynique mais efficace de nous emmener complices.

    Mais tout cela ne resterait que joliment anecdotique, sans le petit coup de génie de ces rideaux mouvants. A à chaque étape du dénudement, ils cadrent et redéfinissent notre champ de vision. Et nous donnent ainsi à penser sur ce que notre regard guette. A chaque abandon de vêtement le champ se rétrécit, nos yeux sont fermement dirigés, recadrés en gros plans sur le corps dévoilé. Le corps dont dans le même temps l’escamotage est annoncé. La danseuse participe négligemment et ambiguë à ce  jeu, accompagne ou freine-on ne sait- le mouvement des rideaux qui peu à peu la dérobent. Par le mouvement du cadre tout est déjà dit, ironiquement, que ne pourra jamais s'assouvir le désir qui poursuit des yeux cette Eurydice fractionnée. L’effeuillage ne mène jamais nulle part, sinon à un tour de passe-passe, ne tient jamais les promesses auxquelles personne n’a cru vraiment. Le mécanisme paradoxal du strip-tease est intelligemment mis à nu. Et en conclusion, le sexe de la danseuse également…mais, comme il se doit, hors champ!

    On est encore emballé, émoustillé, frustré forcement et déjà consolé, avec le sentiment d'avoir fait le tour de la 8e40bfefda63c5e8adaac070f55a1133.jpgquestion. Coup de théâtre: Caterina Sagna nous prend par surprise, pour déconstruire sans ménagement tout ce que nous avons vu, tout ce que nous avons accepté trop facilement. La chorégraphe, à l'exact inverse d'Alain Platel, refuse de rentrer dans le jeu. Elle entreprend de démonstrer par l'absurde tout ce ce que le concept peut porter en lui de révoltant. La performance de Sky van der Hoek est - ce n'est pas un hasard- de toutes celles de ce soir la plus nue, la plus crue, la plus cruelle. Pour montrer comment la danse contemporaine peut être- sans s'épuiser en mots- dérangeante, assez intelligente pour à la fois être spectacle et dénoncer. Pourquoi et comment? On ne le dévoilera pas ici, le découvrir est peut être la meilleure raison d'aller voir Nightshade....

     

     

    C'était Caroline Lemaire ♥♥♥♥♥ dirigée par Alain Platel, et Sky Van Der Hoek ♥♥♥♥♥ dirigée par Caterina Sagna dans le cadre de Nightshade, à la grande Halle de la Villette, jusqu'au 13 octobre.

    Guy