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Danse - Page 28

  • Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna: elles tuent

    Elles osent tout, ces deux femmes, et elles ont terriblement raison. Mais sans jamais qu'elles en fassent trop, sans jamais qu'elles ne sonnent faux. Ne se glissent jamais là où on les attend, mais juste un peu à coté, parlent lorsqu'il faudrait qu'elles dansent, interrompent une phrase en français ou catalan pour entamer un pas de danse. Ou laissent la danse s'achever en un geste discret. Ou ne font rien du tout, sinon regarder et écouter intensément leurs musiciens jouer Biber (1644-1704). Avant de casser les violons. 

    Toujours jouer de tout en un mot. Brigitte Seth minaude et se tortille, en personnage de bourgeoise ahurie. Roser Montllo Guberna se suspend enfantine, puis glisse au sol et évolue, sur un mode doux-amer, fausse ingénue.

  • Blanka était là

    Les vrais gens étaient là, enfin. Dans la salle des fêtes de la mairie du XIX° arrondissement. Décorée de faux marbres et de dorures, trompes-l'oeil champêtres et colonnes antiques, chaises en plastique, jus d'orange et nappes en papier.

    Avec sur la scène une artiste vivante, contemporaine, et des vrais gens pour la regarder, les mêmes gens que l'on voit au bistrot, dans la rue, au marché, et dans les salles des fêtes justement, toujours devant le buffet, mais alors avec vaguement l'air de se demander s'ils sont là à leur place. Les gens à qui il ne viendrait jamais à l'idée d'aller dans une salle branchée et parisienne, telle la MC 93 à Bobigny par exemple. Les gens à qui nous ressemblons peut-être avec leurs rides, leurs mentons et leurs casquettes, leurs lunettes démodées, leurs enfants et leurs camescopes, leurs fringues en solde, et leurs kilos en trop.

    A la différence de Blanka,princesse d'europe de l'est aux yeux fous, maquillée de noir jusqu'aux lèvres et vetue de blanc flou, tissus et cheveux flottant autour d'une présence fébrile et squelettique, toute droite sortie du bal des vampires. Blankaqui s'autoproclame poète folle, danseuse, chanteuse, actrice, modèle, performeuse, journaliste, musicienne, rien de tout cela à la vérité mais un peu de tout quand même, tant mieux pour l'audace et tant pis pour les cases et les règles.

    Tant pis pour la technique aussi, pour toutes les techniques méprisées avec la désinvolture de la beauté: deux accords de guitare répétés en boucle pour supporter les libres vocalises, puis un obscur monologue sur le mal de vivre et d'être là, dit plus tout à fait en polonais, et pas encore en français vraiment, enfin une danse qui se moque de la virtuosité pour emprunter au flamenco quand Blanka tourne, au buto quand Blanka tombe, une danse parfumée de sensualité mortifère- robe raccourcie en jupe à coups de ciseau par le complice- pour s'achever en une immobilité de plusieurs minutes, de quoi perturber tous les gens, vrais ou pas.    

    Juste ce qu'il fallait pour être poète dans cette salle des fêtes, ouvrir un peu cet espace froid vers un ailleurs rêvé, et mériter quelques applaudissements des vrais gens.

    C'était "Dis-moi, Ophelie crie moi... Ophelie!" de Blanka, dans le cadre de la "fête des urbanités", dans la salle des fêtes de la mairie du XIX° arrondissement.

    Guy

  • Hell: et l'enfer dans tout ça?

    C'est assez branché pour être programmé au Théâtre de la Ville, assez consensuel pour ne pas en faire fuir plus d'une vingtaine de spectateurs, assez malin pour faire applaudir tous les autres à plusieurs reprises en cours de spectacle, assez gonflé pour commencer avant que ces spectateurs ne soient installés, assez italo-néerlandais pour devenir tout à fait parisien, assez énigmatique pour faire intelligent, assez intelligent pour qu'on ne puisse plus en douter, assez sérieux pour s'attirer les éloges de Rosita Boisseau, assez riche en genres musicaux différents pour vous réveiller toutes les dix minutes, assez court de toute façon pour éviter que l'on s'endorme, assez long pour ne pas sembler fumiste, assez virtuose pour contraindre à l'admiration, assez varié dans son déroulement pour ne pas lasser, assez érudit pour ravir les connaisseurs, assez riche en terme de vocabulaire chorégraphique pour intéresser même les profanes, assez déshabillé pour émoustiller les spectateurs de toutes préférences, assez rusé pour surprendre, assez doté en danseurs, en effets sonores et visuels, en budget pour qu'on en ait pour son argent, assez travaillé pour mériter le respect, assez sombre pour paraître profond, assez drôle et second degré pour qu'il soit moralement permis de se détendre.

    Un professionnalisme digne de Broadway au service de la danse contemporaine, tel semble être le concept mis en oeuvre par Emio Greco. Le secret du succès. 

    D'où vient alors, qu'on se dit qu'assez, c'est trop ou trop peu, qu'on n'est pas totalement satisfait ? Qu'on aurait presque préféré, un peu d'imperfection? Est ce parce qu'on est jamais content, comme un enfant gâté ?

    Mais au fait, ça parlait de quoi?

    C'est Hell  , d'Emio Greco et Pieter C. Scholten, au Théâtre de la ville, ce soir encore.

    Guy

    P.S. Le regard d'images de danse, ici

  • Avec Maki Watanabe, Marteau Rouge casse ses jouets

    On continue, porté par les encouragements de Florence, mais comment rendre compte de ces souvenirs, d'hier déja?

    medium_06_10_04_Maki-22.2.jpg

    Surtout de ces souvenirs- là, d'impressions que ne soutenaient dans l'instant d'alors aucune narration, de sensations à prendre ou à laisser. Qu'a-t-on vu et entendu? Sûrement pas un groupe accompagnant une danseuse, selon un scénario préétabli, ni une danseuse de buto improvisant sur une musique qui lui aurait été imposée. Les territoires semblaient plus incertains, plus poreux: par sursauts Maki Watanabe hurlait sa plainte, et les musiciens de Marteau Rouge faisaient le spectacle également, se donnaient à voir autant qu'à entendre: gestes délicats et puissants, spectaculaires à dessein du percussionniste (Makoto Sato), posture introvertie du guitariste -(Jean François Pauvros) arquebouté sur l'instrument, le visage caché en avant sous tignasse, position du clavieriste (Jean Marc Foussat)en savant fou, plus qu'inquiétant, triturant des machines dont débordaient des câbles par dizaines. Imagerie d'une mythologie somme toute classique: celle de la possession du musicien par la musique.

    Yeux fermés un triangle musical, une figure riche et idéale, celle de la liberté collective, du risque et de l'improvisation (On a un peu peur d'employer ce dernier mot trop fourre-tout, car il faudrait s'attaquer à l'expliquer). Longs développements, un seul par set. On pourrait appeler le résultat du free jazz, peut-être celui qu'a laissé Coltrane derrière lui au bout de sa course, version bruitiste, versant electrifié. Cela évoque aussi, entre mille autres choses, les moments les plus bruts de King Crimson, époque "Red" justement.
    podcast

    Maki Watanabe est vêtue de noir et ample, seuls le ventre et le visage découverts. Plus qu'un détail: car l'attention se focalise dés lors sur l'économie générale de ses mouvement-sur le corps en son entier-, et sur son visage, extraordinairement expressif soudain. Méconnaissable de blanc, expressif jusqu'à l'effroi, inhumain, trop humain. Quant à cette économie, elle se caractérise plutôt par une dépense contrôlée mais généreuse, à envahir furieusement tout l'espace autour d'elle, sans compter.

    Double improvisation, et faire l'expérience de l'improvisation de l'un nous fait ressentir et comprendre différement l'improvisation de l'autre. A l'exact opposé du "n'importe quoi": il faut obligatoirement maîtriser la technique, toutes ses règles, avant de les transgresser. Connaître ses arpèges sur le bout des doigts avant d'attaquer la guitare du tranchant de la main, ou à l'archet. Dans le trio toujours l'un des instruments-et pas toujours le même- reste dans la structure, afin de permettre aux autres de s'en affranchir. De ce contraste, de cette rupture, naît l'inquiétude et l'excitation.

    Maki Watanabe en offre l'équivalent visuel, surprenante de discipline mise au service de la liberté, de violence, de medium_photo_Maki.jpgrapidité, de justesse. Surtout surprenante tout court. Il y a dans ce qu'on voit matière à 10 soli, sans cesse interrompus, sans cesse repris. Portée par la musique de Marteau Rouge, la danseuse ne tombe pas dans le piège de l'imitation, de la simple transposition du rythme. Elle danse en contre-chant, s'unit à eux dans l'esprit plus que dans la lettre. La musique et la danse investissent tout l'espace des possibles en terme de rythmes, de timbres, de structures, de climats, d'humeurs, de volumes.

    Marteau Rouge casse ses jouets, et maltraite les instruments, Maki Watanabe avec eux met son propre corps en jeu, sans calcul ni prudence. C'est la morale du jouet selon Baudelaire,cet objet détruit, dé-construit, éventré, disséqué, pour l'éclairer du dedans, ici la note ouverte à vif pour en faire jaillir une vérité neuve, et le geste arraché au corps, démarche furieuse et psychanalytique

    C'était Marteau Rouge et Maki Watanabe à l'Olympic Café, au coeur de la goutte d'or.

    Guy


    P.s; On pourra voir Maki et d'autres aux Voûtes, dimanche soir

     

  • Transit: retour aux sources

    Vendredi soir dernier l'Espace Culturel Bertin Poiréefaisait cave pleine (pour ceux qui l'ignoreraient, Bertin Poirée est une enclave nippone au coeur du Paris bobo). Et peut-être même que parmi les spectateurs il n'y avait pas que des danseurs de buto. C'était au moins avéré s'agissant de cette jeune femme à la candeur bienvenue, qui demandait à l'entracte à un chorégraphe au français hésitant quelle histoire racontait au juste la danseuse prostrée au début de son solo, ou si elle cherchait quelque chose qu'elle aurait perdu par terre avant.

    medium_Cinzia_et_Cecile_-_Buto_18_1.jpgMais pour un public "initié", ce solo, celui de Cinzia Menga évoquait ce que l'on peut habituellement voir de sincère et de bon niveau dans cette même salle. Une performance à tout point de vue dépouillée, mis à part les "Grains de Sable"répandus sur le tapis de scène. Dans tout celà le plus original était le corps en lui-même- car c'est de corps dont il s'agissait avant tout, un corps proche de la nudité, un corps aux formes réinventées par la lenteur toute hypnotique des mouvements. Ce corps offrait en premier lieu juste un peu plus de rondeurs que celles que les danseuses s'autorisent généralement. Cela suffisait, exascerbé par le contexte, pour qu'il en devienne charnel à l'extrème. Surtout c'était un corps occidental, et non pas japonais, et sur les mêmes gestes notre regard en était changé.

    Le buto est né bruyamment il y a bientôt 50 ans, au Japon mais fruit des amours illégitimes et passionnées de forcesmedium_1er_fragment.jpg culturelles issus de divers points du globe, et de diverses disciplines. Juste retour aux origines, il est passionnant de voir aujourd'hui en France, aux cotés de Moeno Wakamatsu, de Maki Watanabe, Gyohei Zaitsu,de Yuko Ota, pour n'évoquer que la dernière génération(la 4° ou la 5°, mais on arrêté de compter), des artistes venus d'autres horizons, tels Camille Mutel, Inbal Fichman, Regina Georger, Moh Aroussi , Noura Ferroudj, Céline Angèle, Maléna Murua, Cécile Raymond...

    Ces trois dernières danseuses, de la même compagnie Transit, assuraient la seconde partie, et créaient la surprise. Un ouragan radioactif semblait avoir dévasté, durant l'entracte, la salle de spectacle, envahie désormais de divers reliefs de la société de consommation: sacs plastiques, canettes vides- ne manquait que le polonium 210. Espace habité par trois mutantes, primitives ou post industrielles, pitoyables survivantes de cataclysmes intimes ou planétaires, enlaidies, hagardes, gémissantes, habillées de rebuts en "Fragments", maquillées de projections vidéo et de sons en direct. Elles se tordaient, rampaient, déambulaient imprévisiblement, frayaient leur voie à travers les grappes d'un public privé de sièges et de tout point de repère, pour créer les nouveaux chemins de la laideur et de la beauté.

    Nous étions un peu bousculés, au propre et au figuré, pour regagner ainsi un peu de liberté d'esprit, ce qui n'avait pas de prix.

    C'était la Compagnie Transit, Bertin Poirée.

    Guy

    P.S. : et Kazuo Ohno a eu 100 ans, le 27 octobre dernier.

    P.P.S. du 25/2: On a rajouté, avec l'aimable autorisation de Transit, 2 photos (signées Estelle Fenech) de cette soirée.

  • Môh Aroussi: buto schubert ?

    S'agissant d'art, faut-il tout essayer? C'est nécessaire, vital, salutaire, courageux évidemment. 

    Pour autant, Schubert et le buto sont-ils fait pour se rencontrer? Le seul moyen d'en juger est de voir "La jeune fille et la Mort".

    Mais le dialogue a-t-il seulement lieu? Est ce art organisé d'un coté, et organisation du chaos de l'autre? Deux émotions qui s'ignorent? Pourquoi se surprend-t-on à ressentir que les moments les plus remarquables ceux qui sont "en marge", des moments incertains, tel celui où Moh Aroussi- au physique si remarquable- tombe, tombe et retombe encore, tel celui, interminable, où sa partenaire emmêle d'un peigne ses cheveux? Schubert est un peu oublié, et la musique également, à l'exception des ponctuations libres, et précieuses alors, du seul violoncelliste? 

    C'est "La Jeune Fille et La Mort" tous les mercredi jusqu'à fin décembre, par le Quatuor Bedrich, Moh Aroussi et Valentina Miraglia, à l'Espace La Comedia.

    Guy

  • Blanche Neige et le sexe explicite: toute la vérité

    On s’est engagé hier à tout dire sur SNOW WHITE d' Ann Liv Young, au Théâtre de la Bastille, et sur les raisons de l'interdiction de ce spectacle aux mineurs.

    medium_reportage_02.jpgTout dire. 

    Sans rien cacher.

    Donc disons tout.

    Avec objectivité, avec déontologie, avec méticulosité.

    Dans le fichier texte qui suit sont décrites de manière trés explicites des actions à vocation artistiques exécutées en direct par des danseuses sur la scène du Théâtre de la Bastille devant le public, et qui reproduisent à l’identique certaines pratiques sexuelles, ce qui nous oblige à déconseiller-à défaut de pouvoir en interdire l'accés- la lecture de ce texte aux mineurs de moins de dix huit ans, ainsi qu’à toutes les personnes que de telles descriptions pourraient offenser en raison de leur sensibilité, de leurs convictions, de leur histoire familiale et personnelle, de leur orientation sexuelle ou de leur religion.

    Les personnes qui, aprés avoir pris connaissance de cet avertissement, décideront de lire ce texte, sont priées de cliquer sur les liens lignes suivantes, et s'engagent d'avance à ne pas rechercher la responsabilité du rédacteur si elles estiment par la suite avoir subi un préjudice moral ou psychologique du fait de cette lecture. 

    Tous_les_details_sur_la_scene_de_sexe_de_SNOW_WHITE.2.doc 

    On espère qu’après ces descriptions on aura autant de visiteurs sur ce blog qu'il y avait hier de spectateurs au Théâtrede la Bastille. En tout cas on aura été aussi prudent que le Théâtre.

    Ceci posé, si l'on s'efforce ne pas considérer uniquement l'aspect "sexuellement explicite" du spectacle, sans en pouvoir84738235f0dc018a690337d4bc802382.jpgs'en abstraire non plus, car il est consubstanciel à la pièce, il faut bien admettre que, pour une fois, le Monden'avait pas tout à fait tort. Même si c'est sûrement pour de "mauvaises" raisons! Il nous reste la seule consolation de donner tort à Libération.

    C'est tout de même plus court et distrayant qu’une performance de Vera Mantero, mais il n’y a pas grand mérite à ça. Les thèmes que l'on peut exploiter autour de Blanche-Neige sont quand même riches et variés, on se souvent avec fascination d'un "Cas Blanche Neige" vu l'an dernier.

    Mais tout est ici considéré à travers la longue-vue souvenir de Disneyland, même reconvertie en godemiché. Ann Liv Young reproduit à l’identique, avec les apparences de l'enthousiasme et sans suggérer le moindre recul critique, les manifestations diverses de la sous-culture mondiale ambiante: chansons populaires, objets populaires, danses, récits naïfs ou familièrement pornographiques. Est ce une démonstration par l'absurde?

    Les jouets de grande consommation jonchent la scène. Le fameux sex-toy introduit plus tard en est une déclinaison adulte, en voie de banalisation. Blanche Neige hurle "Le Lion est Mort ce Soir" en boucle, à s'en ruiner les cordes vocales (notons qu'elle chante en français, ce qui est plutôt courtois pour l public), comme un credo naïf. Le vocabulaire chorégraphique semble emprunté aux clips des chaînes musicales 15-25 ans. Heureusement soutenu par une energie néo-punk primale, le sol martelé à grands coups de godillots, l'air brassé par de martiaux mouvements d'avant bras, style qui s'accorde d'ailleurs assez bien avec la physionomie plutôt robuste des interprètes. De l'exagération, de l'audace- on  fera crédit à A.L.Y. de ne pas être si audacieuse et de de ne pas s'engager si physiquement dans son projet par seul opportunisme et besoin de promotion. Mais toujours pas de distance entre le sujet et la représentation, pas d'enrichissement du sujet, peu de plus value artistique. 

    Posez-les toutes trois sur un char, vous aurez presque un spectacle chanté et dansé pour une parade de Disneyland, à quelques détails prêts. 

    Avec moins de détails à changer qu’on pourrait le penser.

    c'était Snow White d' Ann Liv Young , au theatre de la Bastille

    Guy

    P.S. : A lire, le point de vue-infiniment plus enthousiaste!-de JD

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  • Vera Mantero: 1/10 (pour les costumes)

    Dieu  est decidement tendance en novembre. Avec ce soir: "Jusqu'à ce que Dieu soit détruit par l'extrême exercice de la Beauté"

    Pourquoi pas...

    Mais après ce qu'on a vu ce soir, on peut être rassuré (ou déçu): Dieu a encore de beaux jours devant Lui. A moins que Dieu Lui-même puisse mourir d’ennui. 

    A en croire certains, Dieu aime par dessus tout les enfants et les faibles d’esprit. Dans ce cas, il peut se réjouir en observant les activités d’école maternelle auxquelles se livrent Vera Mantero  et ses invités. Cela s'appelle "le chef d'orchestre". L'un des six bienheureux- ils sont tous assis en rang d'oignon- prononce une syllabe et puis une autre après, et chacun d'ânonner la phrase à sa suite- une généralité comme tirée d'un manuel d'anglais pour touriste pressé- et de mimer avec lui. Si vous vous ennuyez, ne vous reste qu'à deviner qui a parlé le premier.

    Et sur scène, quand on se lasse, on bouge les chaises. Et après on recommence, puis on re-bouge les chaises encore. Autour d'une météorite géante, posée là sur la scène, sublime forcement.

    C'était Jusqu'à ce que Dieu soit détruit par l'extrême exercice de la Beauté" au Centre Georges Pompidou - est il vraiment besoin de le préciser?

    Avec la bénédiction du Festival d'Automne à Paris.  Demain soir à nouveau, et encore le soir d'après.

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  • Inbal Fichman: buto casher?

    "Je suis Japonaise", dit-elle...

    Pourtant Inbal Fichmanest israelienne. Même quand elle bride les yeux, en quête d'un ailleurs, d'une nouvelle identité.

    Mais israélienne en premier lieu, de tout cet héritage, pas vraiment facile à porter. En témoignent ces symboles qui marquent la peau: l'étoile de David d'abord, mais d'autres aussi qui évoquent les drames indicibles. Il faut alors solliciter toutes les ressources de la danse, du buto, du mime, du chant, du théâtre d'objet, pour traiter le sujet, ainsi mis à distance, et rendu supportable, d'une transformation à l'autre, en en gardant intacte l'émotion.

    C'est évidemment passionnant. c'est inévitablement étrange, c'est bien sur émouvant. Peut-être sommes nous tous des juives nipponnes dansant à Paris, déchirées entre notre passé, notre vecu et notre imaginaire. Essayant de nous rappeler qui nous sommes, et attirés par l'Autre et sa culture, dans les salles de spectacle en premier lieu.

    C'est à l'Espace Falguière, jusqu'à mi novembre.

    Guy

  • Moeno vers le Ciel

    Il fut un moment, très particulier, et jamais ressenti jusque là, où peut-être toute la beauté de cette pièce se concentrait soudain, quand Moeno s'était relevée, étirée, et a tendu le bras, la main, le doigt, le regard s'envolant au delà, trés loin.

    C'était "Proserpina et la mort", dernière -jusqu'à l'an prochain ?- des étapes de ce Project Ovid à Paris, c'était toujours toujours au même endroit.

    Guy