Depuis un peu trop longtemps on n'avait pas réussi à sourire devant une scène, à force de toujours y voir souffrir de la danse contemporaine. Merci à Xavier Le Roy d'entrouvrir un espace au comique, dans cette étude sur les rapports entre gestes et musique. En incarnant ce soir un chef d'orchestre, qui de son corps dirige le Sacre du Printemps. Bonne idée: les musiciens en action sont des acteurs à part entière (On se souvient de Jean Pierre Robert!). Si beaucoup de danseurs (Patkai, Ingvartsen, La Zampa, ...) s'emparent de la gestuelle des rockers, il y a aussi de la matière à développer du coté des classiqueux. Mais se faire un Sacre, c'est une prise de risque, tant la pièce de Stravinsky (1882-1971) est, chaque saison, vue, revue et réentendue. Rien que le printemps dernier Daniel Leveillé exhumait sa version, plus tard on applaudissait Ferron et Unger pour avoir détourné le thème. Et c'est loin d'être fini, ce printemps va refleurir par soudaines embellies jusqu'à l'été prochain, il faut pour commencer qu'on pense à réserver Emmanuel Gat au CND (avec JD s'il n'a pas oublié).
Leveillé nous avait un peu déçu, c'est que le Sacre est si fort musicalement qu'on parait souvent faible à juste l'accompagner: il faut s'y opposer pour s'imposer et marquer sa différence. Ou bien prendre cette musique à bras le corps. C'est le choix de Le Roy, et cet homme, dégingandé, a des bras démesurés. La musique est le sujet central, l'enjeu obsédant, dans une démarche toute contraire à celle entreprise dans Lointain où la musique se situait à coté de la danse, créait une distance. Le chef d'orchestre est seul ce soir, pour incarner la musique, avec elle ne faire qu'un, seul face à d'invisibles musiciens. Mais face à nous en vérité: c'est donc nous qu'il interpelle de la main, de la tête, du pied. Pour un étrange jeu à trois, où nous spectateurs sommes deux à la fois, vrais spectateurs et faux musiciens. Et il devient vite évident que ce chef n'en en pas un et ne cherche même pas à faire semblant. Les soit-disant gestes de direction d'orchestre s'extrapolent bientôt en danse, en un code élaboré. Le processus est inversé car c'est la musique qui produit ce mouvement.
Le comique jaillit vite d'une expressivité exagéré. Quitte à frôler parfois Fantasio version Mickey. Les enfants sont d'ailleurs ce soir inhabituellement nombreux dans la salle du Centre Pompidou. Pourtant ils semblent peu concernés, somnolent un peu. C'est peut-être typiquement la catégorie de spectacles dont les parents branchés imaginent qu'ils passionneront leurs enfants si éveillés. Délicat pour ces derniers d'apprécier ces jeux de miroirs et de connivences. On regarde Xavier Le Roy, qui s'offre toujours entier, le corps commandé par les asymétries rythmiques de Stravinsky, tout en toujours affectant de les apprivoiser de la main. On songe qu'un authentique chef d'orchestre serait tout autant mu de l'intérieur par une musique pré-existante avant d'aider l'oeuvre à accoucher au jour. On se surprend marquer du pied la mesure, anticiper les notes et les accents à venir, imaginer les mouvements qui vont suivre, spectateurs et virtuels musiciens dirigés à notre tour. Par Le Roy, medium expressif, qui réussit à nous animer, la boucle est bouclée.
C'était Le Sacre du Printemps ♥♥♥♥ dansé par Xavier Le Roy, au Centre Georges Pompidou, avec le Festival d'Automne à Paris.
l'arbitre, c'est le grand Will en personne. Dans les ceux équipes, pas de stars internationale, mais des talents déjà remarqués. A noter, au nombre des transferts, Audrey Sourdive, déjà remarquée en pilier dans la mêlée des religieuses de
bien occupé, dominé d'un bout à l'autre. L'avantage est assuré par un jeu de haut niveau dés le début de partie, sur les thèmes de la prodigalité de Timon et de l'hypocrisie de ses invités. Jerome Keen marque l'essai. Actions d'équipes brillantes à la mi temps, alors que Timon est ruiné, la scène du banquet d'eau chaude servi aux convives avides est d'une précision et d'une énergie à couper le souffle. Dans un même mouvement, l'aisance et l'efficacité. La transformation est réussie, lors d'une belle malédiction jetée à la face d'Athènes, par un Timon amer. Le choc: on est plaqué. Fin de partie un peu moins vive, plus défensive, avec Timon l'ermite.
la nature de ce cadre même. Le fait est que le numéro de Platel, créé dans des lieux cultureux, pourrait trouver sa place dans un cabaret haut de gamme, sans étonner, sans détonner. Danse ou strip-tease, danse et strip-tease à la fois, selon le regard que l’on porte sur l’objet. Les fondamentaux sont respectés, et la température peut s’élever rapidement: pour commencer Caroline Lemaire est absolument bien faite, les dessous sont chics, le déshabillé noir transparent, les talons aiguilles rouge vifs, les gestes negligement balancés au rythme d’une innocence feinte, l’orchestre souffle à nos oreilles une scie de Gainsbourg, manière assez cynique mais efficace de nous emmener complices.
question. Coup de théâtre: Caterina Sagna nous prend par surprise, pour déconstruire sans ménagement tout ce que nous avons vu, tout ce que nous avons accepté trop facilement. La chorégraphe, à l'exact inverse d'Alain Platel, refuse de rentrer dans le jeu. Elle entreprend de démonstrer par l'absurde tout ce ce que le concept peut porter en lui de révoltant. La performance de Sky van der Hoek est - ce n'est pas un hasard- de toutes celles de ce soir la plus nue, la plus crue, la plus cruelle. Pour montrer comment la danse contemporaine peut être- sans s'épuiser en mots- dérangeante, assez intelligente pour à la fois être spectacle et dénoncer. Pourquoi et comment? On ne le dévoilera pas ici, le découvrir est peut être la meilleure raison d'aller voir Nightshade....
à Marseille en janvier, ai été un brouillon de la plus longue pièce présentée en mai dernier aux
Un commentaire bavard sur le strip tease, recherchant la connivence avec le spectateur, et c'est bien là où se situe le problème. Pour concilier dans le même espace-temps art et commentaire, il faudrait être aussi doué que
on aborde l'expérience elle-même un peu collet monté, bras croisés, comme resté au vestiaire, sans avoir pu se dépouiller de toutes les idées déjà faites. Et puis on se gèle à la Villette.
Mais du tout furieux de ce soir, la part plus audacieuse, et la meilleure, tient plus aux mots- les mots écrits par
C'est sans doute la question la plus importante posée par la pièce. La seule question, même. A chaque mise en scène sa propre réponse. Ce soir la réponse est claire: on ne voit que Iago, qui tire toutes les ficelles, et Othello mené par le bout du nez. Ce qui reporte l'attention sur les motivations de Iago. Envieux ordinaire, ou être démoniaque? On se focalise sur ce personnage, mais peut être par l'effet d'un déséquilibre palpable du jeu: Iago (Alexandre Mousset, qui était tout autant remarquable dans le costume du fou de