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  • Entretiens avec Katalin Patkaï- 5° épisode

    Dans cet épisode: La terre glaise- Jeudi- Sisters- Qui décide de l'échec?-Le vide-Marguerite Duras

    Guy : Donc adieu le mécène. Autre sujet : les sources d’inspiration. Pour toi, il n’y a pas que les sex-symbols du rock, ou le cinéma, mais aussi la littérature : Marguerite Duras pour « Sisters » et « Vendredi » de Michel Tournier pour Jeudi.
    Katalin : J’avais déjà commencé le travail sur Jeudi, qui s’appelait alors encore Roméo et Juliette et j’ai lu Vendredi par hasard, ce qui a été une révélation. Je digère mal ce que m’a dit Anita Matthieu sur le côté années 80 de Jeudi. Il y a un hiatus. C’est vrai que j’utilise de la terre, c’est une matière qu’utilisaient dans les années 80 les artistes qui s’intéressaient à la nature. Pourquoi considérer que c’est trop connoté ? Cela reste actuel, c’est comme l’écologie. Cette pièce lui parait peut-être trop simple, littérale, linéaire. J’étais, moi, contente de cette simplicité. On peut lire la pièce au premier degré, c’est avant tout une pièce plastique. Mais je suis obligée de me poser des questions en réaction à ces remarques. Oui, la terre glaise évoque les œuvres des années 80, et même des œuvres plus anciennes comme celles d’Yves Klein.

     

    JEUDI de Katalin Patkaï en collaboration avec Ugo Dehaes from Katalin Patkaï on Vimeo.


    Guy : Dans « Jeudi », on devine entre Justine Bernachon et toi une forte complicité, une vraie proximité. Je trouve que la pièce concentrée sur deux interprètes marque une pause par rapport à la complexité de « MILF ». C’est bien d’enchainer deux pièces si différentes.
    Katalin : C’est là où je suis allée le plus loin en termes de mouvements. Hugo m’a dit : « on collabore, tu enlèves tous tes collants et tout ça et tu travailles sur le corps, sur le mouvement.» C’était le deal. J’ai dit oui, c’est ça que je veux faire. On se débarrasse d’accessoires et on y va. En ce moment, je prends des cours avec Peter Goss, un américain, un vieux de la vielle. Il y a trois temps dans son cours : Un temps d’échauffement, très calme, au sol, très yogi. Ensuite il y a de la barre classique, enfin un phrasé assez complexe que tu étudies et que tu fais. Et tu vois, aujourd’hui, j’ai trouvé ça super jouissif de danser, de comprendre comment un mouvement s’épanouissait. Comme exercice c’est super. Je vais continuer à aller à ses cours. Évidemment je suis la dernière de la classe. Apprendre un phrasé en un cours c’est difficile pour moi, mais je vais y arriver. Dans Jeudi, il y a eu des moments de doute, de dispute, de tensions avec Justine. .. Justine, c’est une fille appliquée, qui travaille énormément, très physiquement, alors que j’allais dans cette pièce vers des choses que je n’avais jamais faites en tant que danseuse. Elle m’a envoyé prendre des cours de danse-contact, pour que j’apprenne comment donner mon poids, recevoir le poids de l’autre. Autant de choses qui étaient importantes pour la pièce, souvent dures pour moi car elles me mettaient en face de mes « lacunes » de danseuse. L’important, c’est qu’au cours de la création on s’écoutait vraiment, pour réussir à se comprendre. Ce qui est important dans Jeudi, c’est ce rapport, cette fusion entre Justine et moi, c’est ce que j’ai dit à Anita Mathieu. Mais il y a un rapport de force dans les remarques que font les programmateurs aux artistes. Cette femme a des défauts, mais elle a beaucoup d’honnêteté, de fidélité, elle fait preuve d’éclectisme dans ses choix. Je lui ai demandé si c’était normal que je ne diffuse pas, elle m’a dit que oui dans l’état actuel des choses. Les CND et les CCN préfèrent des artistes qui rentrent plus dans des catégories bien déterminées. Mais Anita me programme, comme elle avait déjà programmé Sisters aux Rencontres Chorégraphiques. Pour Sister en 2008, cela a été complexe, avec un mélange de problèmes personnels avec la création. Tout est parti en vrille. J’y ai joué ma carrière. A la suite de ça, c’était fini pour moi.

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    Guy : Mais tu es encore là aujourd’hui!
    Katalin : Oui, mais aujourd’hui j’aurais pu être ailleurs. Ce n’est pas grave. Je suis contente d’être ici et maintenant. Il faut des échecs pour bien se replacer. Il y a eu une conjonction de choses pour Sisters, que je n’ai pas encore élucidées. Un défi au temps. C’est une période où les professionnels croient en moi, où je vois l’horloge de la femme parler et je me dis que je dois faire un spectacle qui marque avant de faire un enfant. C’est alors une double histoire d’amour, l’une qui se termine avec le scénographe avec qui je travaille jusqu’alors, l’autre qui commence avec mon nouveau compagnon, Benjamin. C’est l’occasion de jouer dans un grand théâtre, avec un budget énorme pour moi, beaucoup d’interprètes… et c’est une catastrophe. Le scénographe avec qui je travaille depuis toujours, avec qui je viens de rompre, ne vient plus et m’envoie une assistante. C’est une fausse couche, une grande fatigue car je ne sais pas que je suis enceinte. Je suis épuisée lorsque je rentre des répétitions. Ma mère vient m’aider. Un soir je lui dis que je veux une glace à la fraise…elle me regarde et me lance: tu es enceinte ! C’est une catastrophe. Je ne gère plus les filles car je suis fatiguée, elles ne travaillent pas bien. Une des interprètes fait des caprices car elle n’est pas suffisamment mise en évidence, elle ne veut rien abandonner, elle voudrait un rôle exceptionnel. C’est tellement de choses que je ne peux pas gérer. Concessions sur concessions, souffrances sur souffrances, Sisters, c’est ce magma de choses. Je suis malheureuse dans tous les sens du terme: sentimentalement, parce que j’ai perdu l’enfant, je suis malheureuse à cause de tous ces déboires, et parce qu’à l’arrivée c’est une catastrophe aux yeux des professionnels. Je ne maitrise plus rien.


    Guy : La pièce que j’ai vue alors n’était effectivement pas une pièce joyeuse. Il y avait des belles choses, mais la pièce pesait.
    Katalin : Non, il n’y avait pas beaucoup d’humour. Comme un mauvais Marguerite Duras. C’était horrible.


    Guy : Le jugement des professionnels tombe-t-il alors rapidement ? Qui juge de l’échec?
    Katalin : Moi-même, je sais déjà que ce n’est pas bien. C’est quelque chose mais ce n’est pas bien. Ce n’est pas abouti. Il s’est passé quelque chose du même ordre lors de la préparation de MILF avec une interprète, une plante magnifique qui ne donnait rien, je me suis dit qu’il s’agissait… appelons cela du silence… Peut-être n’ai-je pas respecté son silence, et j’aurais dû présenter ce silence…. Non je ne pouvais même pas faire ça, son silence n’était pas du silence, c’était un vide. Je ne peux pas présenter du vide. C’est morbide. Heureusement, elle a ressenti qu’elle ne pouvait pas nous aider. Elle s’est éjectée d’elle-même. Pour Sisters, à l’époque, c’est moi qui étais vide et je ne pouvais pas présenter ce vide. Il faut être plein dans ce métier, c’est ça qui est dur. Il faut déborder tout le temps. Il y a des moments où je suis vide. En ce moment je suis pleine ! Je ne regrette pas l’expérience de Sisters. C’était une expérience douloureuse, dont j’aurais préféré me passer. Oui, ça a cassé mon élan dans ma carrière. J’ai perdu des soutiens, les journalistes ont écrit des choses négatives… Beaucoup de gens m’en mettaient plein la gueule. Des choses comme: « tu t’es pris une porte ! Tu ne pensais pas que ça allait se passer comme ça. Pourtant on te l’avait dit qu’il fallait attendre. » Bref le message était : « c’est à nous de te dire quand c’est le moment ». Autrement dit: « c’est nous qui décidons de toi ». Des choses d’une violence extrême. Bon, ce n’est pas aussi violent que de se faire tuer à la guerre. Ce n’est pas irrémédiable. Les gens ne sont généralement pas méchants, sauf inconsciemment.


    Guy : Il me semble que la critique professionnelle - pour ce qu’il en reste – est, sur le long terme, plutôt bienveillante à ton égard ?
    Katalin : Oui. Mais les critiques ne sont que bienveillantes. Il faut le savoir. C’est vrai qu’au moins j’ai des critiques. Gérard Mayen n’aime pas mon humour. Il m’a proposé de l’appeler pour en parler. Mon humour, ça ne fait pas sérieux…. C’est ça qui m’énerve. C’est prendre les gens pour des crétins que de penser qu’on ne peut pas leur proposer les choses légèrement. Lors de mon diplôme de scénographie, j’ai présenté un travail sur Les sept étages de Dino Buzatti - une nouvelle qui se conclut sur la mort du personnage. L’examinateur - c’était le scénographe de Joseph Nadj- a dit que j’avais traité le sujet sur un mode trop léger, que la mort c’était grave, qu’on ne pouvait pas en parler comme ça. Que j’étais jeune et je ne savais pas ce que c’était, lui-même était récemment allé à l’enterrement d’un ami. Je n’ai pas eu le réflexe - et d’ailleurs c’était intime - de lui raconter que j’avais perdu mon père à 13 ans, dans un incendie, que je l’avais quasiment vu mourir sous mes yeux à l’hôpital. Je ne lui ai pas raconté, cela aurait été indécent. Je trouvais que cet homme était un crétin. Je lis Le Canard Enchaîné : ils disent des choses graves et c’est l’humour qui fait passer les choses graves. Je parle rarement au premier degré, sauf maintenant avec toi. C’est le nombril qui parle au premier degré, les gens ne sont pas toujours assez futés pour prendre de la distance. Pour en revenir à la critique, je crois être reconnue, mais je ne suis pas connue. Pourtant je veux pouvoir diffuser. La reconnaissance, ce n’est pas pour moi, c’est pour permettre d’exposer mon travail, libérer mon expression, creuser les frontières avec l’art, avec plus de liberté, d’ouverture d’esprit.


    Guy : Pour en revenir à « Sisters », tu t’étais donc inspirée de Duras.
    Katalin : Oui. Je me demande si j’aime Duras au fond. La lire, ce n’est pas une chose simple. J’avais lu et relu Le ravissement de Lol V. Stein, à la Sorbonne. Je n’y avais rien compris au début. Je n’étais pas assez mûre. Aujourd’hui j’adore cette écriture par ellipses. Tout est dit, et plus, de façon raccourcie.


    Guy : Comme chez Hitchcock, ces ellipses qui ouvrent sur l’imaginaire…
    Katalin : Oui. J’aime chez ces auteurs cette manière de créer des spirales. Ils s’y prennent toujours de la même manière. Ils tournent autour du sujet. L’ellipse n’est pas l’économie. Ces auteurs sont entêtés. C’est beau.

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    Guy : Je trouve quelque chose de cet entêtement dans la chenille humaine formée par 6 interprètes dans « Sisters », une figure que l‘on revoit un peu dans « MILF ».
    Katalin : Cela m’intéresse de passer de l’individu à une somme d’individus qui créent une unité. J’aime la déformation, la monstruosité. Les personnages de Duras sont des monstres. La vie qu’ils mènent, qui les mène, les a rendus monstrueux. Profondément humains mais profondément monstrueux. Cela m’intéresse de trouver comment traduire ça dans un corps. J’aime aussi montrer des corps majestueux qui peuvent se transformer pour créer des choses étranges.

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    Guy : Tes créatures, mi- humaines mi- animales, comme dans « MILF », relèvent-elles de cette monstruosité ?
    Katalin : Oui, cela m’est clairement venu dans Sisters, du roman « La Vie tranquille » : une jeune fille qui est monstrueuse d’égoïsme, cause la mort, volontairement ou non, de personnes autour d’elles.


    Guy : Parlait-elle d’un fantasme de culpabilité ?
    Katalin: Non, je ne crois pas. Dans le livre, ce personnage est réellement responsable de ce qui se passe. Duras montre comment par insouciance et négligence on crée du tort. Marguerite Duras n’est jamais tendre avec ses héroïnes. Les histoires sont dramatiques, mais installées dans une tension sous la tranquillité.


    Guy : D’une pièce à l’autre, tu passes de « Sisters » à « Mothers (MILF) ». De la thématique de mort à la thématique de la vie.
    Katalin : Je n’y avais pas pensé de cette manière. Mais la mort dans La Vie tranquille n’est pas centrale. Il s’agit plutôt de la manière dont l’héroïne se voit se transformer, comme ce moment où elle se voit se démultiplier en se regardant dans la glace. Il y a différentes femmes qui n’en forment qu’une, ce qui rejoint MILF.


    Guy : « Sisters » était une pièce nettement plus pessimiste, morbide, que « MILF ». Cela me fait penser aux déclarations de Marguerite Duras (« Christine Vuillemin forcement sublime »), lors de l’affaire Vuillemin, quand la mère du petit Gregory était accusée à tort du meurtre, qui pouvaient être interprétées comme une apologie de l’infanticide.
    Katalin : Elle s’est fait taper sur les doigts. Mais je comprends très bien la figure de Médée. Que l’on veuille tuer ses enfants. La pire des vengeances est de tuer la chair de sa chair. Le pire des carnages. Je comprends intellectuellement ça, mais je me tuerais plutôt que de faire du mal à mes enfants. Et je ne me ferai jamais du mal pour un homme. Quand j’étais adolescente, ma tante était amoureuse d’un homme qui l’avait quittée. On ne pouvait pas la laisser seule. Je lui avais tenu compagnie, et je m’étais dit qu’il n’était pas possible de souffrir à ce point pour un homme. Bien sûr, moi aussi j’ai souffert par amour et je peux souffrir encore, mais pas au point de m’annihiler. J’aimerais faire un spectacle sur une figure masculine. Je m’étais déjà penché sur la figure d’Alain Delon, une figure très macho, j’avais vu beaucoup de ses films- et les pires !- mais je n’aime pas le personnage. Je pourrais faire aujourd’hui quelque chose sur Ryan Gosling, un très beau gosse, très viril. Un spectacle non avec un homme mais sur un homme, une icône.


    Guy : Tu as déjà réalisé ce projet avec « Rock Identity ».
    Katalin : C’est vrai, mais il s’agissait alors de personnages de chair et de sang, pas de personnages de cinéma.

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    Guy : As-tu déclaré l’usage des textes de Duras pour « Sisters » ?
    Katalin: Bien sûr ! J’ai reversé des droits. J’ai obtenu les accords des ayants-droit. A cette époque, les droits étaient partagés entre Yann, le dernier compagnon de Marguerite Duras qui vient de mourir, et son fils unique, qui étaient plus ou moins en guerre. Il fallait que les deux soient d’accord, ce qui n’était pas toujours facile. J’ai joué la première fois sans avoir les droits, qui ne sont arrivés qu’après. Je crois que je vais reprendre du Duras, pour le spectacle que je veux faire avec mon fils Ernesto. Je vais utiliser des interviews qu’elle a faites avec des enfants. Parfois Ernesto me dit des choses... C’est dommage que je n’aie pas de dictaphone. L’autre fois il voulait lire l’histoire du pauvre petit chat. Je lui disais que ça me rendais triste puisqu’il s’agissait de l’histoire d’un pauvre petit chat blanc, comme Azzaro, le chat qui jouait dans « C’est pas pour les cochons », et qui est mort. Je suis très sensible quand il s’agit des animaux. Chez moi ça touche à la sensiblerie. … Bon, j’arrête là, car quand je raconte c’est insipide, mais quand Ernesto le dit c’est magnifique. Duras a réussi à interviewer des jeunes, c’est génial.


    Guy : Après « Sisters » il y a eu une soirée qui m’a marquée, une belle soirée au Regard du Cygne où tu avais présenté, peut-être, fédéré toutes ces femmes….

    (A suivre...)


    Propos recueillis au cours de 5 entretiens à Pantin et Paris entre le 4 juin et le 6 novembre 2014, mis en forme par Guy, relus et approuvés par Katalin en janvier 2016.

    Guy Degeorges remercie chaleureusement Numa Sadoul dont les entretiens avec les grands créateurs de bande dessinée l'ont influencé de manière générale et en particulier pour ce projet.

    Katalin Patkaï crée HS (mon royaume sur tes cendres) au Générateur de Gentilly le 8 et 9 février dans le cadre de faits d'hiver.

    http://www.katalinpatkai.com/

    Dans l'épisode 1: Masculin/féminin- Préparation- Transmettre les intentions- Jim Morrison- Le Père- Les collaborations- Des débuts- Se souvenir de X' XY'?

    Dans l'épisode 2: Terrains Fertiles- Bucarest- Un Ours- Des chevaux- Appropriate Clothing must be worn- les clubs échangistes- l'humour et le sexe- Hitchcock et De Palma- plastique et mouvement -pas de regret

  • Cecilia Bengolea et François Chaignaud : montrer.

    Peut on essayer d’oublier tout ce qu’avant on a lu à propos de Pâquerette, toutes attentes tues, curiosité remise à neuf?

     

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    Cecilia Bengolea et François Chaignaud doivent être satisfaits du buzz, et de la salle pleine à craquer. Avertis des risques aussi. Déjà présents sur la scène à notre arrivée, ils désamorcent. Familiers, chuchotent entre eux sourire aux lèvres, lancent un clin d’œil aux copines du premier rang. Parés de robes chatoyantes, elle yeux de biche, lui blond angélique, les genres sexuels convergent.
     

    Quand les deux danseurs glissent enfin dans le jeu, c’est par délicates suggestions: yeux vagues, râles étouffés, expressions de doigts de pied. Ces manifestations finissent vite par déraper, en sifflements de cocotte minute, interactions nerveuses et tremblements pâmés. Déjà on ne peut plus feindre d’ignorer ce que l’on sait: on sait qu’ils savent qu’on sait ce qui les tend. L’obscène- à la lettre- est hors de vue. La performance se concentre dans cette connivence. Avec des sensations sans sensationnalisme: le public est bon enfant, quelques rires réprimés. C’est joyeux et libérateur. Le spectacle pourrait tout autant se refermer sur cette première partie, homogène et bien maîtrisée, symptômes en pleine lumière et causes occultées.

     

    Puis les robes tombent, et les enjeux se déplacent.

    On savait: maintenant on voit. Constat immédiat : ils sont mignons, pas scandaleux. On consacre un instant à apprécier l’audace de la démarche: aucune raison que la danse s'interdise de telles explorations. L’instant suivant on admet que montrer c’est dédramatiser. Voire desérotiser. Par cette simple démonstration le projet se justifie. La suite, c’est de la danse. Sous contrainte: les deux danseurs s’efforcent de conserver inchangée leur relation avec les objets, quitte à ce que l’équilibrisme fasse passer au second plan l'expression du plaisir. C’est une danse honnête, à tous points de vues, d’une poésie fraîche. Qui n'ouvre pas sur de grandes révélations, chacun jugera selon ses attentes. Ils sont beaux et fragiles, généreux et drôles, des statues nues dans un jardin d’hiver, avec quelque chose en plus.

    Mais après Pâquerette, que peuvent ils bien faire ? Sans doute tout autre chose…

     

    C'était Pâquerette, de et avec Cecilia Bengolea et François Chaignaud, dans le cadre du festival innacoutumés à la Ménagerie de Verre.

     

    A lire: le Tadorne, et bientôt Images de danse.

    Et un point de vue moraliste, dans Le Monde.

     

    Guy

     

    photo par Alain Monot, avec l'aimable autorisation de la Ménagerie de Verre.

     

    Paquerette fleurit au Dansoir mercredi 4 fevrier, et à Ardanthé le vendredi 20 fevrier

  • Shakespeare, pleine mesure

    Parvenu dans la salle du bas, on traverse comme à chaque fois la scène pour rejoindre son fauteuil. Mais on est accueilli ce soir sur cette scène par des jeunes gens qui y dansent, jouent de la guitare et des oeillades langoureuses. 5c253727713ad0541e02345447c02e02.jpgBelle troupe qui chante à l'unisson, dont trois rousses qu'un ado dévore des yeux. Belle invitation, évocation un peu canaille, mais assez sage à tout prendre, des bas-fonds de Vienne.

    On s'y amuse, dans ces bas-fonds, mais pas pour très longtemps. Car le Duc décide de quitter Vienne et laisser les pleins pouvoirs à son régent, Angelo, que celui ci remette de l'ordre dans les moeurs et la cité. Que la loi soit y appliquée dans toute sa rigueur originelle. Première mesure prise pour l'exemple: condamner à mort le jeune Claudio au motif de fornication.

    Difficile d'attaquer de manière plus extrême, on peut après ce départ en force considérer dans quelles situations la justice doit s'oublier pour accepter la tentation du pardon. Avec une intrigue qui se complique, car, comme souvent chez Shakespeare,les masques se flouent ou tombent: le pur et dur Angelo n'est pas si pur que cela, d'une humanité même odieuse à force de passions secrètes. Tandis que le Duc, allégé du poids de l'autorité, revient incognito observer les résultats de l'expérience: c'est un air connu et repris dans maints contes. Dilemme sur Dilemme, chez chacun des personnages s'affrontent en un combat aux ressonnances érotiques la rigidité des principes et la fragilité de la condition humaine. En premier lieu chez Isabella, soeur de Claudio, mise en situation de céder aux avances d'Angelo et ainsi pécher contre ses voeux de nonne. Mais pour la bonne cause: sauver par là la tête de son frère. Chacun des protagonistes se partage, confronté à la décision. C'est dialectique et joué sur le rythme d'une réthorique jamais pesante et trés moderne, on croirait par moment voir du Montherlant.

    Avant Hamlet, le Roi Lear, Othello et consorts à la rentrée, le T.N.O. prend le risque de laisser un peu de place dans cette intégrale Shakespeare à des jeunes compagnies. Sans convaincre à tous les coups- on a vu peu avant ici un Conte d'Hiver entrepris avec un peu trop de naïveté. Mais en permettant d'excellentes surprises. C'est ce soir le cas: passé la nervosité un peu palpable des premières minutes, l'enthousiasme paye. Car il est ici justement question de générosité, d'appétit de vivre et d'aimer malgré les lois et les règles. La pièce commence en drame, mais c'est le pardon et la tolérance qui ont le dernier mot, dans une très belle conclusion, sage et appaisée. D'une thématique, c'est assez inhabituel chez Shakespeare, nettement chrétienne.

    C'était Mesure pour Mesure de William Shakespeare, mis en scène par Béla Grushka, en alternance jusqu'en février 2008 au T.N.O., dans le cadre de l'intégrale Shakespeare.

    Guy

  • Le Corps Furieux de Rabeux: affreux, sales, émouvants

    Ils sont affreux, sales, pas méchants pour autant. Nus et beaux en prologue, juste pour un instant. Puis franchement moches après, habillés S.D.F.. De fringues dépareillées, accumulées comme pour lutter contre le gel de janvier. Ou de seuls sous-vêtements hideux. 

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    Ainsi à l’évidence fragiles et vrais, leurs corps de jeunes, leurs corps de vieux. Et bien contourné, le piège de la nudité. Pour pauvres accessoires (à l'opposé du dispositif très élaboré vu dans une autre tentative de théâtre sans texte): poubelles, sac plastiques et caddies -que l'on préfère ici ce soir d'hiver plutôt qu'une nuit d'été. C'est bien: l'humanité est libérée du superbe, peut respirer un peu. Plus obligée de performer (au sens économique), pour mettre le spectateur face au plaisir de la performance (au sens anglo saxon du terme). Acteurs et public sont séparés par une barrière symbolique: un ruban plastique tel ceux utilisés pour délimiter le lieu d'un accident ou d'un crime, ou pour isoler un chantier. On est donc protégé de leur contagion, tout de même ici forcé de les regarder, alors que dans la rue l'on peut éviter de voir ceux qui comme eux maintenant dorment sur des cartons... La crise est passée, ils persistent. Et ronflent en prime. Puis la vie les agite, de gestes et de sons. Faire du théâtre sans texte, c'est ici s'amuser à tricher un peu, sur les bords, à force d'exclamations, d'onomatopées, de langues étrangères, d'improvisations, de chansons (1). Les individus sont loin d'être muets et la voix elle-même devient le message, pour ouvrir vers l'essentiel. Même, ce théâtre est toujours au bord de lui-même, rigolard et ému. Avec des acteurs qui semblent venir d'ailleurs, déformatés: une acrobate, un ancien caviste, un ancien prof d'art plastique... qui offrent fausse maladresse et vraie tendresse, inattendus et imparfaits. Les corps se montrent tout autant burlesques que furieux, passent du coq à l'âne, rient, pleurent, paradent, crânent, s'amusent, se disputent, accouchent, exagèrent, se cherchent, se trouvent, se tuent. Les personnages peuvent devenir féroces aussi, attablés pour un festin dont une femme est le plat. Soulagement : elle s’échappe en acrobaties et contorsions, mieux vaut être livrée en spectacle que littéralement dévorée. Morale: les corps ne sont jamais emphatiques: révoltés et ironiques jusque dans l'agonie... En conclusion une belle vengeance: les corps morts et parfaits des mannequins sont brocardés, maculés de peinture pour leur prêter un peu d'humanité, mais que la pluie emporte.

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    C'était Le Corps Furieux de Jean Michel Rabeux, avec Elena Antsiferova, Corinne Cicolari, Georges Edmont, Juliette Flipo, Kate France, Marc Mérigot, Laurent Nennig, Franco Senica. A la MC 93 Bobigny, jusqu'au 27 janvier.

    Guy Degeorges 

    A lire: le spectateur turbulent et neigeàtokyo

    Photos de Denis Arlot, avec l'aimable autorisation de la compagnie Jean Michel Rabeux

    (1) C'est regrettable, mais un peu dans la tendance de l'époque, que les chansons ne soient pas citées sur la feuille de salle. Quand même, on a cru identifier: Istanbul Constantinople de Dario Moreno, Comme un petit coquelicot de Mouloudji Rock' roll suicide de Davide Bowie, un blue peut être des Rolling Stone, Raindrops Keep fallin' on my head de Burt Bacharach en v.f. et a capella... Et une déchirante compilation de chanson française 70/80: ballade des gens heureux, Le chanteur, Ou sont les femmes, j'ai encore révé d'elle, la cage des oiseaux...

     

  • Tout sauf Robert

    Rediffusion dutexte du 8 janvier 2011: Robert Plankett revient au théatre de la ville jusqu'au 11 mai.


    Les accidents du deuil viennent surprendre les visages et les gestes des amis qui restent. Le disparu- Robert Plankett -ne décide pas à s’effacer tout à fait, et revient, tel un fantôme, débriefer posément son A.V.C. .  Les objets orphelins, dispersés, attendent leur vain partage entre les vivants, il y a surtout l’absence, tout cet espace vide sur le plateau, tel celui qui s’étend entre la densité inexpliquée des faits et le flou des sentiments.

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    L’improvisation est laissée grande ouverte dans le jeu des acteurs pour tenter de combler ce vide, sans peur de la liberté. C'est-à-dire avec des impasses et quelques faiblesses, aussi de vraies beautés. Surtout, cette narration volontairement éclatée est terriblement honnête avec le sujet, avec ces souvenirs en miettes et la réalité à recomposer, avec ce qui fait toute la vraie vie vite fait, loin des grands sentiments qui n’existent que dans les grands romans. Ce groupe que le deuil peine à rassembler a le besoin de parler même sans cohérence, juste pour tenter de comprendre, réinventer -c’est une belle scène- sur un corps métaphorique et émouvant une carte du tendre, se disputer, pleurer et rire un peu, résilier les abonnements pour cause de décès, finir ensemble le poulet, s’interroger sans possibilité de réponses sur Dieu et la migration des saumons. Tout les petits rien qui,littéralement, crèvent l’écran.

    C'était Robert Plankett, par le collectif La Vie Brève, m.e.s. de Jeanne Candel, au Théatre de la Cité Internationale jusqu'au 29 janvier, puis au théatre de Vanves les 4 et 5 février.

    Guy

    photo de Charlotte Corman avec l'aimable autorisation du T.C.I.

    lire aussi marsupilamina

  • Poules, cochons, lapins, biches, chattes, minous

    Ce soir à Artdanthé, le ton est franchement animalier. Il y a cette performance de volailles plutôt volatile d'Ayelen Parolin. Annoncée pourtant sérieusement, en tant que représentation sociologique du fonctionnement d'un groupe d'amis, copains comme cochons. A un point qu'on se sent vite de trop, à regarder ces quatre personnages sur canapé, trop connivents et vus de profil. Leur entre-soi est abscons, je donne vite ma langue au chat. Je suis remis énergiquement dans le jeu par Viviana Moin qui m'atterrit dessus -mais gentiment- au premier rang, au terme d'un déchainement destructeur et saisissant. Cette action est la conséquence d'un pari perdu. Et dans ce petit groupe il s'agit donc de cela (au detour de quelques confidences sexuelles désenchantées): bizutage, petits jeux de pouvoir-l'homme est un loup pour l'homme!-, humiliations consenties, vagues excitations, defis potache. Des gages qui tournent mal (ou bien question de point de vue?): car bientôt tous tout nus, plume dans le cul.

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    Dés lors on a passé un point de non retour, les personnages désormais dépourvus de toute humanité. Dit autrement: ces pouffes sont réduites à des poules à poils. qui se cambrent et caquettent menton dans le cou et croupion en arrière. Privées de parôle.La démonstration est courageuse, longue et appuyée...D'un coté on se dit que cette performance radicale mérite le respect à défaut d'adhésion. On rit nerveusement. Mais ça fiche un peu la chair de poule. Je m'interroge sur la dimension possiblement kafkaienne de cette métamorphose. Caricature, satire, justice immanente...en tout cas ça donne le cafard. Pourtant je ne crois pas qu'on nous prenne pour des pigeons, au début il avait un projet. Et c'est dommage, mieux construite la piece aurait pu être chouette. Que lui manque-t-elle? D'être, au choix, plus drôle ou plus cruelle?

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    Heureusement, deux heures auparavant, Kataline Patkai et Yves Noël Genod  ne nous avaient pas posé de lapin. Les cochons étaient de retour à Artdanthé, un anniversaire offert comme un beau cadeau d'au revoir pour cette fin de festival. Je goute ce moment qui revient, d'une délectable inconsistance, le temps évaporé en volutes. Plein de riens qui apaisent. Kataline, Yvonnick Muller  béat et leur ménagerie semblent glisser sans toucher terre en cet eden et entrainent autour eux une irresistible douceur, par nappes et revêries. La neige fond doucement tout au fond flou des paysages d'hiver et Y.N.G. plâne quelque part derrière nous au micro dans la salle, en retrait. On croirait par moment qu'il n'ose parler, muet comme une carpe, chuchote à tout prendre. Je repense à cette évidence que je formulais la veille en compagnie de deux écrivains de romans: le texte de théatre se nourrit de silences. La nouveauté de ce texte ci est éventée, mais les redites s'offrent simples et modestes. Les notes de piano de Pierre Courcelle  se perdent en cercle, le lapin, le chat et autres bestioles de la ferme se promènent quant à eux sans affolement sur la scène calme. La curiosité ne tue pas le chat. Kataline est nue, Kataline est belle. D'une dangereuse candeur. Sa voix douce, nouvellement assurée. La beauté, comme la nature, est cruelle: Kataline plume un pigeon, desosse un civet. Sucitant l'indignation de certaines, mais les chiens aboient et la caravane passe: elle le plume avec tendresse. Puis elle revient, contre son sein un petit homme qui était absent l'année d'avant, on ne peut resister au suprenant partage de cette intimité, ce bonheur osé ici.

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    C'était SMS & Loved'Ayelen Parolin et C'est pas pour les cochons, avec les mêmes que l'année d'avant. Au théatre de vanves, pour cloturer une saison d'Artdanthé.

    Guy

    photo de Jérome Delatour - images de danse.

    lire aussi ici

  • L'amour n'a pas d'âge

    Ondine, de Jean Giraudoux, est cette année une vieille dame de 75 ans. Qui n'est pourtant pas censée vieillir au de de ses 15 ans, il est bien temps de lui rendre l'âge du rôle, sa candeur et ses longs cheveux blonds en prime. C'est fait, et bien fait, avec les Enfants Terribles- et vrais ados- mis en scène par Numa Sadoul. La naïade émerge de ce bain de jouvence en grande forme, en pleine innocence. L'amour, le grand amour, est dans les jeunes cœurs donc possible, et dans ce monde forcement impossible. Le ton de la tragédie est pourtant ici évité au profit de la légèreté. Ainsi le jeu exaspère les ridicules et hypocrisies de la Cour à force de masques et de burlesque. Bien joué pour rafraîchir ce que la pièce pourrait avoir de surannée dans ce contexte médiéval. Et souligner son intemporalité et son actualité: les rapports ingrats et immatures de la société avec la nature qui la nourrit et l'abreuve.
     
    Ondine de Jean Giraudoux mis en scène par Numa Sadoul, vu au Théâtre de Ménilmontant le 1 novembre.
     
    Guy

  • Ensembles

    Seules contre le monde? Seules mais deux, ensembles. Sans besoin d'explications, la présence de ces femmes installe une évidence. Quelques gestes, une tension. Je ne parviens à comprendre cette immédiateté, je la reçois. En état d'alerte, entre elles l'espace se fait dense, chargé d'émotions duales, de déhanchements entêtés, de balancements nerveux et d'attentes. La violence sourd sans démonstrations. Le cœur bat au rythme d'une ballade cruelle. Que fuient-elles? Je crois que la tension se résout peu à peu en abandons et enlacements. Paix retrouvée, sensualité: leurs cheveux longs et libres volent au vent.

    danse,micadanses,nicole moussoux et patrick bonté

    Vice Versa de Nicole Mossoux et Patrick Bonté, vu le 19 septembre 2016 à Micadanses dans le cadre de Bien Faits.

    Guy

    P.S. et à la même soirée , reprise d'Etna de Camille Mutel vu il y a 2 ans et raconté ici

    et des variations libératrices sur Blanc de Vania Vaneau (lire ici et)

    photo de Mikha Wajnrych avec l'aimable autorisation de Micadanses

     

  • Dégenré

    Comment la percevons nous, cette danse, à nous troubler?  Cette danse serait en potentialités, toute en choix. Virile ou féminine, selon. Nue ou maquillée, les danseurs barbus ou glabres, en robes ou costumes, leurs mouvements secs ou enveloppants, doux ou brutaux, nos regards complices ou distants. S'habille-t-elle de stéréotypes et d'implicites? Quand se dévoile-t-elle vraiment? Que se permet-elle, que nous permet-elle de voir et de vouloir? Notre regard a-t-il un genre? Des préjugés, des intentions plaquées. Maria Montero joue avec mes perception, me questionne. A la fin le moine est fait, déshabillé.
     

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    Men's Day, de Maria Montero à l'Etoile du Nord , le 30 octobre 2018, dans le cadre des festivals Zoa-Zône d'occupation artistique, et Avis de turbulence.
     
    Guy
     
     
  • 4.48: Sarah Kane en vie?

    Le suicide est un acte essentiellement paradoxal. Dans 4.48 Psychose, Sarah Kane dit cela on ne peut mieux: "I have become so depressed by the fact of my mortality that I have decided to commit suicide."Elle mettra effectivement fin à ses jours en 1999 dans un hôpital. A l'âge de 28 ans. Les 4. 48.jpgraisons du geste telles qu'exprimées par le personnage dans la piece ne pourront être jamais les bonnes- plutôt ce ne seront sans doute pas les vraies. Mais pourtant tout est là, avoué à vif, ressenti: en ce qu'il dit et ce qu'il ne dit pas, 4.48 est donc un classique immédiat et posthume. Qu'il est possible de massacrer à force de distance. Ou de porter à un niveau rare de beauté et de desespérance à force de crudité. Ici, et même avec gravité, la mise en scène fait jaillir au jour tout ce qu'il y a d'insolent, de vif, de drôle, d'amoureux dans le texte. C'est un choix intéressant, au coeur même des contradictions de cet appel à l'aide ou cet adieu vindicatif au médecin, au père, à l'amant, à Dieu. L'interprétation se fait à deux voix avec de précieux moments de silence où les corps se mettent en danger. Se livrent à quelque chose entre une danse de mort et une danse de séduction, une concession aux pulsions du sexe et de la vie. On en douterait de l'issue.

    C'était 4.48 Psychose de Sarah Kane, mis en scène par Benjamin Tanguy, avec Jennifer Dapilly et Clémence Labatut, au Théatre des deux Rèves. Lundi et mardi encore.

    Guy